Offre amicale sur TeliaSonera : France Télécom se donne quinze jours pour négocier

L'opérateur français annonce avoir engagé une démarche amicale pour racheter le suédo-finlandais TeliaSonera pour environ 30 milliards d'euros. Ce rapprochement permettrait de former le quatrième groupe mondial de télécommunications. Mais TeliaSonera indique déjà ne pas soutenir cette offre.

Après avoir confirmé son intérêt en avril dernier, France Télécom a finalement lancé ce jeudi son projet d'offre amicale pour le rachat du groupe de télécoms suédo-finlandais TeliaSonera. Le projet d'offre est constitué d'un "mix" de 52% en numéraire payable en euros pour un équivalent de 63 couronnes suédoises par action TeliaSonera, et de 48% en actions France Télécom sur la base d'un ratio d'échange de 3 actions nouvelles France Télécom pour 11 actions existantes TeliaSonera. L'offre est estimée à environ 30 milliards d'euros.

La réponse de l'opérateur suédo-finlandais ne s'est pas faite attendre. Le président du groupe, Tom von Weymarn, a ainsi indiqué que l'offre de France Télécom représentait "nettement" moins que la valeur réelle de son entreprise et que le conseil d'administration ne la soutiendra donc pas. "La position de TeliaSonera n'est pas un scoop. C'est une position normale à ce stade de la discussion", se défend Didier Lombard, patron de l'opérateur français, lors d'une conférence téléphonique organisée ce matin.

S'il reste ferme sur la parité d'échange "non modifiable", il n'exclut pas de faire évoluer d'autres paramètres. "Nous avons, explique-t-il, quinze jours de discussion devant nous".

Réaction également du ministre suédois des Marchés financiers, Matts Odell qui a déclaré à des journalistes se ranger du côté de l'opérateur suédo-finlandais. La Suède, actionnaire de l'opérateur nordique à hauteur de 37,3%, a promis de vendre sa participation dans le cadre d'un programme de privatisation. "Nous accueillons toutes les parties intéressées mais dans le cas actuel nous partageons l'opinion du conseil d'administration de TeliaSonera lorsqu'il dit que l'offre ne reflète pas pleinement la valeur réelle et le potentiel du groupe", a-t-il expliqué.

Pour France Télécom, l'opération envisagée serait relutive en termes de bénéfice par action dès 2009 et deviendrait relutive en 2011 en termes de free cash-flow par action, souligne France Télécom dans un communiqué, qui ajoute que l'offre représente une prime de 39% environ par rapport au dernier cours de TeliaSonera du 15 avril 2008, le jour précédent la première annonce d'une éventuelle offre de cette nature.

L'opérateur français précise que le projet d'offre sur TeliaSonera "n'est envisagé que sur une base amicale". L'objectif est de former le numéro trois mondial dans le haut-débit fixe et le numéro quatre mondial dans le mobile. Au final, le rapprochement entre les deux groupes permettrait de former le quatrième groupe mondial de télécommunications avec 237 millions de clients au total, dont 168 millions dans le mobile et 69 millions dans le fixe.

Hors synergies, le nouvel ensemble pourrait connaitre une croissance de son excédent brut d'exploitation (Ebitda) deux fois supérieure à celle de France Télécom. Le groupe table également sur 5% de croissance environ du cash flow contre moins de 2% actuellement pour l'opérateur.

Par ailleurs, Didier Lombard a rappellé que TeliaSonera est "très présent sur les pays émergents, d'Eurasie notamment, qui connaissent une forte croissance avant même que l'internet ait pu s'y développer". Il a également insisté sur la complémentarité géographique des deux groupes avec un TeliaSonera solidement implanté dans le nord (Norvège, Suède, Danemark, Finlande) et l'est de l'Europe (Russie, pays baltes).

Les synergies pourraient également produire d'ici 2013 des économies d'un montant de près de 1% du chiffre d'affaires pro forma 2007 du nouveau groupe et 70% environ des économies liées à la fusion seraient réalisées d'ici 2011. Et selon France Télécom toujours, ces synergies, notamment en Espagne où les deux groupes sont présents, justifient le prix proposé.

France Télécom garantit la solidité financière du nouveau groupe, promettant que sa dette ne serait pas accrue, avec un ratio dette nette sur marge opérationnelle de 2,5, qui devrait descendre en dessous de 2 d'ici trois ans.

Mais les syndicats de france Télécom ont une autre lecture de l'opération. Plus tard dans la journée, trois syndicats ont manifesté leurs inquiétudes dans des communiqués distincts, dénonçant "une course au gigantisme", qui conduira à "un surendettement" ou des "surenchères". Quand FO Communication demande la tenue immédiate d'un comité de groupe européen, Sud-PTT dénonce les spéculations boursières et les éventuzelles surenchères qui s'annoncent. Ce syndicat rappelle qu'un plan de suppression de 22.000 emplois en 3 ans (2005-2008) est toujours en cours à France Télécom, et que les salariés de TeliaSonera "doivent affronter un plan de 2900 emplois en moins d'ici 2009". Pour la CGT enfin, il s'agit de dénoncer une "course au gigantisme" néfaste pour l'emploi des deux groupes.

Pour l'heure, en Bourse, les détails de l'opération ne rassurent pas les investisseurs français. Le titre France Télécom, coté à Paris, a plongé de 5,09% à 18,25 euros. "Nous continuons de penser que l'offre n'est pas particulièrement favorable aux actionnaires de France Télécom", estime un analyste pour qui l'intérêt stratégique de l'opération est limité, le risque d'exécution réel en terme de synergies et le prix élevé, d'autant que France Télécom pourrait devoir le relever. Dans le même temps, la valeur TeliaSonera, cotée à Stockholm, a quant à elle grimpé de 6,51% à 57,25 couronnes suédoises.

En cas succès de l'opération, France Télécom envisage de coter également ses actions sur les bourses de Stockholm et d'Helsinki.

L'opérateur français nomme officiellement Xavier Couture à la tête des contenus

Un communiqué du groupe envoyé lui aussi ce jeudi officialise l'arrivée de Xavier Couture depuis le 2 juin comme Directeur de la division Contenus d'Orange, laquelle division existe depuis 2004. Il sera chargé de définir et construire les offres et services de contenus, que ce soit sur le mobile, le web ou la télévision. Il devra rendre compte à Raoul Roverato, le Directeur exécutif en charge des nouvelles activités de croissance. Xavier Couture, ex-Canal Plus et ex-TF1, succède à Patricia Langrand qui quitte le groupe. C'est elle qui a précédemment conduit le lancement et le déploiement des offres de télévision par ADSL, mais aussi la mise en place de partenariats et de développement de services dans les domaines de la télévision, du cinéma, du sport, de la musique et des jeux vidéo.

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