Philippe Vivien, président de l'Agirc : "Des carrières plus longues pour les cadres"

Philippe Vivien, DRH d'Areva, a été élu le 28 mai président de l'Agirc, l'institution paritaire qui gère les retraites complémentaires des cadres. Il s'exprime pour la première fois en insistant fortement pour que la période d'activité des cadres soit augmentée.

Latribune.fr.- Vous venez d'être élu, mercredi 28 mai, à l'unanimité à la présidence de l'Agirc. Quel sens donnez-vous à ce vote ?

Philippe Vivien.- Je ne sais pas si ce vote unanime a un sens particulier. Il signifie sûrement qu'à l'AGIRC le paritarisme est de bonne qualité! Cette unanimité envoie un signe clair sur la place pleine et entière que veulent occuper les partenaires sociaux dans les discussions sur l'évolution des régimes de retraite. Dans cette discussion, nous savons bien que la démographie s'impose à nous. Les ingénieurs et cadres restent à la retraite 22 ans pour les hommes, et 27 ans pour les femmes. C'est tout à fait heureux pour chacun d'entre eux, mais difficilement supportable financièrement sur le long terme. Il est donc inéluctable que les carrières deviennent plus longues et le système de retraite doit s'adapter à cette réalité.

Comment ?

Il nous faudra absolument augmenter la période d'activité qui ne peut pas simplement s'insérer entre une période de 22/25 ans de formation supérieure et les 25 ans de retraite. Nous devons faire sauter les barrières psychologiques sur la poursuite de l'activité professionnelle et l'âge de la retraite. Et il nous faudra bien admettre collectivement et individuellement que, pour garantir l'avenir de la retraite par répartition à laquelle je suis très attaché, il nous faudra travailler plus longtemps et prendre les mesures nécessaires pour y parvenir.

Les entreprises doivent-elles revoir leurs stratégies vis-à-vis des seniors ?

C'est une évidence. De sérieux efforts doivent être accomplis en ce domaine. Il convient de réviser les politiques des entreprises pour que les carrières des salariés soient organisées de manière à leur permettre de travailler plus longtemps. Dans le passé, on s'est souvent désintéressé de l'évolution professionnelle des plus de 50 ans en restant calé sur de trop nombreux départs anticipés, notamment dans le cadre des FNE. Cela a figé les représentations. Or il nous faut de nouveau être persuadés que nous avons besoin de seniors motivés pour transmettre leur savoir faire et leurs connaissances aux plus jeunes. Il faut sortir de l'opposition entre le recrutement des jeunes et le départ des anciens. Au contraire, plus une entreprise recrute de jeunes, plus elle a besoin des anciens.

Certains pensent qu'il convient de réduire voire de supprimer le système de points gratuits accordé par l'Agirc aux cadres au chômage. Qu'en pensez-vous ?

La solidarité à vocation à être maintenue. Mais plus globalement, il conviendra de concevoir les carrières comme une succession de moments de travail salarié et d'autres moments avec interruption de cotisation au régime. De plus en plus, les ingénieurs et cadres passeront par des moments de travail, de création d'entreprise, d'expatriation à l'étranger... Il nous faudra aussi savoir répondre à cette évolution socio-économique.

Autre débat, celui du cumul emploi-retraite. Le gouvernement veut supprimer toutes les contraintes en ce domaine. En revanche, François Chérèque, le patron de la CFDT, affirme dans La Tribune que ce cumul joue contre l'emploi. Quelle est votre position ?

La libéralisation du cumul emploi-retraite à l'âge du taux plein, proposition retenue par le gouvernement, va dans le bon sens. Cette mesure simple et lisible, financièrement très incitative pour les assurés, est de nature à favoriser la poursuite de l'activité.

Quelle impression ressentez-vous d'occuper la position de dernier des Mohicans, vous qui êtes l'un des rares représentants du Medef issu de l'UIMM à conserver un mandat national ?

Le passé est le passé. Il nous faut désormais construire de nouvelles relations et un nouvel UIMM. La nomination de Jean-François Pilliard comme délégué général de l'Union est très importante pour la fédération ainsi que la réforme de nos statuts, l'élection d'un nouveau bureau. Tout cela va dans le sens du renouveau. Nous devons désormais préparer l'avenir et nous attacher aux enjeux paritaires dans la branche et plus globalement dans toutes les professions. Nous devons notamment nous appuyer dans ce travail de renouveau sur l'accord interprofessionnel sur la modernisation du marché du travail, la position commune patronat-syndicat sur la représentativité.

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