Paris et Madrid relancent le projet de ligne à très haute tension transpyrénéenne

Une solution doit être finalisée pour la ligne à très haute tension d'ici le 30 juin. Sur la croissance, la lutte contre le terrorisme ou l'immigration illégale, ou sur le dossier Eiffage-Sacyr Vallehermoso, le sommet franco-espagnol a joué la partition du consensus.

Le vingtième sommet franco-espagnol, qui s'est tenu ce jeudi à Paris, a été l'occasion d'afficher une large communauté de vues entre Paris et Madrid. "Nous avons des préoccupations communes sur la question de la croissance en Europe et il y aura une initiative espagnole soutenue par la France pour que nous puissions débattre des meilleurs moyens de conforter la croissance", a annoncé Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse avec le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, à l'issue du sommet.

La France et l'Espagne ont aussi relancé leur projet commun de ligne à très haute tension transpyrénéenne (THT), en souffrance depuis une quinzaine d'années, en s'engageant à trouver d'ici au 30 juin "la meilleure solution" possible dans le respect de l'environnement. "Nous voulons permettre à l'Espagne l'approvisionnement énergétique dont elle a besoin. Nous amorçons ensemble ce que pourrait être une politique européenne de l'énergie", a déclaré Nicolas Sarkozy. "Il faut que cela aboutisse".

"Nous sommes arrivés à un moment décisif pour ce projet qui va multiplier par deux l'interconnexion électrique de l'Espagne et cela va nous permettre de l'accroître encore davantage à l'avenir", s'est réjoui José Luis Zapatero. "Le tracé définitif, ses caractéristiques, de même que l'exécution du point de vue des délais et du financement, tout sera communiqué avant le 30 juin", a-t-il assuré.

Dans une déclaration conjointe, le président français et le président du gouvernement espagnol promettent "une solution nouvelle, respectueuse de l'environnement". Ils valident dans cette perspective l'enfouissement partiel de la ligne, un procédé très onéreux. Selon un compromis présenté par l'ancien commissaire européen Mario Monti, médiateur dans ce dossier, une dizaine de kilomètres de ligne seraient enterrés à l'approche de la frontière, majoritairement côté français.

Une entreprise conjointe entre Réseau de transport d'électricité (RTE) et Red Electrica Espanola (REE) a été créée, avec l'appui d'un groupe de travail intergouvernemental. La joint-venture financera "l'ensemble des coûts liés à la création et à la réalisation de la ligne", précise la déclaration commune. La ligne THT, d'une puissance de 1.200 mégawatts, pourrait être opérationnelle en 2011. Le tracé de la ligne devrait suivre celui de la ligne à grande vitesse (LGV), en chantier, qui devrait être ouverte en 2012.

Dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, où la coopération entre les deux pays fonctionne très bien, Nicolas Sarkozy et José Luis Zapatero sont convenus de mettre en oeuvre "tous les moyens nécessaires" pour combattre l'organisation séparatiste basque ETA. Des équipes permanentes franco-espagnoles seront mises en place pour "la détection, l'identification et la localisation d'individus susceptibles d'appuyer ou d'effectuer des actions terroristes".

Paris et Madrid s'accordent également sur la nécessité de renforcer la lutte contre l'immigration illégale, notamment par l'organisation de "retours groupés" par avion des clandestins. "Il faut construire une grande politique européenne d'immigration (...) Cette politique portera le sceau de la France et de l'Espagne", a dit José Luis Zapatero. "Nous sommes convenus de donner un nouvel élan en matière de rapatriement commun, nous avons déjà une expérience en la matière", a-t-il ajouté.

Enfin, sur le dossier Eiffage-Sacyr Vallehermoso, Nicolas Sarkozy a évoqué une "solution amicale". Il a précisé, lors de la conférence de presse: "ce sont des affaires privées. La seule chose que nous puissions souhaiter, c'est qu'une solution amicale soit trouvée le plus rapidement possible. Si nous pouvons l'aider, tant mieux."

Sacyr Vallehermoso s'était dit prêt, le 14 novembre, à étudier d'éventuelles offres de rachat pour sa participation de près de 33,3% dans Eiffage, ouvrant une issue à la bataille qui l'oppose au groupe français de BTP. Entré début 2006 dans le capital d'Eiffage, peu de temps après que celui-ci eut remporté la privatisation d'APRR, deuxième opérateur autoroutier français, le groupe espagnol a tenté d'en influencer la stratégie puis de prendre son contrôle mais s'est vu éconduit.

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