Rachat d'Alitalia : Berlusconi tente de torpiller l'offre d'Air France - KLM

L'homme politique, donné gagnant aux législatives italiennes d'avril, espére que des investisseurs italiens présenteront une contre-offre pour la compagnie nationale. Le PDG d'Air France-KLM, en négociation pour le rachat d'Alitalia, conditionne son offre au soutien des syndicats avec qui les discussions sont suspendues.

Le dossier du rachat d'Alitalia se complique. Alors que la compagnie aérienne déficitaire italienne a accepté une proposition d'Air France-KLM, Silvio Berlusconi souhaite une solution italienne. L'ancien Président du conseil italien a déclaré, ce mercredi 19 mars, qu'il espérait que des investisseurs italiens présentent une contre-offre pour Alitalia. Il a même qualiofié d'"inacceptables" les négociations menées avec le groupe aérien français. Berlusconi est donné gagnant aux prochaines élections législatives d'avril. Or, Air France-KLM devra obtenir l'aval du gouvernement qui sortira de ces élections pour poursuivre son offre.

Cette déclaration intervient alors que Jean-Cyril Spinetta a déclaré, ce mercredi, que le rachat d'Alialia serait "très difficile" sans le soutien des syndicats italiens. "Le soutien des salariés passe évidemment par un accord de manière majoritaire des syndicats. Si ce soutien n'existe pas, il sera très difficile pour Air France de s'engager dans une opération très difficile dans ces conditions", indique le patron d'Air France-KLM.

Or, les syndicats italiens ont rejeté les propositions d'Air France-KLM lors d'une première réunion, mardi 18 mars. Ils considéraient comme excessives les suppressions d'emplois. La compagnie franco-néerlandaise prévoit la suppression de 1.600 postes - sur les 10.000 actuels - dans son offre de reprise d'Alitalia. Les syndicats parlent eux d'environ 6.600 salariés, soit environ 35% des effectifs.

Mardi soir, latribune.fr révélait déjà que le groupe français ne reprendrait que moins de 3.000 salariés de la filiale Alitalia Services.

Ce mercredi, Jean-Cyril Spinetta précise que les suppressions d'emplois atteindraient 2.100 au total. Il promet que le plan social d'Air France-KLM serait "exemplaire".

Jean-Cyril Spinetta a exprimé l'espoir que les discussions avec les syndicats reprennent "le plus rapidement possible pour arriver à une conclusion positive", tout en indiquant que les marges de manoeuvres étaient "inexistantes ou très faibles". Une nouvelle rencontre entre syndicats italiens et direction d'Air France-KLM pourrait se tenir la semaine prochaine.

Côté italien, un conseil d'administration d'Alitalia va se tenir jeudi pour faire le point sur les négociations avec Air France-KLM. Jean-Cyril Spinetta et son homogue italien Maurizio Pratto ont été recus ce mercredi à la présidence du Conseil italien. Face à cette situation tendue, le ministre italien de l'Economie, Tommaso Padoa-Schioppa, a averti de son côté que la seule solution pour Alitalia était "la vente ou la faillite".

"A part la vente, il y a seulement la mise en liquidation", a ainsi estimé le ministre dans une interview au quotidien Corriere della Sera. Le ministre a d'ailleurs annoncé que le gouvernement italien pourrait être contraint de nommer un administrateur pour gérer la compagnie italienne.

"Tout peut arriver. Je suis le chauffeur d'une ambulance qui fonce pour conduire un malade au seul hôpital qui a bien voulu l'accepter. Je conduis le plus rapidement que je peux mais il est possible que je n'arrive pas à temps car il y a des feux rouges qui me ralentissent...", a déclaré le ministre.

"Plus que des positions différentes entre droite et gauche", la question d'Alitalia "fait apparaître des divergences entre ceux qui l'abordent de façon raisonnable et ceux qui sont guidés par l'émotion", estime Tommaso Padoa-Schioppa. Mardi soir, un de ses confrères au gouvernement, le ministre des Transports, Alessandro Bianchi, pourtant membre de la coalition sortante de Romano Prodi qui a approuvé l'offre, a qualifié l'offre d'Air France de "diktat rempli de clauses vexatoires" et a jugé que les autorités italiennes devaient faire en sorte d'obtenir une offre améliorée ou solliciter d'autres propositions.

L'offre d'Air France-KLM valorise en effet les actions Alitalia à seulement 138 millions d'euros.

Air France-KLM a fixé une date butoir au 31 mars, date à laquelle un accord avec les syndicats devra être trouvé. Faute de quoi le dossier Alitalia pourrait bien être refermé.

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