Paris, Berlin, Londres et Rome reconnaissent le Kosovo, mais l'Union européenne reste partagée

Les quatre principaux pays de l'UE se déclarent pour la reconnaissance du nouvel Etat kosovar, comme Washington, mais les autres pays de l'Union réagissent en ordre dispersé. La Russie tempête et la Chine y est défavorable.

La France reconnaîtra dès ce lundi soir l'indépendance du Kosovo, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. "La lettre partira ce soir", a-t-il expliqué à Bruxelles. "La majorité des pays (de l'UE), j'espère, je crois, je sais, reconnaîtront dans les jours qui viennent (...) J'espère que c'est fini et que la réconciliation commence maintenant, même si je sais qu'elle sera longue", a poursuivi le ministre qui s'est même laissé aller à anticiper "qu'un jour, Serbes et Kosovars seront ensemble dans l'Union européenne".

Si la France, comme prévu, a été l'un des premiers pays à réagir positivement à la déclaration d'indépendance du Kosovo, Rome et Londres lui ont emboîté le pas très vite en annonçant une très prochaine reconnaissance, tandis que Berlin devrait franchir le pas mercredi. Mais l'Union européenne dans son ensemble reste profondément divisée sur le sujet.

Chaque pays de l'UE "décidera, selon ses pratiques nationales et les règles juridiques", de reconnaître ou non l'indépendance du Kosovo, sont d'ailleurs prudemment convenus lundi les ministres européens des Affaires étrangères dans un projet de déclaration commune. L'Espagne, confrontée aux vélléités séparatistes basques, a prévenu qu'elle jugeait cette proclamation contraire au droit international. Chypre, la Grèce, la Slovaquie, la Bulgarie et la Roumanie ont aussi fait savoir qu'ils ne comptaient pas reconnaître cette indépendance.

Côté américain, le président George Bush a pris acte lundi de l'indépendance des Kosovars sans aller jusqu'à entériner la naissance du nouvel Etat, mais cela pourrait intervenir dès ce mardi à l'occasion d'une communication officielle du chef de la Maison Blanche. "Nous verrons comment les événements vont se dérouler aujourd'hui (...) Les Kosovars sont maintenant indépendants. C'est une chose en faveur de laquelle j'ai plaidé avec mon administration", s'est contenté de commenter George Bush ce lundi.

A Belgrade, où le gouvernement serbe avait rejeté par avance la proclamation d'indépendance, quelque 7.000 personnes ont manifesté contre la décision de Pristina. D'autres manifestations ont eu lieu à Mitrovica, deuxième ville du Kosovo divisée entre les communautés serbe et albanaise, ou dans les enclaves serbes, des rassemblements qui se sont déroulés sans incident majeur. La communauté serbe du nord du Kosovo, pleinement soutenue par Belgrade, a rejeté la proclamation du nouvel Etat et Moscou a fermement mis en garde contre toute répression au cas où les Serbes du Kosovo décideraient de refuser cette indépendance.

La Russie, qui bloque à l'ONU toute reconnaissance du nouveau pays, ce qui lui permettrait de devenir le 193ème membre des Nations Unies, a prévenu que la sécession du Kosovo aurait des répercussions dans les régions séparatistes du monde entier. Pour sa part, la Chine, qui craint de voir Taïwan encouragée par ce geste, s'est dite "profondément préoccupée" par cet événement.

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