La polémique se déchaîne sur la personnalité de Nicolas Sarkozy

Après l'incident du Salon de l'agriculture, pendant lequel le chef de l'Etat a insulté un visiteur qui refusait de lui serrer la main, l'opposition met en cause son manque de sang-froid et l'atteinte à la dignité de la fonction présidentielle. Une affaire qui survient alors que Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages.

En insultant un visiteur du Salon de l'agriculture qui refusait de lui serrer la main, le président de la République a-t-il "manqué à tous ses devoirs", comme le soutient l'opposition? Depuis l'incident, survenu samedi et visionné massivement sur Internet, la polémique fait rage sur l'attitude du chef de l'Etat. Une polémique dont ce dernier n'avait guère besoin, alors que sa cote de popularité s'effondre.

La vidéo de 45 secondes visible sur le site Internet du journal Le Parisien est le hit du moment: depuis samedi, elle a été visionnée plus de 700.000 fois... Pour les rares personnes qui ne sauraient pas encore de quoi il s'agit, rappelons que l'on y voit Nicolas Sarkozy en train de visiter le Salon de l'agriculture. Occupé à serrer des mains, pendant un bain de foule, il se heurte à un visiteur qui lui manifeste brusquement son hostilité. "Ah non, touche moi pas", lance ce dernier. "Casse-toi, alors", répond le président de la République. "Tu me salis", répond l'homme. "Casse-toi alors! Pauvre con...", rétorque le chef de l'Etat, tout en continuant à serrer des mains.

Cet échange musclé et cet écart de langage suscitent donc un torrent de réactions depuis samedi. L'opposition y voit un manque de sang-froid inquiétant et une attitude incompatible avec la dignité de la fonction présidentielle. François Hollande, ainsi, a vivement dénoncé le comportement de Nicolas Sarkozy. "On ne tombe pas dans le pugilat (...), on n'entre pas dans un conflit avec quelqu'un qui ne vous serre pas la main", a lancé le Premier secrétaire du Parti socialiste, estimant que "c'est à force de manquer à tous ses devoirs que Nicolas Sarkozy connaît finalement la désaffection populaire".

Pour le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis, cet incident montre que Nicolas Sarkozy ne se contrôle pas. "Les colères entrées ou publiques, la mise en cause des décisions du Conseil constitutionnel, l'altercation au salon de l'agriculture avec un quidam, tout semble indiquer symboliquement que Nicolas Sarkozy ne se maîtrisant pas, ne maîtrise pas la situation", estime-t-il sur son blog.

Même son de cloche chez l'ancien garde des sceaux socialiste Robert Badinter, qui a affirmé sur France-Inter que "la présidence de la République est une fonction qui appelle de la part de celui qui l'exerce réserve, distance et modestie". Selon lui, "les provocateurs dans la vie politique sont légion". "Celui qui, président de la République, va ainsi vers une foule anonyme, s'exposera inévitablement à ces provocations, il le sait et il doit prévoir ce que sera son attitude". "Vous n'empêcherez jamais ces provocations et ces insultes, vous devez vous préparer à avoir la réponse convenable tout de suite", a-t-il conseillé.

Du côté de l'extrême droite, enfin, Jean-Marie Le Pen a estimé que cet incident était "dérisoire", mais révélateur d'une "grave erreur" de la part de Nicolas Sarkozy, à savoir "vouloir continuer une campagne électorale comme s'il était candidat alors qu'il est président de la République."

Face à ce tir de barrage, les amis du président tentent de prendre sa défense. Le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale Brice Hortefeux a ainsi affirmé que "les hommes politiques ne sont pas des carpettes sur lesquelles on doit s'essuyer les pieds". Interrogé sur BFM, ce proche de Nicolas Sarkozy a estimé que "Nicolas Sarkozy s'est exprimé de manière à ce que son interlocuteur le comprenne, eh bien moi je trouve ça très bien que le président de la République s'exprime comme chaque Français".

Et selon la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse, il ne s'agit que d'un "geste d'agacement dans une bousculade et il ne faut pas en faire une polémique". "C'est pas un agacement d'un instant qui permet de porter un jugement ni sur la personnalité ni sur l'attitude d'un chef de l'Etat", estime-t-elle.

Reste que l'incident tombe à un bien mauvais moment pour le chef de l'Etat qui traverse une phase extrêmement difficile. Sa popularité, très forte aux lendemains de son élection, s'est effondrée ces dernières semaines. Selon un sondage Ifop-JDD paru hier, Nicolas Sarkozy ne bénéficie plus que de 38% de bonnes opinions. Simultanément, le Premier ministre François Fillon voit sa popularité s'envoler, à 57% de bonnes opinions. Soit un écart record de 19 points... Le chef de l'Etat enregistre désormais un taux d'insatisfaits à 62%, en hausse de 10 points en un mois.

Le chef de l'Etat bénéfice de la conjonction de différents facteurs négatifs. Il y a d'une part la très vive déception ressentie par les Français sur le thème du pouvoir d'achat. Alors que Nicolas Sarkozy en avait fait le thème principal de ses promesses électorales, les Français sont confrontés à une flambée des prix et, simultanément, à une stagnation des revenus. Les informations sorties ce week-end sur l'envolée des prix des produits alimentaires n'auront pas contribué à calmer leurs inquiétudes.

Par ailleurs, l'étalage par Nicolas Sarkozy de sa vie privée - divorce, remariage, amitiés affichées avec certains milliardaires, style de vie tapageur - est de plus en plus mal perçu par les Français. Dans ces conditions, un incident, même mineur en soi, qui vient mettre en question le sang-froid et le jugement du chef de l'Etat est particulièrement mal venu.

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