Partie difficile pour la majorité

Plusieurs dizaines de villes sont menacées de basculer en gauche, quand d'autres sont incertaines. Trois villes notamment sont regardées de près: Strasbourg, Marseille et Toulouse.

Pour ce second tour, l'enjeu des élections municipales et des cantonales se fait de plus en plus pressant pour le gouvernement. Alors que les bons scores des ministres engagés dans les élections avaient quelque peu rassuré au premier tour, les inquiétudes se font désormais sentir avant le verdict de ce dimanche soir.

En effet, plusieurs membres du gouvernement, encore en lice, sont dans des positions délicates. Et plusieurs dizaines de villes sont menacées de basculer en gauche, quand d'autres sont incertaines. Trois villes notamment sont regardées de près: Strasbourg, Marseille et Toulouse.

Or, dans un sondage CSA publié ce vendredi par Le Parisien, la gauche l'emporterait de justesse dans la ville rose (historiquement de gauche avant de tomber dans l'escarcelle de la famille Baudis), au second tour des municipales. D'après cette enquête, la liste PS-PCF-Verts conduite par Pierre Cohen obtiendrait 51% des voix contre 49% pour la liste UMP-Nouveau centre-MoDem conduite par le maire sortant Jean-Luc Moudenc.

Pour rappel, au premier tour, Jean-Luc Moudenc avait recueilli 42,60% des voix, Pierre Cohen 39%, le MoDem 5,90%, l'Autre liste (divers gauche) 5,42% et la LCR 5,07%.

A Marseille, selon deux sondages publiés ce vendredi, la liste conduite par le maire sortant UMP, Jean-Claude Gaudin, remporterait de justesse le second tour des élections municipales, en obtenant 51% des intentions de vote.

Dans le troisième secteur de la ville, considéré comme crucial, le tête de liste UMP Renaud Muselier obtiendrait 50,5% des intentions de vote contre 49,5% au candidat socialiste à la mairie de la cité phocéenne, Jean-Noël Guérini, selon un sondage CSA-Dexia pour Le Parisien et Europe 1. Un autre sondage TNS-Sofres-Logica, que publie Le Figaro, donne les mêmes intentions de vote pour la deuxième ville de France et une victoire de la majorité avec 51%.

D'autres villes tenues par la droite sont aussi menacées, comme Périgueux, Amiens (ancien fief communiste avant que Gilles de Robien ne la conquiert) ou Corbeil, où Serge Dassault est fragilisé.

Désormais à l'UMP, l'heure est donc à la mobilisation. Jeudi, François Fillon et Alain Juppé ont donné l'exemple. Les deux hommes politiques sont venus prêter main forte au ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, à Périgueux, prenant part à un meeting survolté entamé au son d'un tube du chanteur Mika et terminé par une Marseillaise.

A Paris, le gouvernement, Xavier Bertrand en tête, est venu en force jeudi soir à la Mutualité soutenir Françoise de Panafieu, appelant à la mobilisation de l'électorat de droite et tendant clairement la main à celui du MoDem. "Les jeux ne sont pas faits à Paris", a lancé le ministre du Travail, relevant le très faible taux de participation dans la capitale au premier tour (56%).

L'UMP maintient son objectif de conquérir une quinzaine de villes à la faveur des élections municipales, a déclaré ce vendredi son secrétaire général adjoint, Dominique Paillé, qui a démenti l'existence de prévisions internes faisant état de la perte attendue de 34 villes. Le Figaro, citant une "note de synthèse" de l'UMP, écrit que le parti majoritaire, qui a déjà perdu huit villes de plus de 30.000 habitants au premier tour dimanche dernier, redoute d'en perdre 34 autres et ne pense en conquérir que sept.

Interrogé sur Canal+, Dominique Paillé a démenti l'information rapportée par le journal. "Il n'y a pas de note technique de cette nature, il y a des analyses du scrutin, et notamment du premier tour", a-t-il dit. "Nous espérons prendre entre dix et quinze villes, c'est notre objectif", a-t-il ajouté. Le Figaro cite, pour sa part, un responsable de l'UMP qui juge qu'à Strasbourg "c'est perdu de chez perdu" et que si le parti devait perdre quarante villes, ce serait "un rééquilibrage, pas un basculement" car la gauche en avait perdu, elle, 41 en 2001 lors du précédent scrutin municipal.

Enfin, le MoDem aura du mal à afficher des victoires dimanche tellement sa stratégie d'alliance est peu lisible. En renfort du PS à Marseille, Lille ou Chartres, il s'est même allié au PC à Aubagne, tandis qu'il a choisi la droite à Toulouse ou Boulogne-Billancourt. A la peine dans une triangulaire à Pau, son chef de file François Bayrou est donné vaincu dans les sondages.

Du côté des cantonales, la gauche semble en mesure dimanche d'accroître sa majorité au sein des 101 conseils généraux, acquise pour la première fois en 2004. Avant le scrutin, le PS et ses alliés détenaient 51 départements.

Trois départements sont gagnables de manière quasi certaine par le PS, la Corrèze où François Hollande consolide son implantation, l'Allier qui retomberait à gauche mais pas au profit du PC comme celui-ci l'espérait, et le Lot-et-Garonne. La Charente-Maritime, les Deux-Sèvres, l'Indre-et-Loire, la Somme et la Côte d'Or font partie aussi des départements de droite menacés. Le PS espère aussi prendre au PC la Seine-Saint-Denis, un des derniers bastions de la "ceinture rouge" de Paris avec le Val-de-Marne.

En sens inverse, la majorité pourrait gagner la Seine-et-Marne et les Hautes-Alpes. Le Cher, l'Oise, l'Eure, les Pyrénées-Orientales, la Drôme, le Territoire de Belfort et l'Ardèche faisaient partie des espoirs de la droite, mais rien n'est joué.

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