La Commission européenne tance la France sur son déficit budgétaire

Comme prévu, la Commission européenne a adressé ce mercredi après-midi une "recommandation" à la France pour l'inciter à mener de front réformes structurelles et réduction du déficit. Une mise en garde embarrassante mais que Paris voit comme un "encouragement" à quelques semaines du début de la présidence française de l'Union européenne.

La Commission européenne s'inquiète de la persistance de déficits budgétaires élevés en France. Selon le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, le déficit public de la France risque d'atteindre l'an prochain le plafond de 3% du produit intérieur brut (PIB), après 2,9% cette année et 2,7% l'an dernier, une tendance jugée très inquiétante. Les autorités françaises contestent cette analyse et tablent quant à elles sur un déficit de 2,5% en 2008 et 2,0% en 2009.

"La France a entamé durant les douze derniers mois un nombre impressionnant de réformes attendues depuis longtemps et qui, si elles sont menées à terme, devraient contribuer à accroître le potentiel de croissance du pays et à poursuivre la réduction du chômage grâce à la création d'emplois de meilleure qualité", a déclaré le commissaire européen en présentant son texte. "Toutefois, ce processus doit s'accompagner d'une relance de l'assainissement budgétaire interrompu en 2007 et qui laisse peu ou pas de marge de manoeuvre", a-t-il ajouté. "J'espère que l'assainissement budgétaire ira de pair avec les réformes structurelles."

L'envoi d'une recommandation "adressant un conseil de politique économique à la France au sujet de sa politique économique et budgétaire" constitue une "première". La Commission s'est efforcé de ménager légèrement les susceptibilités françaises au choisissant cette formule de la recommandation, moins brutale que l'"alerte précoce" prévue par le pacte de stabilité de l'euro. Cette dernière constitue le premier pas vers la procédure pour déficits excessifs, qui peut mener à des sanctions mais doit être approuvée par les Vingt-Sept. La recommandation, à l'inverse, est lancée par la seule Commission et ne doit pas être adoptée par les Vingt-Sept.

Joaquin Almunia reconnaît que sa prévision d'un déficit à 3% du PIB l'an prochain ne prend pas en compte l'impact des mesures annoncées dans les lois de modernisation de l'économie et du marché du travail, qui n'ont pas encore été adoptées et dont la Commission attend la mise en oeuvre.

Mais l'exécutif européen rejette les arguments de la France, selon laquelle les chiffres de croissance meilleurs que prévus pour 2007, à 2,2% du PIB au lieu de 1,9%, et du premier trimestre de 2008, à 0,6% contre 0,4%, changent radicalement la donne. La Commission estime que sa prévision d'une croissance à 1,6% en 2008 et à 1,4% en 2009 n'est pas modifiée "de manière significative" par ces nouveaux chiffres. Paris retient pour 2008 une fourchette de 1,75% à 2,25%.

Ce mercredi, les dirigeants français ont multiplié les contre-feux préventifs vis-à-vis de cette démarche de la Commission. Le Premier ministre a réaffirmé, à l'occasion de la tenue d'une Conférence nationale des finances publiques, les engagements de la France en matière de réduction des déficits et de maîtrise des dépenses. Quant au président de la République, il a commenté à l'avance la décision de la Commission en affirmant y voir "plutôt un conseil qu'un blâme".

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