Fraude au Liechtenstein : treize nouveaux noms publiés par la presse italienne

Ces grands capitaines d'industrie sont cités alors que les autorités italiennes ont ouvert une enquête pour fraude fiscale ou recyclage d'argent sale concernant 157 comptes ouverts dans des banques de la principauté alpine.

La liste des présumés fraudeurs se rallonge. Le quotidien italien La Repubblica a publié, ce mercredi 19 mars, treize nouveaux noms d'Italiens, principalement des entrepreneurs, mais aussi des politiques, figurant sur la liste de contribuables soupçonnés d'être impliqués dans l'affaire d'évasion fiscale via le Liechtenstein.

Outre le nom de Mario D'Urso, sénateur centriste de 1996 à 2001, la grande majorité des autres personnes citées par La Repubblica sont des entrepreneurs ou des familles riches détenant des grands groupes industriels italiens. Le journal affirme que sont détenteurs de comptes suspects la famille Aleotti, propriétaire de la plus grande entreprise pharmaceutique italienne, Menarini, la famille Zanussi, détentrice de la société leader dans l'électro-ménager ou encore la famille Amenduni, propriétaire des aciéries Valbruna.

Pasquale De Vita, président de l'Union pétrolière qui regroupe les principaux groupes du secteur raffinerie et distribution du pétrole, figure également sur cette liste, tout comme celui de Raffaele Santoro, ancien président de la compagnie pétrolière Agip et déjà mis en cause dans l'enquête "mani pulite (Mains propres)", cet énorme scandale de corruption politique qui défraya la chronique transalpine au début des années 1990. Le quotidien cite aussi les noms de plusieurs autres propriétaires d'entreprises aux activités diverses, ainsi que celui d'une chanteuse, Maria Ilva Biolcati.

Déjà hier mardi, la presse italienne avait publié les premiers noms d'Italiens figurant sur la liste de contribuables soupçonnés d'être impliqués dans cette affaire dont celui d'un député européen. Selon le Corriere della Sera, Vito Bonsignore, député européen, ancien démocrate-chrétien, membre du parti de droite de Silvio Berlusconi, aurait déposé quelque 5,5 millions d'euros sur un compte au Liechtenstein. Par ailleurs Luigi Grillo, député italien, également membre du parti de l'ex-président du Conseil, serait titulaire d'un compte de "plusieurs centaines de millions d'euros", affirme également le quotidien. L'élu a nié ces allégations, affirmant "n'avoir jamais mis les pieds au Liechtenstein et ne pas y avoir de compte".

Les autorités italiennes ont ouvert une enquête concernant 157 comptes pour fraude fiscale, mais aussi dans certains cas pour recyclage d'argent sale.

Ces nouvelles révélations ont fait réagir le gouvernement Suisse. Le ministre helvétique des Finances, Hans-Rudolf Merz, a critiqué devant le parlement la manière dont l'Allemagne a obtenu des documents révélant la fraude fiscale d'un millier de ses citoyens, rejetant les "commentaires mensongers" tenus à l'égard de la Confédération.

"La procédure appliquée par les autorités allemandes est inhabituelle entre Etats voisins, entretenant des relations amicales", a estimé M. Merz lors d'un débat urgent devant le Conseil national (parlement) helvétique. La question de la conformité aux principes de l'Etat de droit de l'enquête allemande ne peut cependant "être évaluée qu'en vertu du droit allemand", a-t-il ajouté. M. Merz a indiqué que "selon l'état actuel (des) informations, la Suisse (n'était) pas concernée par ces enquêtes et aucune demande d'assistance" n'a été formulée.

Le ministre a cependant vivement critiqué la mise en cause de la Suisse dans ce scandale. "Le mode de communication choisi par certaines autorités étrangères pour évoquer le rôle de la Suisse dans le domaine de la fiscalité est inacceptable", a-t-il affirmé, ajoutant qu'"une forte pression médiatique a été exercée à l'encontre de notre pays sans qu'aucun contact direct n'ait été préalablement pris". "On a ensuite assisté à une pluie de commentaires mensongers", a-t-il poursuivi. "A plusieurs reprises, des responsables politiques ont qualifié la Suisse de paradis fiscal, voire de marais fiscal, un marais qu'il s'agit d'assécher", a souligné M. Merz qualifiant ces propos de "malvenus".

Une vaste enquête a été lancée courant février sur un millier de contribuables allemands soupçonnés d'avoir contourné le fisc allemand en réalisant des placements illégaux au Liechtenstein. Les données obtenues par les autorités allemandes proviennent de documents volés par un ancien salarié de la banque liechtensteinoise LGT, Heinrich Kieber, et rachetés pour plus de 4 millions d'euros par les services secrets allemands.

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