Prix, intéressement, emploi : Nicolas Sarkozy sur tous les fronts

En déplacement dans l'Allier, le chef de l'Etat a indiqué son intention de se saisir du dossier de la flambée des prix pour "porter le fer là où ça fait mal". Par ailleurs, le président se déclare favorable à l'assujettissement de l'intéressement aux cotisations retraites.

Nicolas Sarkozy a promis ce matin à Saint Bonnet de Rochefort, dans l'Allier, que le gouvernement allait "porter le fer là où ça fait mal" pour tenter de remédier à la hausse des prix des denrées de base dans les grandes surfaces, qu'il a jugée "pas normale". Le chef de l'Etat a rappelé avoir demandé une enquête à la ministre de l'Economie, Christine Lagarde. "On va porter le fer là où ça fait mal, parce que il n'y a aucune raison que les Français se voient rogner une partie de leur pouvoir d'achat sur des hausses de prix qui ne correspondent ni à une réalité dans le processus de fabrication, ni à une équité compte tenu de la concurrence dans notre pays", a-t-il poursuivi.

"Je vois bien que le prix des denrées alimentaires a augmenté. Je ne comprends pas, le prix qu'on verse aux producteurs de porcs diminue et le prix du jambon explose", a illustré Nicolas Sarkozy. Et d'ajouter : "il y a quand même un lien entre le porc et le jambon, à ma connaissance, je ne suis pas un petit gars de la campagne, mais quand même c'est monté jusqu'à mon cerveau", a ajouté le président.

Hier, le Premier ministre, François Fillon, a annoncé une "vérification de l'évolution réelle" des prix des produits alimentaires couplée à une "opération coup de poing" mise en oeuvre dès aujourd'hui pour lutter contre des "abus" imputés aux industries et aux distributeurs. La Direction générale de la concurrence (DGCCRF) a fait savoir qu'elle avait commencé ce mardi matin ses investigations. "L'enquête est menée dès aujourd'hui (mardi) dans les centrales d'achat pour vérifier les tarifs (les prix auxquels les distributeurs achètent les produits, ndlr) de vingt produits alimentaires courants dans les six principales enseignes nationales", a indiqué une porte-parole de la DGCCRF. En parallèle, des vérifications des prix de vente interviendront dans les magasins.

Pour sa part, le secrétaire national UMP chargé de l'économie, Frédéric Lefebvre, préconise un double étiquetage afin de "mieux informer" les consommateurs sur leur pouvoir d'achat. "Je propose donc que, comme on l'avait fait pour les prix à l'époque avec le double étiquetage, franc et euro, soit prévu un double étiquetage, prix et évolution du prix en pourcentage depuis un an", poursuit ce proche de Nicolas Sarkozy.

"L'information serait mise à jour à chaque changement de prix. Ainsi le consommateur, bien informé, pourra faire jouer la concurrence soit en changeant de produit, soit en changeant de marque ce qui fera entendre raison à ceux qui profitent de la situation", affirme Frédéric Lefebvre, annonçant un amendement en ce sens au projet de loi sur la modernisation de l'économie.

Dépassant la question de la flambée des prix, Nicolas Sarkozy a aussi voulu traiter plus globalement du pouvoir d'achat. D'une part, le chef de l'Etat s'est déclaré prêt à aller plus loin dans le système de défiscalisation des heures supplémentaires entré en vigueur en octobre dernier, afin d'améliorer le pouvoir d'achat des Français. "Entre les heures supplémentaires et l'intéressement, on va pouvoir répondre à la question du pouvoir d'achat", a-t-il assuré, évoquant le projet de loi sur l'intéressement qu'il a demandé au ministre du Travail.

Selon l'ACCOS, 37% des entreprises ont eu recours au dispositif sur les heures supplémentaires mis en place fin 2007. D'autre part, Nicolas Sarkozy a annoncé le gouvernement étudiait la possibilité d'intégrer les primes d'intéressement dans le calcul des retraites. "On est en train de travailler sur un système où je voudrais que les primes d'intéressement soient assujetties aux cotisations vieillesse mais que ce qu'on retire comme intéressement puisse rentrer dans l'assiette du calcul de la retraite".

Les chiffres publiés dans le dernier rapport du conseil supérieur de la participation indiquaient que 5,3 milliards d'euros étaient versés au titre de l'intéressement. "Entre les heures supplémentaires et l'intéressement, on va pouvoir répondre à la question du pouvoir d'achat", estime le président qui souhaite en outre que le futur projet de loi sur l'intéressement permette d'assurer une répartition équitable des bénéfices des entreprises entre les salariés, les actionnaires et les investissements, selon une règle "des trois tiers" qui fait bondir le Medef.

Enfin, pour stimuler la création d'entreprise, notamment dans un contexte de resserrement du crédit, Nicolas Sarkozy a évoqué lors de son déplacement en Bourbonnais "un système de caution publique" pour aider les entrepreneurs ayant un "projet". "L'Etat pourrait mettre sa caution à certaines conditions pour aider celui qui a un projet d'entreprise", a-t-il expliqué.

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