Rejet de la motion de censure de l'opposition à l'Assemblée nationale

A l'issue d'un débat animé, la motion de censure déposée par les partis de gauche contre la politique "atlantiste" de Nicolas Sarkozy a été rejetée. François Fillon fustige "l'anti-américanisme primaire" de l'opposition.

Sans surprise, l'Assemblée nationale a rejeté ce mardi une motion de censure de l'opposition contre le gouvernement qui dénoncait "l'obsession atlantiste" du président Nicolas Sarkozy après l'annonce de l'envoi de renforts militaires en Afghanistan. La motion de censure, la première de la législature et du quinquennat, a recueilli 227 voix, venant des rangs socialistes, radicaux de gauche, Verts et communistes auxquels s'était joint le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan.

Il lui en fallait 288 au minimum pour être votée. Cette motion n'avait aucune chance d'être adoptée, le groupe UMP disposant à lui seul de la majorité absolue à l'Assemblée nationale.

Confronté à des attaques vives de l'opposition, François Fillon a dénoncé l'absence de "plan sérieux" de cette dernière pour l'Afghanistan et récusé ses accusations de "dérive atlantiste" qu'il apparente à de "l'anti-américanisme primaire". Galvanisée par sa victoire aux élections municipales et cantonales, la gauche avait décidé de passer à l'offensive sur le chapitre de la politique étrangère pour dénoncer la "double rupture" stratégique et diplomatique de Nicolas Sarkozy.

"L'opposition ne manquait pas de raisons pour mettre en cause aujourd'hui la responsabilité de votre gouvernement", a dit François Hollande en ouvrant le débat de censure, citant "l'erreur du paquet fiscal, la dérive préoccupante des déficits, le plan de rigueur dont vous n'osez même pas prononcer le nom".

"Nous avons voulu placer notre débat de censure sur les graves décisions que le président vient de prendre à l'occasion du sommet de l'Otan à Bucarest", a expliqué le premier secrétaire du PS, faisant référence aux annonces de l'envoi de 700 militaires français supplémentaires en Afghanistan et du retour, sous conditions, de la France dans le commandement intégré de l'Alliance atlantique à l'horizon 2009. "Il ne s'agit pas d'une inflexion ou d'une accélération, et encore moins d'une affaire de circonstance. Il s'agit bien d'une double rupture: rupture dans l'usage de nos forces en Afghanistan, rupture dans le consensus sur l'Otan établi dans notre pays depuis 1966", a estimé François Hollande.

"Le sujet est suffisamment grave pour ne pas se lancer dans des recommandations si peu étayées. Si elles le sont, nous les écouterons avec intérêt. Sinon, il faudra considérer votre initiative comme une affaire tristement partisane", a répliqué François Fillon, déplorant l'absence de "plan sérieux" du PS.

"Avant d'être tournée contre mon gouvernement, cette motion de censure est tournée contre ceux qui décidèrent avec courage et lucidité d'engager la France dans un processus certes difficile, mais juste", a-t-il souligné, rappelant que la décision d'intervenir en Afghanistan avait été prise en 2001 par Jacques Chirac et son Premier ministre socialiste Lionel Jospin.

"Nous ne sommes pas là-bas pour du pétrole ou pour signer des contrats. Nous sommes là-bas pour promouvoir des valeurs et assurer notre sécurité collective", a insisté le Premier ministre. "Le retrait, ce serait la défaite (...) En somme, nous laisserions à nos alliés le soin de régler l'affaire, laissant ainsi entendre que leur victoire ou celle d'al-Qaïda et des Talibans ne nous empêcherait pas de dormir", a-t-il poursuivi.

Quant aux "interprétations partisanes" de la mission afghane, "l'alignement atlantiste" fustigé par la gauche, "qui peut croire que les décisions du président s'attachent aux desiderata des Etats-Unis?", a-t-il lancé. "L'opposition nous accuse d'atlantisme, façon aimable de nous présenter à la solde de George Bush. Chacun l'aura compris, il s'agit pour eux de surfer sur l'un de nos travers les plus discutables: l'anti-américanisme primaire", a-t-il dit.

A François Hollande, qui juge la perspective d'une réintégration dans l'Otan "fâcheuse et inopportune", François Fillon a opposé sa vision d'une Alliance "instrument du droit international" et "non outil d'un interventionnisme unilatéral". "Pour la France, une Otan rénovée est compatible avec une Europe de la défense renforcée", a-t-il souligné, invoquant pour illustrer cette équation les interrogations stratégiques passées de François Mitterrand.

"Indépendante mais fidèle à ses alliances, la France fait entendre son message universel (...) Libre à la gauche de censurer le gouvernement. Elle ne censurera pas la France que nous aimons", a conclu le Premier ministre.

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