Une semaine marquée par la flambée des cours du pétrole et celle de l'inflation

A la une de l'actualité cette semaine, le baril de brut de pétrole au dessus des 116 dollars. Les mauvais résultats trimestriels de plusieurs banques américaines, le retrait de Daniel Bouton de la direction opérationnelle de la Société Générale, le projet de mariage de Delta et Northwest, alliés d'Air France-KLM, l'inflation record en France et la fin du feuilleton Sacyr-Eiffage ont aussi animé les débats.

Sur fonds de crainte autour des approvisionnements américains et de hausse de l'euro, le cours du baril de pétrole brut a gagné près d'un dollar par jour cette semaine à New York.

LE BARIL DE BRUT A DEPASSE LA BARRE DES 116 DOLLARS

Plus de 112 dollars lundi, de 113 dollars mardi, de 114 dollars mercredi, de 115 dollars jeudi et de 116 vendredi ! Le baril de brut a de nouveau flambé cette semaine à New York. A Londres, le brent de la mer du Nord a aussi atteint des sommets.

Plusieurs facteurs ont contribué à ce renchérissement de l'or noir. Aux Etats-Unis, le groupe Shell a été contraint de fermer un oléoduc pour des raisons techniques. A cause du mauvais temps, la société pétrolière publique mexicaine PeMex a dû suspendre l'activité de quatre terminaux qui alimentent les Etats-Unis. Ces incidents ont engendré des craintes quant aux approvisionnements américains. Cette inquiétude s'est accrue mercredi quand le département américain de l'Energie a annoncé que les stocks de produits pétroliers avait diminué cette semaine. La hausse du cours de l'euro, qui a atteint 1,5984 dollar jeudi, les déclarations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) sur la baisse à venir de la production pétrolière russe et de nouveaux incendies sur des installations au Nigeria ont aussi tiré le prix du pétrole vers le haut.

L'envolée des cours du pétrole a des répercussions sur les prix des carburants. D'après l'Union française de l'industrie pétrolière (Ufip), qui a publié son tableau de bord mercredi, les litres de gazole et de super sans plomb 94 ont aussi atteint des records, à respectivement 1,2871 euros et 1,3804 euros.

LA CRISE DES SUBPRIMES A ENCORE PENALISE DE NOMBREUSES BANQUES AMERICAINES AU 1ER TRIMESTRE

Citigroup a dévoilé vendredi une perte massive pour le 1er trimestre 2008, de 5,11 milliards de dollars (contre un excédent de 5 milliards de dollars un an plus tôt). A cause de son exposition aux crédits immobiliers à risque, la première banque américaine a dû passer dans ses comptes trimestriels 15 milliards de dollars de provisions.

Même débâcle pour Merrill Lynch. La banque, qui a publié ces comptes jeudi, a subit au 1er trimestre 2008 une perte nette de 1,96 milliard de dollars (contre un bénéfice de 2,16 milliards de dollars un an plus tôt). Pour les trois premiers mois de l'année, Merrill Lynch a dû passer dans ses comptes près de 9 milliards de dollars de dépréciations d'actifs.

Wachovia a aussi affiché des comptes trimestriels déficitaires, à hauteur de 350 millions de dollars (contre un bénéfice de 2,3 milliards de dollars au premier trimestre 2007). La 5e banque des Etats-Unis, qui a présenté ses résultats lundi, a dû provisionner ce trimestre 2,8 milliards pour à cause de créances douteuses. Afin de se renflouer, Wachovia s'apprête à lancer une augmentation de capital de 7 milliards de dollars.

De son côté, JP Morgan n'a pas vu ses comptes passer dans le rouge. Cependant, son bénéfice net a été divisé par deux ce trimestre (par rapport à 2007), à 2,37 milliards d'euros. JP Morgan, qui a publié ces comptes mercredi, a enregistré 5,1 milliards de dollars de dépréciations d'actifs liées à son exposition aux subprimes. Quand à Bear Stearns, en passe d'être absorbée par JP Morgan, c'est par 5 que son bénéfice trimestriel (dévoilé mardi) a été divisé. Il est de 115 millions de dollars.

Pour Wells Fargo, qui a présenté ses résultats vendredi, les dommages ont été moins importants. La banque a tout de même affiché un bénéfice trimestriel en baisse de 11%, à 2 milliards de dollars.

DANIEL BOUTON QUITTE LA DIRECTION OPERATIONNELLE DE LA SOCIETE GENERALE

"Sur proposition de Daniel Bouton", le conseil d'administration de la Société Générale a décidé, jeudi après midi, lors d'une réunion exceptionnelle, de modifier l'organisation de la direction de la banque. A compter du 12 mai prochain, les fonctions de président du conseil et de directeur général seront dissociées. Daniel Bouton, PDG du groupe depuis 1997, restera président du conseil tandis que la direction opérationnelle sera confiée à Frédéric Oudéa. A 44 ans, l'ex-directeur financier de la banque, à peine nommé directeur général adjoint (le 17 mars dernier), effectue une ascension fulgurante. Ce remaniement intervient alors que la Société Générale se remet lentement de l' "affaire Kerviel". Depuis la découverte des agissements présumés frauduleux du jeune trader et de la perte de 4,9 milliards d'euros qui s'en est suivie, Daniel Bouton était sur la sellette. Nicolas Sarkozy notamment a appelé à sa démission mais le conseil d'administration lui a renouvelé sa confiance à deux reprises.

DELTA ET NORTHWEST VEULENT FUSIONNER POUR CREER LA PREMIERE COMPAGNIE DU MONDE

La 3e et la 5e compagnies aériennes américaines, Delta Air Lines et Northwest Airlines, ont annoncé mardi leur mariage. Les conseils d'administration des deux groupes ont approuvé ce rapprochement lundi soir. L'opération, valorisée à 3,5 milliards de dollars, se traduira par un échange de titres : 1,25 action Deltat contre 1 action Northwest (soit une prime de 17% par rapport au cours de clôture de lundi). En février dernier, Air France KLM, qui est partenaire des deux compagnies au sein de l'alliance Sky Team, avait offert de participer au tour de table mais cette option n'a pas été retenue. La nouvelle entité, qui gardera le nom de Delta, devrait devenir la première compagnie aérienne, en termes de passagers transportés. Le futur patron de l'ensemble, Richard Anderson, actuel PDG de Delta Air Lines, a expliqué que la fusion n'engendrerait des suppressions d'emploi que dans les fonctions administratives et de direction. Le syndicat des pilotes de Northwest s'est toutefois opposé à ce mariage ce qui pourrait le retarder.

A peine élu, Silvio Berlusconi se penche sur le sort d'Alitalia
Le futur président du conseil italien, Silvio Berlusconi, a laissé entendre mercredi qu'il n'était pas contre un rapprochement entre Alitalia et Air France KLM, à conditions que des "droits égaux" à ceux du français et du néerlandais soient accordés à la compagnie italienne dans le nouvel ensemble. Pendant toute sa campagne électorale, Silvio Berlusconi a pourtant violemment dénoncé ce projet. Le leader de la droite italienne, vainqueur lundi des élections législatives, paraît cependant chercher d'autres solutions. Lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine, vendredi, Silvio Berlusconi a abordé ce dossier. "Nous avons parlé d'Alitalia et de la possibilité d'une table de négociations avec Aeroflot" a-t-il lancé.


INFLATION RECORD EN FRANCE ET DANS LA ZONE EURO

D'après les données publiées par l'Insee mardi, l'inflation a progressé de 0,8% au mois de mars, du jamais vu depuis 1987. Sur un an, le taux d'augmentation des prix atteint désormais 3,2%. Cette accélération de l'inflation va entraîner une revalorisation automatique du SMIC, de 2,3%, à partir du 1er mai prochain. Le ministère de l'Economie s'attend cependant à ce que cette hausse s'interrompe le semestre prochain. "D'un strict point de vue mécanique et mathématique, on arrivera dans la deuxième partie de l'année 2008 à une stabilisation voire à une légère baisse par rapport au taux que nous observons actuellement" a voulu rassurer Christine Lagarde mardi. Bercy a toutefois revu à la hausse ces prévisions de taux d'inflation pour 2008, à 2,2% (contre 1,7% initialement). La France n'est pas le seul pays concerné par ces hausses des prix à la consommation. D'après les chiffres d'Eurostat (l'institut de statistique européen) dévoilé mercredi, en mars, le taux d'inflation sur un an de la zone euro s'est établi à 3,6%. Les prix ont augmenté de 1% par rapport au mois de février, principalement à cause des coûts renchéris de l'énergie.

SACYR SORT DU CAPITAL D'EIFFAGE

Le groupe de BTP espagnol Sacyr Vallehermoso a annoncé jeudi, après la clôture de la bourse, avoir cédé sa participation de 33,32% dans son rival français Eiffage, pour 62 euros par action. Cette opération devrait ainsi lui rapporter 1,92 milliard d'euros. Parmi les investisseurs institutionnels qui ont repris ces titres figurent la Caisse des dépôts et des consignations, dont la participation dans Eiffage passe de 10,95% à 19,465%, et Groupama, qui détient désormais 5,88% du groupe français. Ce désengagement met un terme au conflit qui oppose les deux groupes depuis un an. "Nous sommes maintenant libres", s'est réjoui vendredi Jean-François Roverato. En avril 2007, le patron d'Eiffage avait accusé Sacyr de mener une action de concert avec d'autres entreprises espagnoles pour prendre le contrôle de son groupe. Il avait donc déposé plusieurs plaintes, auprès de l'Autorité des marchés financiers notamment. Même si les hostilités entre les deux groupes sont terminées, les poursuites judiciaires qu'ils ont engagées ne sont pas interrompues pour autant. Le patron de Sacyr, Luis del Rivero, a ainsi été mis en examen mardi par le juge d'instruction Jacques Cazeaux.

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