Après s'en être pris avec un indéniable succès de librairie au monde des affaires ("Le capital", 2004) puis à celui de la politique ("Le manifeste" 2006), Stéphane Osmont termine sa trilogie dynamiteuse en s'attaquant à l'univers des médias, plus particulièrement celui tissé par la Toile. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que la couverture de ce livre est un miroir déformant.

Evariste Kowalski est un machiavélique "conseil en conseils", un spin doctor des plus réputés qui le matin fait de la stratégie, l'après-midi du lobbying, le soir de la médiatisation et la nuit de la désinformation. Sa jouissance est de défaire ce qu'il vient de faire. Et ce, à l'aide de rumeurs, de bidonnages, d'intoxications, d'inventions, de délires, bref toutes saloperies bonnes à répandre sur le nouvel outil universel de communication, Internet.

A l'aide d'un génial informaticien, il sème la tempête collective de scoops oiseux et d'informations tronquées, sortes d'expéditions punitives dans le cercle, pas si restreint, des adorateurs d'eux-mêmes. Ici, il complote un assassinat people, là il fait chanter les ténors du Cac 40, ici il se joue des oligarques russes, là il met en cause un ministre... Politiciens, journalistes, entrepreneurs, artistes, tous ont une cible électronique dans le dos: Evariste fait mouche.

Dans la continuité de ses deux premiers romans, Stéphane Osmont, qui a lui-même professionnellement trempé dans ces eaux boueuses, décrit d'une plume acerbe une société manipulatrice, et chapitre après chapitre, monte en régime voire en surrégime, faisant de son livre une charge é-nor-me. Si parfois la farce est un peu épaisse, le style, alerte, et le fond, cynique, donnent au livre un indéniable plaisir de lecture.

"L'idéologie" de Stéphane Osmont, Grasset, 326 pages, 19,90 euros