Télévision publique : polémique autour du choix du patron par le gouvernement

Au lendemain du discours présidentiel sur la Nouvelle Télévision publique et l'annonce de la nomination du patron de France Télévisions par le gouvernement avec "avis conforme" du CSA, les critiques fusent. Beaucoup dénoncent un retour en arrière, du temps de l'ORTF.

Le mode de financement de la Nouvelle Télévision publique n'est plus le seul motif de contestation; il y a désormais le choix du patron de France Télévisions. En effet, après avoir reçu le rapport Copé chargé de réfléchir sur l'avenir de la Télévision Publique, le chef d'Etat Nicolas Sarkozy a notamment modifié l'une des mesures préconisées. Et pas la moindre: la nomination du PDG de France Télévisions. Alors que les membres de la Commission présidée par Jean-François Copé préconisaient une nomination par le conseil d'administration, le président de la République a annoncé qu'il envisageait plutôt le choix du patron par le gouvernement "après avis conforme" du Conseil supérieur de l'audiovisuel et sous réserve qu'une majorité qualifiée de parlementaires n'y fasse pas obstacle". Depuis, beaucoup dénoncent un fâcheux retour en arrière et les réactions fusent.

Chacun y est donc allé de sa petite formule. François Bayrou (MoDem) a aussitôt dénoncé "un plan de mise sous contrôle de la télévision" dont le président "va être nommé par le pouvoir". Dans le rang des socialistes, Jack Lang a parlé de régression et Arnaud Montebourg, de "propagande". La secrétaire nationale du parti communiste (PCF), Marie-George Buffet parle de "reprise en main". Pour l'association de défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontières, cette mesure est "inacceptable" et "inquiétante"

Même au sein du gouvernement, une voix divergente est ressortie: celle de Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes pour qui cette idée a "un parfum de Vème République du début".

Egalement dans le camp des "contre", Hervé Bourges, l'ancien président de France Télévisions, de TF1 et du CSA. Selon lui, "on montre que c'est l'Etat qui sera le vrai décideur". "On rétablit la ligne de téléphone directe qui existait entre le ministre de l'Information et la télévision du temps de l'ORTF", la radio-télévision d'Etat jusqu'en 1974, déplore pour sa part le député socialiste Claude Bartolone.

Dans le camp des "pour", le Premier ministre François Fillon a plutôt critiqué le système actuel qui n'"a jamais été indépendant et autonome". "Je pourrais développer, at-t-il déclaré, longuement devant vous tout le caractère hypocrite du système actuel de nomination du président de France Télévisions".

Un avis partagé par Arnaud Mercier, professeur à l'université de Metz et spécialiste des médias. "Dans les faits, il y avait une forme de séparation assez lâche entre le pouvoir et la télévision publique, puisque le CSA reste à domination politique. On peut dire que c'est la fin d'une certaine hypocrisie". De son côté, Christine Albanel se veut rassurante: "Il y a suffisamment de verrous et de contrôle pour qu'on ne puisse pas parler de prise de contrôle du pouvoir. (...). C'est une absurdité, ce n'est absolument pas l'objet de cette loi (...) Il est logique que l'actionnaire nomme les dirigeants de France Télévisions".

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.