La ministre de la Culture veut taxer les grands hôtels pour financer l'entretien du patrimoine français

Une taxe de 2 euros par nuit dans un quatre étoiles rapporterait 50 millions d'euros. Plus de 40% des monuments historiques français, comme la cathédrale de Beauvais, sont en piteux état.

Les heureux qui passent une nuit au Ritz ou ailleurs à Paris pourraient bientôt contribuer à financer le maintien et la restauration des monuments français. C'est en tout cas le calcul de la ministre de la Culture, Christine Albanel, qui a lancé l'idée de créer une taxe sur les nuits d'hôtels quatre étoiles à cet effet.

Elle a expliqué dans le Figaro de ce lundi matin la logique de son raisonnement : près de 70% de la clientèle des grands hôtels sont des touristes étrangers, qui viennent précisément pour découvrir les merveilles du patrimoine français. Il est donc logique qu'ils participent à leur entretien et leur restauration. Un entretien plus qu'indispensable, quand on sait que la détérioration des monuments avance à grands pas. A la fin 2007, 42% des monuments historiques classés étaient considérés comme en mauvais état, voire en péril, contre 32% seulement cinq ans plus tôt. Ainsi, la cathédrale de Beauvais, qui possède le plus grand choeur gothique au monde, est très endommagée.

Il est donc temps d'agir. La taxe, qui s'élèverait à 2 euros par nuit, ne correspondrait, selon Christine Albanel, qu'à la moitié du prix d'une bouteille de soda que l'on trouve dans le minibar de ces chambres d'hôtel, et surtout, elle rapporterait, toujours selon ses calculs, 50 millions d'euros. Or, cette somme viendrait s'ajouter aux dotations budgétaires, de 300 millions d'euros par an en moyenne, pour l'entretien des monuments. Enfin, Christine Albanel a souligné que l'entretien des monuments est aussi essentiel pour l'emploi, puisque 170.000 emplois indirects tirent profit de la mise en valeur et de l'exploitation du patrimoine.

Reste à savoir si la taxe en question va effectivement être mise en oeuvre. Les hôteliers n'y croient pas. Et en tout cas, ils feront tout pour que le projet capote. Pour différentes raisons : d'abord, comme l'a dit André Daguin, président de l'Union des métiers et industries de l'hôtellerie, la profession n'a pas été consultée, et ensuite, elle n'apprécie pas que dès qu'il manque des fonds, elle doive automatiquement apporter son obole. André Daguin suggère ainsi que les autres professions qui profitent aussi du tourisme - des pâtissiers aux bureaux de tabac - soient sollicitées.

D'autres idées ont d'ailleurs été avancées pour aider au financement du patrimoine. On parle d'une contribution des casinos, ou encore d'une taxe sur la Française des Jeux....

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