Cauchemars en noir et blanc

Six artistes du monde de la bande dessinée et du graphisme nous invitent à partager leurs mauvais rêves et leurs obsessions dans le long-métrage d'animation "Peur(s) du noir". De quoi nous faire aimer avoir peur.

Cimetières, fantômes, monstres, folies et phobies.... Ceux qui aiment avoir peur seront gâtés avec "Peur(s) du noir". Six dessinateurs ont accepté d'animer leurs dessins et de projeter sur grand écran leurs cauchemars les plus angoissants. Les noms des artistes ne sont pas tous connus du grand public mais il suffit de voir ce long-métrage d'animation pour comprendre rapidement qu'il s'agit là d'une belle brochette de talents aux univers personnels et riches.

Blutch, Charles Burns et Lorenzo Mattotti sont considérés comme des maîtres de la bande dessinée actuelle. Richard McGuire, Pierre Di Sciullo et Marie Caillou officient quant à eux plus souvent dans le graphisme. Animés, leurs traits se laissent découvrir sous un jour nouveau sans pour autant perdre - l'enjeu était là - force et singularité.

Le segment de l'américain Charles Burns par exemple - l'un des plus réussis - est du pur Charles Burns. L'histoire d'un ado timide plus intéressé par sa collection d'insectes que par les filles et qui, pour la première fois de sa vie, se fait draguer par une beauté sculpturale. Chance incroyable? Pas si sûr... On retrouve ici toutes les obsessions habituelles de l'artiste développées dans ses bandes dessinées (notamment son chef-d'oeuvre, "Black Hole"): mal-être adolescent, sexe, maladies, monstres... Le tout baignant dans une ambiance angoissante digne d'un film de David Lynch. A l'écran, le style graphique très stylisé de Burns se reconnaît immédiatement et ne souffre aucunement du passage à l'animation, bien au contraire. C'est le cas de tous les autres artistes qui sont parvenus à trouver le style d'animation qui convenait le mieux à leur univers et à leur dessin.

L'autre réussite de "Peur(s) du noir" est d'avoir lié tous ces segments - très différents dans leur forme graphique et narrative - pour aboutir à un tout homogène. Les histoires longues sont entrecoupées de passages plus brefs et récurrents (les terrorisants chiens de chasse de Blutch par exemple, qui reviennent nous hanter régulièrement durant les 1h25 du film), permettant d'éviter le piège de la banale succession de sketches.

Projet ambitieux, "Peur(s) du noir" ne s'adresse pas aux seuls amateurs de bande dessinée, et rappelle - après le succès de "Persépolis" - qu'il existe une alternative aux films d'animation de Walt Disney ou de Dreamworks.

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