Nicolas Sarkozy veut moins de fonctionnaires, mais mieux payés

Le chef de l'Etat a réaffirmé ce vendredi l'objectif d'une réduction des postes de fonctionnaires contre l'engagement d'une revalorisation "concomitante" des traitements. Mais, à l'heure où la Banque centrale européenne met en garde contre l'inflation par les salaires, la proposition de Nicolas Sarkozy d'une "garantie individuelle de pouvoir d'achat" adossée à l'inflation est osée.

A deux semaines d'une journée de mobilisation nationale dans la fonction publique, le 24 janvier, Nicolas Sarkozy a réaffirmé ce vendredi, comme il l'avait fait la veille devant les grands chefs militaires, l'objectif d'une réduction des postes de fonctionnaires avec l'engagement d'une revalorisation "concomitante" des traitements. Tels étaient les souhaits pour la nouvelle année du chef de l'Etat, qui s'exprimait à la préfecture de Lille pour les voeux aux corps constitués et aux agents de la fonction publique.

"Ceux qui plaident pour des effectifs sans cesse plus nombreux ne seront pas ceux qui amélioreront le pouvoir d'achat, les conditions de rémunération, le statut", a-t-il insisté. "J'assume pleinement l'objectif qu'il vaut mieux payer les fonctionnaires mais ne pas considérer la question des effectifs comme un tabou (...) Le choix est très clairement aujourd'hui entre une politique qualitative pour la fonction publique ou une politique quantitative", a précisé Nicolas Sarkozy.

"La réduction des effectifs ne peut pas se faire sans amélioration concomitante de la paye. J'ai proposé, et nous tiendrons avec le Premier ministre: réduction des effectifs et partage moitié-moitié des gains de productivité entre les agents et les finances publiques", a-t-il ajouté. Quelque 22.900 départs à la retraite ne seront pas remplacés dans la fonction publique d'Etat en 2008, chiffre qui doit passer à environ 35.000 par an à partir de 2009.

Reconnaissant que "certains fonctionnaires" avaient perdu du pouvoir d'achat ces dernières années (24% selon Bercy), le président a assuré que la "garantie individuelle de pouvoir d'achat", mécanisme mis en place par le gouvernement, garantirait que le traitement indiciaire de base "évolue au minimum au même rythme que l'inflation". Une proposition qui risque de ne pas plaire du côté de la Banque centrale européenne (BCE), au lendemain des mises en garde de Jean-Claude Trichet contre les risques d'inflation par les salaires, les "effets de second tour" contre lesquels la BCE est résolue à agir.

De leur côté, les fédérations syndicales réclament une revalorisation globale des traitements par le biais d'une augmentation du point d'indice qui sert de base au calcul des rémunérations. Le ministre de la Fonction publique, Eric Woerth, a évoqué une hausse du point d'indice mais seulement pour l'année 2008, alors que les syndicats veulent un rattrapage sur l'année 2007.

"Je veux rendre hommage aux syndicats qui ont eu le sens des responsabilités et ont à coeur de défendre au mieux les intérêts des fonctionnaires", mais "je veux aussi jouer cartes sur table: nul n'a le droit de monopoliser la parole des fonctionnaires", a prévenu Nicolas Sarkozy.

S'agissant des heures supplémentaires et des jours de RTT travaillés non rémunérés, le président a jugé "honteuse et inacceptable" l'attitude de l'Etat. Il "s'est comporté de manière déloyale, s'est abrité derrière la non-décision et la dilution des responsabilités", notamment dans les hôpitaux, a-t-il lancé. "Nous négocierons de façon progressive, mais je prends l'engagement formel que nous trouverons les solutions", a dit le chef de l'Etat.

Nicolas Sarkozy a souhaité que 2008 marque "une véritable rupture dans la manière de gérer les carrières", sur la base du mérite et de l'effort. Les modalités de promotion seront modifiées, avec un recours accru à la promotion interne. Un "capital seconde carrière" permettra de changer de métier ou de qualification.

"Je ne peux pas vous promettre qu'on double les salaires, qui voudrait me croire?", mais "c'est un chantier passionnant que nous allons faire vivre", a-t-il conclu.

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