Renault : la Bourse sanctionne la révision des objectifs

Face à la dégradation des conditions du marché, le constructeur a décidé de lancer un plan d'action, qui pourrait concerner au moins 5.000 salariés. Sur le premier semestre néanmoins, le constructeur automobile affiche des performances meilleures qu'attendu.

Renault veut faire face à la dégradation de la situation économique. Lors de la présentation de ses résultats semestriels ce jeudi, le constructeur a également annoncé le lancement d'un sévère plan d'économies comprenant la suppression d'environ 5.000 emplois en Europe ainsi qu'une réorganisation des sites de production, notamment celui de Sandouville (Seine-Maritime). Selon la CGT du constructeur automobile français, il y aurait aussi 1.000 suppressions d'emplois à Sandouville, soit 6.000 au total.

Renault souhaite mettre en place une réduction des coûts de structure de 10%, notamment par un plan de départ volontaires essentiellement en Europe et la réorganisation des sites de production. Le groupe évoque ainsi "le passage à une équipe à l'usine de Sandouville" et des ajustements sur "le niveau de la production dans l'usine de Flins".

"C'est une mesure d'anticipation, d'équilibre entre les ressources et les résultats de l'entreprise. Il vaut mieux le faire quand vous commencez à sentir le vent tourner plutôt que quand la tempête est là, car à ce moment-là, vous être obligés de prendre des décisions beaucoup plus dramatiques", a déclaré le patron du groupe Carlos Ghosn.

Selon le PDG, le plan vise à "préparer Renault à une période qui risque d'être perturbée". "On voit arriver sur la deuxième partie de l'année et sur l'année 2009 un ralentissement plus fort sur les marchés européens", a-t-il indiqué.

Le constructeur affirme que "la dégradation de l'environnement macroéconomique" depuis le lancement de "Renault Contrat 2009" dépasse "les hypothèses les plus pessimistes" de ce plan. La marque au losange lance ce plan d'action pour compenser cinq facteurs défavorables selon elle : l'augmentation du prix du pétrole, la hausse des prix des matières premières, l'évolution défavorable des parités, la crise financière et le recul des marchés automobiles européens majeurs.

Du coup, le constructeur veut "agir rapidement afin de préserver sa compétitivité et sa profitabilité". Il a d'ores et déjà annoncé la hausse des prix de vente, l'allègement du plan produit par la simplification, le gel ou le report de projets considérés comme non prioritaires et le gel des recrutements en Europe.

"C'est une mesure d'anticipation, d'équilibre entre les ressources et les résultats de l'entreprise. Il vaut mieux le faire quand vous commencez à sentir le vent tourner plutôt que quand la tempête est là, car à ce moment-là, vous être obligés de prendre des décisions beaucoup plus dramatiques", a souligné Carlos Ghosn.

Ces annonces ont fait chuter le titre Renault en Bourse. A mi-séance, l'action perdait 4,48%, à 55,25 euros, après avoir grimpé de plus de 7% à l'ouverture. Il entraînait dans sa chute Peugeot, qui cédait 5,5%.

Pourtant, tout comme Peugeot mercredi, les résultats du premier semestre de Renault sont ressortis meilleurs qu'attendu. Le constructeur automobile a réalisé un résultat net estimé (hors contribution de Nissan pour le deuxième trimestre) de 1,467 milliard d'euros, contre 1,073 sur la même période l'an passé.

Le chiffre d'affaires progresse également de 2,3% à 20,942 milliards d'euros au premier semestre. Surtout, la marge opérationelle augmente de 19,8% à 865 millions d'euros, soit 4,1% du chiffre d'affaires (contre 3,5% au 1er semestre 2007).

Dans le détail de l'activité, le constructeur a vendu 1,325 million de véhicules, soit une progression de 4,3% par rapport au premier semestre 2007. "Le marché français s'est plutôt bien porté grâce aux succès des ventes des nouveaux modèles" indique Renault dans un communiqué. En revanche, le constructeur a vu ses ventes reculer en Europe, "impactée par la baisse significative des marchés en Espagne, Italie et Royaume-Uni".

Si les performances du premier semestre dépassent les attentes, le reste de l'année sera bien plus difficile. Pour ses perspectives, le constructeur estime que les résultats du premier semestre le placent "toujours sur la trajectoire d'une marge opérationelle de 4,5%". Le constructeur table en revanche désormais sur une croissance des ventes "supérieure à 5%, alors qu'en début d'année, il visait plus de 10%.

Pour 2009, Renault "maintient le cap sur 6% de marge opérationelle", mais revoit ses prévisions de ventes de véhicules en baisse à 3 millions d'unités, contre 3,3 millions auparavant.

En Bourse, le titre figure encore ce vendredi parmi les plus fortes baisses du CAC 40 à 53,79 euros, en repli de 3,77%.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.