Meneuses de rêves

Dans sa comédie musicale façon cabaret "Don Quichotte contre l'Ange Bleu", Jérôme Savary s'amuse à transformer le mal en bien. Une succession de saynètes où les atours légers de Dame Dombasle ne manquent pas d'atouts.

Qu'on se le dise. Le dernier né des plus 'crazy' des cabarets signé de Jérôme Savary, "Don Quichotte contre l'Ange Bleu", garde cette magie un peu enfantine qu'il nourrit depuis les années 60, depuis son "Grand Magic Circus". Et même si les temps changent, la troupe qui l'accompagne aujourd'hui montre une même frénésie à s'amuser de tout, comme ses "Grands animaux tristes" qu'il avait créés à l'époque. C'est comme cela qu'il faut prendre ce spectacle, comme un divertissement de qualité qui, en plus, s'amuse de lui-même. Ce qui lui permet d'envoyer quelques piques ici et là dans l'actualité politico-culturelle.

L'histoire de ce Don Quichotte tient avec trois bouts de ficelles. Le héros à la triste figure (Joan Crosas dans le rôle) est perturbé dans ses lectures par l'arrivée inopinée d'une affiche de Daisy Belle (Arielle Dombasle) aux seins provocants, image plantée au beau milieu du paysage de sa Mancha bien aimée. Il part illico sur sa Rossinante (sacré cheval sur le plateau), accompagné de son Sancho Panza (Frédéric Longbois) qui se montre déjà accro à la gaudriole, pour porter la guerre contre ce nouveau moulin aux "poumons" choquants.

A Paris, ambiance French Cancan et cabaret de la Butte avec petites pépées et autre "désossé", un contorsionniste pas si "bourré d'arthrite" que cela. Quichotte débarque dans le Moulin Rose, local où règne sans partage le Maître de Cérémonie (Jérôme Savary) qui mène la vie dure à sa grande racoleuse, la star Daisy.

Savary, qui sait y faire, truffe sa comédie très musicale de gags plus ou moins relevés (le pouvoir des chats, et le pouvoir d'achat...). Il offre à son Ange un répertoire musical très large depuis le célèbre "Falling in love again", version anglaise de la chanson interprétée, en allemand à l'origine, par Marlène Dietrich dans l'"Ange Bleu", jusqu'au "Alabama Song" de Kurt Weil en passant par d'autres étonnantes interprétations d'Arielle Dombasle entre classique et pop ou chanson coquine (elle reprend Colette Renard, "Je m'fais briquer le casse-noisette"...).

Dame Dombasle est affublée de tenues toujours sexy et délirantes malgré les petites superficies de tissus utilisées. Ses complices sur le plateau (pianiste et guitariste compris) ne sont pas en reste comme Frédéric Longbois (Sancho), une sacrée voix aussi, qui n'hésite pas à concurrencer Mme de Fontenay! Quant à l'excellent "Qui Qui", le héros baisse bien les armes, mais pour Daisy un peu trop... Bref, en à peine plus d'une heure et demi, la cause est entendue. Et quand Nina Savary (une de ses filles) interprète superbement "All you need is love" avant le final voluptueux de Daisy/Dombasle, on a tout compris.

Au Théâtre de Paris. Renseignements et réservations: 01 48 74 25 37.

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