Dans la vie, faut pas s'en faire

"Dédé", pièce d'après guerre remise au goût du jour au Théâtre Sylvia Monfort à Paris, est une délicieuse célébration de l'insouciance et de la joie de vivre.

C'est pour recevoir en catimini Odette, sa dulcinée, que Dédé a acheté un magasin de chaussures. Comme leur patron, les vendeuses ne connaissent rien à la vente. Sauf Denise, leur chef. Amoureuse de Dédé, elle veille au grain. Puis Robert, un vieil ami de Dédé débarque sans crier gare. Flairant la bonne affaire, il fait de la vente de chaussures un numéro de cabaret. Une activité très lucrative pour qui veut se reconvertir. "Pour vendre une chaussure, il faut lancer la jambe", claironne-t-il. Avec Robert, le futile devient utile, une dynamique poursuivie tout au long de la pièce. Et là tout s'emballe.

Un défilé de personnage plus cocasses les uns que les autres viennent pousser la chansonnette: Mr Chausson, le mari d'Odette et l'ancien propriétaire du magasin, Mr le Roi des..., un brave type dégingandé très épris de Denise, un préfet de police à vélo, sans oublier un représentant syndical. Fox-trot, one-step, swing, la joyeuse troupe virevolte sur les airs de célèbres refrains comme "Dans la vie faut pas s'en faire", "Je me donne", ou "Si j'avais su", des mélodies fredonnées par un public averti. Le moment le plus touchant, les variations vocales de Robert, séducteur notoire sur "Je vous aime" à une Denise complètement sourde.

Ecrite après la première guerre mondiale, cette "comédie musicale débridée" reçut un énorme succès avec l'interprétation de Maurice Chevalier dans le rôle de Robert. Un personnage que Michel Fau nonchalant, coquin et farceur à souhait, endosse à la perfection. Bien sûr, les jeux de mots et autres quiproquos sont faciles, Dédé qui attend un coup de fil, désespère en disant que sa vie est suspendue "à ce fil", Mr le Roi des..., qui répète à l'envie "Roi des tout court", ou Mr Chausson qui repasse au magasin pour la dernière scène, un fer à la main...

Répétitions et autres détournements de langue participent à cette pièce à l'humour léger, écrite dans une période où les habitués des théâtres avaient besoin d'aller chercher le rire au plus profond d'eux-mêmes. Les mimiques et le corps élastique d'un Dédé amoureux transi, les tics d'Odette, les filouteries de Robert et même une vache s'invitent à la danse, dans ce méli-mélo complètement déjanté.

Jusqu'au 15 avril au Théâtre Sylvia Monfort. Parc George Brassens, 106 rue Brancion 75015 Paris. Réservation : 01 56 08 33 88

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