La crise du logement se porte bien, selon la Fondation Abbé Pierre

La France compte plus de trois millions de personnes à la rue ou très mal logées, auxquelles s'ajoutent six millions de personnes "en situation de réelle fragilité de logement", selon le rapport annuel de l'association, qui fustige la baisse de la dépense publique.

Tout va bien sur le front de la crise du logement en France, comme l'indique le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre qui fait autorité en matière de chiffres sur le mal logement. "En 2008, la France compte toujours plus de trois millions de personnes non ou mal-logées, auxquelles s'ajoutent près de six millions de personnes en situation de réelle fragilité de logement à court et moyen terme. Alarmants, ces chiffres mettent en évidence l'ampleur de la crise du logement et les difficultés qu'elle génère pour des ménages toujours plus nombreux", constate l'association. Faiblesse de l'offre du parc social, prix toujours plus élevés dans le parc privé et faiblesse et fragilité des revenus d'un nombre grandissant de ménages en sont les principales causes.

La loi sur le droit au logement opposable (Dalo) est entrée en vigueur au 1er janvier. Pour la Fondation Abbé Pierre, cette loi "constitue une avancée juridique majeure pour toutes les personnes en fragilité par rapport au logement". Pour autant, la mise en oeuvre de ce nouvel outil juridique, qui permettra à certaines personnes de porter leur demande de logement en souffrance devant les tribunaux à partir du mois de décembre, "intervient alors que les conditions ne sont pas remplies pour le rendre effectif", souligne le rapport. Pour l'association, "une politique ambitieuse de production de logements qui corresponde à la demande sociale" est aujourd'hui nécessaire.

Car, constate la Fondation Abbé Pierre, malgré l'ampleur de la crise du logement, "les responsables politiques n'ont toujours pas fait du logement une priorité de l'action gouvernementale". En effet, l'ambition affichée par les pouvoirs publics de construire 500.000 logements par an ne s'accompagne pas des moyens adéquats. Les dépenses publiques "en faveur du logement sont en baisse", représentant "1,78% du PIB en 2007 soit le niveau le plus bas depuis 30 ans, sachant que cette baisse est essentiellement imputable à la diminution de la contribution de l'Etat".

Non seulement les dépenses publiques en matière de logement reculent mais elles sont "mal orientées". En effet, "en 2007 comme en 2006 moins de 24% des logements construits au cours de l'année" correspondent aux ressources des foyers les moins aisés, soit "70 % des ménages". En outre, souligne l'association, "il est vain d'attendre que l'accession (à la propriété) puisse jouer un rôle de dynamisation des parcours résidentiels", qui aurait pour effet de libérer un certain nombre de logements sociaux, "car la marche à franchir (...) est désormais bien trop haute pour la grande majorité des locataires du parc HLM".

La Fondation Abbé Pierre développe quatre axes de propositions dans son rapport: la production de logements à loyers accessibles; l'intégration de la dimension territoriale de l'habitat; "permettre au secteur de l'hébergement de jouer pleinement son rôle" et "tarir les sources d'exclusion du logement en favorisant la prévention, l'accès et le maintien". L'association a vivement critiqué le énième plan gouvernemental destiné aux personnes à la rue ou mal logées annoncé mardi par François Fillon, soulignant son manque d'ambition et de moyens.

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