La consolidation dans l'industrie du jeu vidéo se poursuit. Après le rapprochement entre Vivendi et Activision, Electronic Arts (EA qui détient 15% du capital et 25% des droits de vote du spécialiste français Ubisoft) a annoncé dimanche soir le lancement d'une offre hostile "en cash" sur Take-Two Interactive. Pour environ deux milliards de dollars (1,35 milliard d'euros) en liquide, le numéro un mondial des jeux vidéos propose de racheter son concurrent qui produit le célèbre et controversé "Grand Theft Auto" en raison de sa violence et de son amoralité, qui ont valu à son producteur des poursuites judiciaires aux Etats-Unis.

Cette offre a été rejetée par la direction de Take-Two, qui l'a qualifiée d'"opportuniste", car cherchant à racheter la société à bas prix avant l'imminente sortie de la nouvelle version de son jeu vedette.

Electronic Arts propose 26 dollars en "cash" par action Take-Two, ce qui représente une prime de 50% sur le cours de clôture du titre vendredi (17,36 dollars). EA, qui était en discussion avec la direction de Take-Two depuis le début du mois, a relevé son offre initiale qui été au départ de 25 dollars par titre, selon les communiqués diffusés par les deux groupes.

Les ponts sont désormais rompus entre les directions des deux firmes et Electronic Arts a décidé de soumettre directement son offre aux actionnaires de Take-Two. Son offre n'est pas limitée dans sa durée "pour donner aux actionnaires et au conseil d'administration de Take-Two du temps supplémentaire pour l'examiner", précise le groupe dans son texte.

Dans les discussions entre les deux groupes, la direction de Take-Two n'avait pas fermé complètement la porte à Electronic Arts, mais lui avait demandé d'attendre jusqu'au 30 avril, c'est-à-dire au lendemain du lancement commercial de la version 4 de "Grand Theft Auto". Le refus de cette demande montre que Electronic Arts veut racheter le groupe au rabais, fait valoir la direction de Take-Two, qui prédit à la nouvelle version de "Grand Theft Auto" un brillant avenir commercial.

"Grand Theft Auto" met le joueur dans la peau d'un voleur de voitures, libre de renverser les passants, tuer des policiers ou rendre visite aux prostituées. Ce dernier point lui vaut l'objet d'une procédure du ministère de la justice de l'Etat de New York qui a fait récemment l'objet "de progrès significatifs", assure Take-Two. Ce dernier est par ailleurs suivi de près par les autorités boursières américaines qui avaient suspendu le cours de l'action pendant 3 semaines en 2002, à la suite d'irrégularités comptables. Le groupe estime que sa situation financière est désormais beaucoup plus solide après l'octroi d'une ligne de crédit de 140 millions de dollars.

A la Bourse de New York, l'action Electronic Arts perdait plus de 4% à 47,52 dollars à mi-séance. Cette offre pesait également sur Ubisoft dont EA détient 15% du capital. L'action a clôturé à 58,89 euros, en baisse de 1,85% à la Bourse de Paris.

Dans le même temps, la réaction était bien plus positive à Wall Street concernant Take-Two dont le titre s'échangeait à mi-séance à 26,35 dollars, en hausse de 51,79%.