L'Imagine Cup de Microsoft a mobilisé 200.000 étudiants

Jean-Philippe Courtois est le patron de Microsoft International. Il est en charge d'une centaine de filiales dans 240 pays en dehors des Etats-Unis et du Canada. La Tribune l'a rencontré à l'occasion de l'Imagine Cup dont la finale se tient à Paris d'ici au 8 juillet. Cette compétition mondiale pour étudiants réunit des jeunes talents de plus de 100 pays. Ils présentent des projets dans neuf catégories: conception de logiciel, développement embarqué, développement de jeux vidéo, robotique, système et réseaux, algorithmes, photographie, court-métrage, design d'interface

Quelle est la différence entre la première Imagine Cup de Barcelone il y a six ans et celle d'aujourd'hui à Paris ?

Jean-Philippe Courtois: Il y a six ans l'idée du projet était de permettre aux étudiants dans les technologies de rivaliser entre eux et de créer une compétition des meilleurs développeurs de solutions. Nous avons eu 15 pays participants, 1.000 étudiants inscrits et nous avons fait la finale à Barcelone. Je me souviens d'un étudiant américain d'origine vietnamienne qui avait développé une super application pour le restaurant familial. Cette application fonctionne sur un Tablet PC. Elle permet aux serveurs de prendre la commande à table de manière conviviale et de traduire à la volée les instructions pour les vietnamiens qui sont en cuisine. Il y avait à la fois une interface utilisateur très bien faite, de la communication Wifi, de la traduction automatique anglais vietnamien et derrière tout un système de gestion de commande pour la cuisine. Cet étudiant a créé sa propre société et propose maintenant sa solution dans d'autres langues.

Depuis, l'Imagine Cup a pris une envergure très importante car les jeunes aiment concourir et on leur donne les moyens de le faire de manière excitante et stimulante. D'où l'engouement des 200.000 étudiants cette année. On a ouvert les catégories au-delà de la partie développement logiciel pour prendre en compte le multimédia, la photographie, les jeux et l'interface utilisateur. Depuis trois ans, on choisit un thème capable d'avoir une résonance internationale et qui correspond à de vrais enjeux de société. Nous avons choisi la santé il a deux ans, l'éducation en 2007 et cette année, l'environnement. J'ai pu noter un fort engouement des équipes d'étudiants pour la technologie, ce qui est normal, mais aussi pour le thème de l'année.

Parmi les nombreux projets, qu'avez-vous retenu qui illustre ce thème de l'environnement ?

Vous avez une équipe japonaise qui propose Ecogrid, un système qui consiste à développer des modules, de petites applications sur le web, pour quantifier et améliorer la consommation d'énergie d'un foyer. Elles peuvent être mises à la disposition d'autres familles dans le monde. J'ai aussi rencontré une équipe mexicaine, qui présente Pepenator. Il s'agit de calculer, avec un système de RFID, les ordures qui sont recyclées. En fonction du volume recyclé par foyer, il y a un crédit de points qui est sponsorisé par des entreprises qui veulent montrer leur attachement au développement durable. Il y a une innovation logiciel, car il y a un gros boulot de mise au point d'applications qui fonctionnent sur un mobile et sur un PC, mais il y a aussi de l'innovation au niveau du business model.

On n'est donc pas seulement limité au monde du PC ?

On est dans le PC, le mobile, l'Internet et les logiciels embarqués. Une équipe des Emirats Arabes Unis a mis au point un système pouvant être téléchargé sur un téléphone qui permet de détecter la présence de substances polluantes dans une ville. On peut visualiser l'information avec notre technologie Virtual Earth. On peut aussi lancer des alertes lors le niveau de pollution devient inquiétant. Plusieurs équipes travaillent sur ce thème. Chez Microsoft, nous travaillons avec la fondation Clinton sur une idée similaire : nous voulons créer un portail pour les plus grandes villes du monde. Il permettra de partager avec les habitants des informations sur la consommation d'énergie et de les impliquer sur la résolution de plusieurs problèmes. Nous avons lancé une initiative du même type il y a trois mois avec l'Union Européenne.

15.000 inscrits la première année, 200.000 cette année, c'est un modèle Internet. A quand le Stade de France pour les accueillir ?

C'est la beauté du modèle Internet. La technologie permet de connecter des gens qui ont un même centre d'intérêt. Le logiciel permet de composer et décomposer des parties de travail et de réaliser un projet dans l'endroit du monde où vous avez la meilleure compétence dans le monde. Il existe des opportunités pour des talents et des compétences différentes dans le monde de contribuer dans des secteurs d'activité très différents.

Allez-vous grâce à l'Imagine Cup découvrir le futur Bill Gates ?

On espère, on aimerait.

Et travaillera-t-il pour Microsoft ?

Ce n'est pas le but mais on espère qu'il travaillera avec les technologies de Microsoft. Cela nous ferait plaisir.

Nous avons l'exemple de Carlos Rodrigues au Brésil qui a imaginé un logiciel pour les personnes non-voyantes ou à handicap visuel. A partir du dessin des cartes, elles reçoivent des vibrations et des alertes locales qui permettent de les guider. Il vient d'employer dix personnes pour créer sa société, pour industrialiser sa solution et la vendre ailleurs. Chaque année, nous avons six équipes qui sont retenues pour participer à un programme d'incubation avec des sponsors comme BT ou Paris Développement. On les aide non seulement au niveau de la technologie mais aussi au niveau du business plan. En fonction du nombre de projets et de ceux qui vont émerger, on espère bien trouver un prochain Bill Gates ou quelqu'un qui va faire des avancées en matière technologique.

L'Imagine Cup, c'est du marketing ou de la communication sur l'image de Microsoft ?

C'est difficile de le positionner. Dans notre métier de fournisseur de technologies, les nouvelles générations sont critiques. Si on veut être pertinent dans cinq ans, dix ans ou vingt ans, il nous faut à la fois un facteur économique rationnel et un facteur émotionnel positif. C'était l'inspiration d'Imagine Cup au départ d'exprimer des talents et créer un mouvement global où ils puissent se rencontrer et concourir. Certains d'entre eux deviendront des entrepreneurs. On ne souhaite pas s'arrêter à 200.000 étudiants. Si l'excitation se maintient on pourra même aller plus loin. Les jeunes qui réussissent sont les meilleurs porte-parole pour notre message. Par ailleurs, dans certaines universités, l'Imagine Cup est intégrée dans le curriculum. C'est offert comme une option qui permet d'obtenir des crédits.

Quels sont les principaux défis de Microsoft pour les 5 à 10 prochaines ?

Quand on regarde la stratégie de l'entreprise, on note quatre moteurs de croissance. Il y a d'abord Windows Vista et Office System. L'interface homme machine et l'interface tactile que nous avons montrés sur plusieurs types de produits, font partie des grands domaines qui vont trouver un chemin produit concret dans le futur.

Office System est devenu beaucoup plus qu'un logiciel de productivité. C'est devenu une véritable plate-forme qui permet d'intégrer des innovations importantes pour les entreprises comme la communication unifiée. Tout ce que nous avons créé entre la présence instantanée, la voix sur IP et la téléconférence sur le Web sont de nouvelles catégories pour Microsoft. Cela se chiffre en plusieurs dizaines de milliards de dollars. Nous n'en sommes qu'au tout début.

Le troisième domaine est celui du loisir avec la Box 360 et Windows Mobile. Cette année, on compte 20 millions de téléphones fonctionnant sur Windows Mobile. C'est petit mais plus important que l'iPhone ou Google Android qui n'est pas encore déployé. Nous nous positionnons dans un univers où les smartphone prendront une proportion plus importante dans le nombre de téléphones vendus dans le monde. La encore, le logiciel est au coeur de l'innovation sur l'interface et sur le type de service utilisés.

Enfin, le quatrième moteur de croissance est la partie Internet et publicité sur Internet. Nous avons quelques axes prioritaires dont l'innovation à la convergence du PC, de l'Internet et du Mobile. En reconnaissant l'utilisateur, nous voulons l'affranchir du périphérique qu'il va utiliser, de l'endroit où il se trouve et du moment où il se connecte. Nous aurons des données, des préférences utilisateurs qui le suivront partout. De manière sous-jacente, le modèle économique préférentiel de ce business, c'est la publicité. D'où l'acquisition d'Aquantive, il y a plus d'un an pour 6 milliards de dollars. D'où l'acquisition de plein de start-up dans le domaine de la publicité pour le mobile ou les consoles de jeux. Nous développons une plate-forme de bout en bout qui permet aux entreprises, aux annonceurs, aux agences de publicité et aux médias d'optimiser le retour de leurs investissements publicitaires. Le marché est de 40 milliards de dollars. Il double d'ici à trois ans et le potentiel est encore plus important d'ici à 5 ou 6 ans et derrière, c'est du logiciel qui fait fonctionner tout cela. Or, le logiciel, c'est notre métier.

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