La Poste veut atteindre 2 milliards d'euros de résultat d'exploitation en 2012

Le groupe dirigé par Jean-Paul Bailly affiche des ambitions raisonnées pour son nouveau plan quinquennal. Avec une nette amélioration de ses ratios financiers.

La Poste vient de présenter son plan stratégique 2008-2012 baptisé Performance et Confiance. Il succède au plan 2003-2007 "performances et convergences" qui visait à amener le grand opérateur postal français à quelques encablures de ses grands concurrents comme la Deutsche Post et la néerlandaise TNT par l'effort de tout le personnel. C'est désormais presque chose faite et le président de La Poste, Jean-Paul Bailly, veut maintenant aller plus loin.

Plus loin, cela veut dire d'abord porter le chiffre d'affaires du groupe de quelque 21,5 milliards d'euros attendus cette année à 23,2 milliards soit une progression de 8%. Plus loin également en terme de rentabilité avec un résultat d'exploitation qui était de 942 millions fin 2006 (on connaîtra le 27 mars le chiffre pour 2007) et que la direction veut amener à deux milliards en 2012. Le ratio de dette nette sur capitaux propres doit également avoir été ramené de 2,26 en 2006 à moins de 1,8 à fin 2007 et surtout à moins de 1 à fin 2012.

Derrière ces objectifs, La Poste nourrit une ambition: après avoir presque rattrapé ses grands concurrents européens en terme de ratio financier, elle rêve de les doubler. Ce sera dur pour TNT qui affiche une marge d'exploitation 2007 de 10,8% mais c'est à sa portée face à la Deutsche Post qui ressort à 5% (contre près de 6% prévus pour La Poste) et 6% en excluant les charges financières que la poste allemande a dû passer pour digérer les problèmes de sa filiale aux Etats-Unis.

Pour réussir cette performance, La Poste va évidemment devoir se bouger : améliorer encore la qualité de services en matière de courrier et de colis, diversifier son offre, répondre au pari des nouvelles technologies et dans le secteur financier où existe désormais La Banque Postale, obtenir de pouvoir distribuer des crédits à la consommation, de l'assurance dommages (IARD) et conclure davantage de partenariats.

Cette marche vers 2012 ne sera évidemment pas un long fleuve tranquille. Car l'univers concurrentiel de La Poste évolue en permanence: banalisation attendue du Livret A, ouverture totale à la concurrence du courrier en Europe en 2011, autant de mouvements qui font que La Poste va progressivement passer d'un monde où elle est en concurrence à hauteur de 70% de son activité à un univers 100% concurrentiel dans lequel le mot monopole ne sera plus en théorie qu'un souvenir.

Pour autant, Jean-Paul Bailly n'a pas l'intention de vouloir contester les obligations de service public qui incombe encore à la Poste : service universel postal, distribution (à perte) de la presse, Livret A, contribution à l'aménagement du territoire. Il entend simplement qu'elles soient chiffrées à leur vraie valeur et que leur financement soit clarifié. Pour que la compétition soit équitable.

Le patron de La Poste résume cette stratégie par une formule : "nous sommes un groupe de services, un groupe qui a beaucoup progressé au cours des cinq dernières années, encore en construction et en devenir, avec une stratégie relativement claire, ce qui est plutôt une exception dans le monde postal et perçue comme telle."

A ses yeux, la réussite de son groupe passe 'par la stratégie de chacun des métiers", le courrier, le colis et l'express, la banque. "La Poste n'est pas perçue à la hauteur d'EDF ou de la SNCF, elle n'est pas un objet de fierté nationale. Il n'y a pas de raison. Et nous sommes capables de démontrer que plus l'entreprise est performante, meilleurs sont les services publics rendus." Les clients qui fulminent dans les queues aux guichets pourront vérifier dans le smois qui viennent si La Poste réussit son pari de supprimer ses lourdeurs et problème internes.

"Notre ambition est assez bien perçue par les postiers" assure Jean-Paul Bailly. Un point essentiel car la mue de La Poste ne pourra se faire sans l'adhésion et l'énergie de son personnel... qui va toucher pour la première fois de l'intéressement, qui a fait l'objet d'un accord avec les syndicats sans que les deux grandes organisations majoritaires, la CGT et Sud, ne s'y opposent même si elles ne l'ont pas signé. Peut-être le signe que les choses en train de changer à La Poste...

Alliance avec Air France-KLM dans le colis

La Poste n'a pas voulu en faire de publicité mais elle a conclu un accord important avec Air France-KLM qui peut lui permettre de jouer une partie intéressante à l'international et même de "faire de La Poste un acteur mondial dans le métier du colis dans les dix ans à venir" souligne Paul-Marie Chavanne, directeur général délégué, directeur du colis. Cela impliquera de réussir à coopérer sur le terrain, y compris sur les aéroports. Ce plan de marche va voir La Poste lutter non seulement avec ses grands concurrents européens comme DHL, filiale de la Deutsche Post, ou TNT, la poste néerlandaise, mais aussi avec les grands américains, les "integrators" Fedex - avec qui La Poste a tenté de coopérer au début des années 2000 avant de renoncer faute d'accord sur les tarifs - et UPS qui peinent à se développer en Europe. Ce développement international passe aussi par de nouveaux territoires : de la Russie avec un récent accord de coopération à l'Afrique du Sud avec une récente acqusition en passant par l'Inde où La Poste est en négociation et le Japon avec des discussions avec la grande poste nipponne via le réseau commun KPG. Une réflexion est même en cours concernant l'Amérique du Sud.

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