Paris veut finaliser son plein retour dans l'Otan dès après 2008

A Bucarest, Nicolas Sarkozy confirme que la France souhaite réintégrer pleinement l'Alliance atlantique et que 700 soldats français supplémentaires seront envoyés en Afghanistan. Pour Paris, l'Europe de la défense et l'Alliance sont complémentaires et se renforcent mutuellement.

"A l'issue de la présidence française (de l'Union européenne, au deuxième semestre de 2008), le moment sera venu de conclure ce processus, et de prendre les décisions nécessaires pour que la France prenne toute sa place dans les structures de l'Otan", a annoncé ce jeudi le président Nicolas Sarkozy devant ses partenaires de l'Alliance atlantique réunis à Bucarest.

Le chef de l'Etat confirme ainsi le mouvement de rapprochement opéré depuis quelques années par Paris vers l'Otan. La France s'était retirée de la structure intégrée de l'Alliance atlantique en 1966 sur décision du général de Gaulle, mais Nicolas Sarkozy, appuyé par de nombreux chefs militaires français, estime que les Français, qui se sont toujours méfiés d'une alliance dominée par les Etats-Unis, sont prêts désormais pour un changement stratégique de grande ampleur.

"L'Alliance atlantique, c'est notre alliance", a-t-il poursuivi à Bucarest. "Les Français connaissent le rôle irremplaçable de l'Otan, qui a protégé les nations occidentales de l'hégémonie soviétique." "Je réaffirme ici la détermination de la France à poursuivre le processus de rénovation de ses relations avec l'Otan", a-t-il insisté en annonçant dans la foulée deux initiatives qui confirment sa volonté de rapprochement avec les Etats-Unis.

Ainsi, comme cela avait déjà été annoncé, la France enverra un détachement supplémentaire dans l'Est de l'Afghanistan, où ses soldats combattront à la frontière pakistano-afghane aux côtés des troupes américaines lancés dans la chasse aux talibans. "J'ai annoncé le renfort de 700 soldats francais pour conduire une mission qui accroît la sécurité en Afghanistan et permettra "l'afghanisation" et la reconstruction", a déclaré le chef de l'Etat français lors d'une conférence de presse commune avec la chancelière Angela Merkel.

Une fois déployé ce nouveau contingent, la France disposera de 2.300 hommes dans le pays. "On nous a proposé de prendre toutes nos responsabilités à l'Est, ce qui permettait aux Américains, qui l'ont proposé eux-mêmes, d'aller venir soutenir les Canadiens au sud. Cela n'a fait l'objet d'aucune négociation, cela nous a été proposé et cela nous va très bien ainsi", a précisé le chef de l'Etat.

Nicolas Sarkozy a également apporté son appui au projet américain de bouclier antimissile, qui est constesté par la Russie dans la mesure où des éléments de cet outil seraient déployés en Pologne et en République tchèque.

Mais la réintégration de la France dans la structure militaire de l'Otan dépend aussi d'un renforcement de l'Europe de la défense, qui a d'ailleurs été soutenu à Bucarest par George Bush. "C'est mon ambition. C'est ma priorité. La présidence française de l'Union européenne nous en donne l'occasion idéale", a estimé Nicolas Sarkozy en soulignant que le traité de Lisbonne, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2009, donne aux Vingt-Sept de nouveaux instruments.

"Il faut que nous, les alliés et partenaires européens, nous améliorions nos capacités militaires. Ceci renforcera à la fois l'Union européenne et l'Alliance. Les deux organisations sont complémentaires et se renforcent mutuellement", a-t-il précisé.

La Croatie et l'Albanie, prochains membres de l'Otan
Les dirigeants des vingt-six pays membres de l'Otan, réunis à Bucarest, vont lancer ce jeudi le sixième élargissement de l'histoire de l'organisation, en invitant la Croatie et l'Albanie à les rejoindre. D'ici environ un an, les deux pays balkaniques deviendront les 27 et 28èmes membres de l'Alliance. Beaucoup plus éloignées de cet objectif, l'Ukraine et la Géorgie ont demandé à bénéficier du Plan d'action pour l'adhésion. Alors que les précédents élargissements ont fait l'objet d'un large consensus, les demandes de l'Ukraine et de la Géorgie, deux anciennes républiques de l'URSS, n'ont pas fait l'objet de consensus, malgré les fortes pressions du président Bush en leur faveur. La France et l'Allemagne, en particulier, ont jugé une telle décision prématurée, en raison de l'instabilité politique et démocratique des deux pays. Elles ont aussi souligné qu'il était inopportun d'aviver encore un peu plus la colère de la Russie, véhémentement opposée à une nouvelle extension de l'Otan à l'est. De son côté, la Macédoine a satisfait aux critères techniques d'adhésion et revendique l'entrée dans l'Otan. Mais Athènes y met pour l'heure son veto car elle conteste à l'ancienne république yougoslave le droit de porter le nom de Macédoine, identique à celui d'une province septentrionale de la Grèce.

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