Motorola aura finalement préféré désamorcer la crise via un règlement à l'amiable. L'équipementier télécoms américain a annoncé ce lundi 7 avril avoir conclu un accord avec l'homme d'affaires Carl Icahn. Le premier accepte d'accueillir deux administrateurs choisis par l'investisseur activiste; en échange, celui-ci s'engage à retirer ses plaintes en justice et à soutenir la stratégie du groupe lors de la prochaine assemblée générale.

Un effort relatif puisqu'il a obtenu de pouvoir donner son avis aussi bien sur la scission annoncée par Motorola de sa branche téléphones mobiles, que sur la recherche d'un nouveau patron pour cette activité. Cet épilogue s'avère plutôt sage, alors que Motorola est dans une passe difficile depuis.

Cela faisait des mois que le groupe américain et l'homme d'affaires étaient en conflit ouvert, Carl Icahn exerçant une pression de tous les instants pour pouvoir prendre part aux décisions stratégiques du groupe. Il prônait notamment depuis longtemps une séparation des activités mobiles. Il aura donc obtenu gain de cause sur tous les plans puisque non seulement il disposera de deux administrateurs, mais encore il pourra peser dans les décisions du groupe.

Surtout, Motorola, acculé par une perte de 49 millions de dollars en 2007 (contre un bénéfice de 3,6 milliards en 2006), s'est finalement résolu fin mars à envisager une éventuelle scission de ses activités en 2009 à l'issue d'une analyse financière et fiscale. De fait, c'est la division mobiles qui plombe le groupe : elle a dégagé à elle seule une perte de 1,2 milliard de dollars l'année dernière.

Motorola, pionnier de la téléphonie mobile au début des années 80, s'est laissé débordé ces dernières années par la concurrence. Relégué l'année dernière au troisième rang mondial derrière Nokia et Samsung, il pourrait à nouveau être rétrogradé à la quatrième place derrière Sony Ericsson dès cette année, selon certains analystes.

Il a dû sacrifier 7.500 emplois l'année dernière et a annoncé il y a quelques jours devoir supprimer 2.600 postes supplémentaires. Le boom des "smartphones" (téléphones intelligents) et l'arrivée tonitruante de l'iPhone n'arrangent rien.

Il y a donc fort à parier que les administrateur du camp Icahn pousseront à une vente pure et simple de la division téléphones portables. L'homme d'affaires estime que cette opération permettrait d'augmenter la valeur boursière de Motorola de 20 milliards de dollars.