Meurtre dans un jardin français

Pour "Le grand alibi", Pascal Bonitzer s'est très librement inspiré d'un roman peu connu d'Agatha Christie. Il tricote un Cluedo plaisant, servi par des dialogues au scalpel et une kyrielle d'acteurs épatants. Un meurtre est commis pendant un week-end familial. Une bonne demi-douzaine de suspects se bousculent au portillon...

On connaît la capacité de Pascal Bonitzer, qui a débuté comme scénariste (pour Jacques Rivette notamment), à tricoter une intrigue avec rien ou presque. Son film le plus célèbre, depuis qu'il est passé à la réalisation dans les années 90, ne s'intitule-t-il pas "Rien sur Robert" ?

Cette fois, il se place sous une double tutelle prestigieuse. Celle d'Agatha Christie dont il reprend librement et met au goût du jour (très parisien) un roman méconnu, "Le Vallon", pas très réussi mais qui lui a plu pour son côté sentimental. Et celle d'Alfred Hitchcock dont il reprend le titre d'un fameux film noir avec Marlène Dietrich (1950).

Pour le coup, Pascal Bonitzer, qui jouait en virtuose avec les genres, virevoltant entre comédie et drame, s'est fixé sur un seul, le polar, basé sur la résolution d'un énigme criminelle (et même de plusieurs) et la découverte du (ou des) coupable(s). Mais sans se prendre au sérieux, si bien qu'en fait le film se rapproche plus du Cluedo, un jeu en forme de puzzle avec des pièces dispersées entre une foule de personnages.

Dans la grande lignée du cinéma français, Bonitzer multiplie les rôles secondaires à tel point qu'aucun personnages n'a le statut de "principal". Mené avec élégance et alacrité, le film est servi par des dialogues ciselés au scalpel et une kyrielle d'acteurs épatants qui forment une troupe pleine d'allant.

Comme dans tout Cluedo qui se respecte, l'intrigue démarre en huis-clos : une belle demeure bourgeoise d'Ile de France entourée d'un jardin et d'une piscine, le lieu du crime. Les membres plus ou moins rapprochés d'une famille, leurs amis et amant(es) éventuels s'y retrouvent le temps d'un week-end. Et forment une galerie de portraits emblématiques et contemporains.

Au centre il y a les maîtres de céans : Henri Pagès (Pierre Arditi, plus vrai que nature dans le rôle d'un sénateur des Yvelines), qui a un goût prononcé pour les armes à feu dont il fait profiter son entourage, et madame son épouse, Eliane (Miou-Miou parfaite dans la partition de la "marieuse", toujours prête à arranger des "affaires"). Autour d'eux gravitent des "satellites", à commencer par Pierre Collier (Lambert Wilson), psychiatre poseur, homme à femmes invétéré. Celui-ci est marié avec Claire (Anne Consigny) qui n'a rien d'une flèche, entièrement dévouée à son mari, elle a décidé de faire l'impasse sur ses frasques.

Dans son sillage, le séducteur entraîne aussi sa maîtresse cachée, Esther (exquise Valeria Bruni-Tedeschi), peintre et sculpteur qui cultive le secret, et une "ex", Caterina (Lea Mantovani), volcanique italienne qui resurgit et dont tombe amoureux un jeune écrivain (Mathieu Demy), petit cousin de madame. Voilà pour les personnages les plus récurrents. Mais il y en d'autres qui ont tous un moment de la partition collective à jouer.

Quand le premier crime est commis, le flic de service (Maurice Benichou) a fort à faire pour déjouer les apparences trompeuses et ne pas s'en laisser conter. Mais il est aguerri et il saura faire le tri entre tous les suspects !

Sortie le 30 avril.

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