Le photographe Shoji Ueda à l'honneur à Paris

La Maison Européenne de la Photographie et la Galerie Camera Obscura à Paris consacrent chacune une exposition à Shoji Ueda. L'occasion de découvrir une oeuvre épurée et poétique, aux accents surréalistes.

Considéré comme l'un des plus grands photographes du XXe siècle par ses compatriotes, Shoji Ueda reste néanmoins peu connu en France. Plus pour très longtemps heureusement. Car la Maison Européenne de la Photographie (MEP) et la galerie Camera Obscura, situées toutes deux à Paris, ont eu la bonne idée de lui consacrer une exposition chacune. Une révélation. Car ces deux manifestations dévoilent une oeuvre en noir et blanc d'une beauté à couper le souffle, poétique et épurée, qui n'est pas sans rappeler certains tableaux surréalistes.

Né en 1913, décédé en 2000, Ueda a profité du jour de ses 20 ans pour ouvrir un studio de portraits dans sa région natale de Tattori, après de brèves études de photographie. Passionné par le médium, il se découvre très tôt un goût pour l'expérimentation. Ses premières photos sont pictorialistes. En témoigne ce portrait au grain épais d'un enfant en kimono saisi en gros plan.

Mais Ueda s'essaye aussi à la solarisation, sature ses noirs comme dans cette photo extrêmement graphique figurant une station de train, et n'hésite pas à allonger les silhouettes de ses tirages. Il ose aussi de superbe contre-plongée du haut d'un immeuble, comme le faisait Alexandre Rodtchenko quelques années avant lui. Ses compositions, à première vue d'une simplicité désarmante, se révèlent d'une émotion à fleur de peau. Telle celle figurant deux petits poissons mouchetés abandonnés dans un bac, en bord de mer. Certains paysages ne sont pas sans rappeler ceux des surréalistes Magritte ou Tanguy. A l'image de celui réalisé sur une plage piquée d'une vielle chaise cassée, d'une armature de parapluie et au-dessus desquels volent des chapeaux.

Et que dire de la série réalisée entre 1945 et 1951 dans les dunes de sable de sa région d'origine? Ueda y fait poser plusieurs membres de sa famille, demandant à chacun d'exécuter un geste en particulier ou de jouer avec un chapeau. D'où un ensemble d'oeuvres presque calligraphiques. "Les dunes, c'est mon studio", n'a-t-il cessé de répéter tout au long de sa vie.


Shoji Ueda, une ligne subtile. Maison Européenne de la Photographie, 5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris. Tél: 01 44 78 75 00. Ouvert du mercredi au dimanche de 11h à 19h45. Jusqu'au 30 mars. Shoji Ueda à Galerie Camera Obscura, 268 Bd raspail, 75014 Paris. Tél: 01 45 45 67 08. Ouvert du mardi au samedi de 14h à 19h. Jusqu'au 22 mars. Catalogue: Shoji Ueda, une ligne subtile, texte de Gabriel Bauret, Infolio édition, 63 pages, 20 euros

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