Un ancien dirigeant de l'UIMM détaille les financements des syndicats et des partis politiques

C'est la première fois qu'un dirigeant de la métallurgie reconnait dans des procès-verbaux, révélés par "le Monde", des financements politiques et syndicaux. Le Medef aurait également reçu des "boites à chaussures" de billets. Laurence Parisot s'oppose à cette version.

Jacques Gagliardi est un inconnu pour la plupart des Français. Mais cet homme, ex-bras droit de Pierre Guillen, ancien délégué général de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) de 1985 à 1995, est le premier dirigeant de l'organisation patronale de la métallurgie à se confier au juge Roger Le Loire, chargé de l'enquête sur les comptes spéciaux de l'UIMM. Des extraits des procès-verbaux de son audition sont révélés par "Le Monde", dans son édition datée du 25 juillet.

Que dit Jacques Gagliardi qui fut chargé des relations avec le monde politique et économique pour l'UIMM de 1979 à sa retraite? Il dévoile les confidences que lui a faites Pïerre Guillen, décédé le 2 juillet 2008. Des confidences précises qui détaillent, selon lui, le circuit de financement des syndicats et des partis politiques.

"Le CNPF (ancêtre du Medef) comptait un service des études législatives qui en réalité avait une tout autre activité, indique Jacques Gagliardi. Je dirais qu'un représentant du CNPF venait régulièrement s'alimenter en munitions auprès de M. Guillen." "Cette personne repartait avec sous le bras un paquet de la dimension d'une boîte de chaussures (...), on peut supposer que ce n'étaient pas des petites coupures (...). Je dois dire qu'à mon départ, en 1995, ça continuait."

Jacques Gagliardi reconnait ensuite le financement des syndicats, CGT, CFDT et FO par l'UIMM. "Il [Pierre Guillen] m'en a parlé en me disant qu'il donnait des sommes en liquide à des syndicats. Il m'en avait parlé du reste à propos de la CGT parce que c'était une première, car, à ma connaissance et à la sienne aussi, la CGT ne recevait pas d'argent de l'UIMM avant lui. Concernant la CGT, il m'avait dit qu'il leur donnait quelques centaines de milliers de francs tous les ans." La CFDT et FO bénéficieraient-elles aussi de ces largesses patronales? "Vraisemblablement, répond le mis en examen. "Il [M.Guillen] m'en a peut-être parlé de façon épisodique".

Quant au financement politique, à en croire les extraits de procès-verbaux publiés par Le Monde, Jacques Gagliardi se contente de livrer ses souvenirs historiques qui semblent s'arrêter à François Mitterrand.

Le témoignage de Jacques Gagliardi s'oppose à celui de Laurence Parisot. La Présidente du Medef affirme que "personne n'était au courant", lors de son audition par la Brigade financière le 7 mai.

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