Malgré le pessimisme de l'Insee, Fillon maintient ses prévisions de croissance pour 2008

L'objectif de croissance du gouvernement pour 2008 est extrêmement réaliste, estime le Premier ministre. L'Institut national de la statistique table sur une inflation au plus haut depuis 1991 et un "net coup de frein" à la croissance, avec une hausse du PIB de 1,6% seulement.

L'économie française va subir un "net coup de frein" en 2008 avec seulement 1,6% de croissance, selon les dernières prévisions de l'Insee, rendues publiques ce vendredi. Alors que le gouvernement prévoit pour l'instant une croissance comprise entre 1,7% et 2% cette année, l'Institut national de la statistique estime qu'après 0,6% de hausse au premier trimestre, le PIB (produit intérieur brut) de la France ne progresserait plus que de 0,2% au deuxième pour stagner au troisième, avant de rebondir faiblement (+0,2%) les trois derniers mois de l'année.

Mais le gouvernement ne veut pas cèder aux sirènes du pessimisme de l'Insee. "Nous pensons que l'objectif du gouvernement, c'est-à-dire une croissance comprise entre 1,7% et 2%, est un objectif extrêmement réaliste" pour 2008, a déclaré le Premier ministre François Fillon vendredi lors d'une conférence de presse. "Il y a un environnement mondial qui est difficile (...) mais nous avons des réserves de productivité qui nous permettront d'atteindre nos objectifs de croissance".

De son côté, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a estimé sur France Info que les prévisions de l'Insee étaient "exagérément pessimistes". "Surtout si je compare avec d'autres prévisions d'autres organismes comme le Fonds monétaire international ou l'OCDE ou nos propres prévisions", dont aucune n'est inférieure à 1,7% de croissance en 2008, a précisé la ministre. Pour le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre, "depuis un an l'Insee nous a habitués à des prévisions qui étaient démenties ensuite par des chiffres révisés".

Selon l'Insee, la principale cause de cette croissance en berne est l'inflation, qui devrait atteindre 3,2% en 2008, à condition que le baril de pétrole se maintienne autour de 130 dollars. Le gouvernement prévoit de son côté une inflation moyenne de 2,2%, mais avec un baril de Brent à 100 dollars. La hausse de l'euro aurait un impact négatif sur l'ensemble de l'année de 0,6 point de PIB.

Cette inflation record depuis 1991 va peser sur le pouvoir d'achat des Français qui ne progressera que très faiblement tout au long de l'année. Il ne gagnerait au total que 0,9%, contre 3,3% en 2007. Quant au pouvoir d'achat "par unité de consommation", qui prend mieux en compte les évolutions démographiques de la société, il devrait même stagner.

Ces facteurs négatifs vont peser sur la consommation des ménages, moteur de la croissance française ces dernières années, explique l'Insee. Déjà mal en point au premier trimestre de l'année, la consommation restera "atone", et la consommation alimentaire devrait même reculer (-1,1%), tout comme l'investissement en logement des ménages. Pour l'Insee, le "retournement" de l'immobilier "est désormais engagé en France", même si son ampleur reste encore incertaine.

La hausse du salaire nominal moyen des Français en 2008 n'empêchera pas leur salaire réel de stagner, voire de baisser. La hausse du salaire moyen par tête (qui reflète l'évolution des salaires versés par l'ensemble des entreprises) devrait être de 3,2% cette année contre 3,1% en 2007. Mais "du fait de la poussée d'inflation, en termes réels, l'évolution serait moins favorable" et "le salaire moyen par tête stagnerait en 2008" après une augmentation de 1,6% en 2007, selon la note.

Dans les administrations publiques, le salaire moyen par tête devrait progresser cette année moins vite qu'en 2007: +2,3% contre +2,7%. Si bien qu'en tenant compte de l'augmentation des prix, le salaire réel des fonctionnaires devrait baisser de 0,9%, après une augmentation de 1,2% en 2007.

Par ailleurs, l'Insee table sur une poursuite de la diminution du chômage en 2008 (-119.000 chômeurs prévus) mais plus "limitée" qu'en 2006 et 2007. Le taux de chômage devrait atteindre 7,1% de la population active en fin d'année en France métropolitaine (7,4% avec les départements d'outre-mer). En un an, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail reculerait seulement de 0,3 point.

"La baisse du chômage, encore sensible au premier trimestre, devrait quasiment s'interrompre" par la suite, estime l'Insee. Les créations d'emploi devraient atteindre 199.000 contre 380.000 en 2007.

Baisse de 0,4% sur un an du pouvoir d'achat des salaires, selon Bercy
Le pouvoir d'achat du salaire mensuel de base a diminué de 0,4% sur un an mais progresse de 0,2% au premier trimestre 2008, selon les chiffres définitifs du ministère de l'Economie, des finances et de l'emploi publiés aussi ce vendredi. L'indice du salaire mensuel de base de l'ensemble des salariés a augmenté de 1,1% au premier trimestre, alors que l'indice des prix à la consommation hors tabac a progressé de 0,9% sur la même période, selon Bercy. Sur un an, de mars 2007 à mars 2008, le salaire mensuel de base de l'ensemble des salariés affiche une progression de 2,7%, alors que l'indice des prix à la consommation hors tabac progresse de 3,1%, ce qui représente une perte de pouvoir d'achat de 0,4%.

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