Une hausse des prix menace les carburants, le débat sur les marges des distributeurs est relancé

L'Union française des industries pétrolières (Ufip) annonce une hausse éventuelle de 3 à 4 centimes par litre des prix à la pompe mi-janvier, du fait des cours historiquement hauts du pétrole. Dans le même temps, l'association UFC-Que Choisir dénonce l'accroissement des marges des distributeurs. Christine Lagarde, ministre de l'Economie, affirme qu'elle sera vigilante sur l'application de l'engagement des distributeurs, pris en novembre, de lisser les hausses des carburants.

Une augmentation de 3 à 4 centimes par litre du prix de l'essence à la pompe est à prévoir mi-janvier, selon l'Union française des industries pétrolières, si le prix du baril devait se maintenir autour de 100 dollars. "Si on se maintient à 98-100 dollars le baril de brut, il y aura un impact à la mi-janvier. Cela correspondrait à 3 à 4 centimes de plus pour chaque litre de carburant", que ce soit le gazole, l'essence ou le fioul domestique, par rapport à la moyenne de décembre, a indiqué Jean-Louis Schilansky, délégué général de l'Ufip.

Le gazole, "qui est le carburant le plus demandé en hiver", risque d'être le plus sensible à cette hausse. En décembre, les prix moyens du litre à la pompe était de 1,2035 euro pour le gazole, 1,3297 euro pour le litre d'essence (SP95), et 0,7706 euro pour le litre de fioul.

Les prix des carburants avaient franchi des records ces dernières semaines: le gazole à 1,2278 euro le litre le 26 novembre, l'essence à 1,3450 euro le 12 novembre, et le fioul à 0,7866 euro le 3 décembre. Lundi, le litre d'essence valait 1,3402 euro, le litre de gazole 1,2084, et le litre de fioul 0,7798.

"Un hiver froid continu et des tensions géopolitiques" ont contribué à cette hausse des prix, a expliqué le dirigeant de l'Ufip, bien qu'il estime que le marché de la distribution de carburant soit resté "très concurrentiel" en France.

"Il y a toute une chaîne de répercussion du prix du brut, depuis le marché de gros des produits raffinés de Rotterdam (Pays-Bas) et la vente en station-service", a rappelé Jean-Louis Schilansky, expliquant que les prix à la pompe ne devraient pas augmenter avant deux semaines.

Dans le même temps, l'association UFC-Que Choisir dénonce la hausse des marges de distributeurs en France. Dans un communiqué, l'association rappelle que les distributeurs s'étaient engagés à amortir les hausses de prix à la pompe.

"Les distributeurs de carburant n'ont pas tenu les engagements qu'ils avaient pris le 10 novembre auprès de la ministre de l'Economie", Christine Lagarde. Les distributeurs avaient alors renouvelé leur promesse de freiner l'envolée des prix des carburants à la pompe, selon l'association de consommateurs.

Cette marge est la différence entre le prix du carburant sur le marché de Rotterdam et son prix hors taxe facturé en France. En décembre, elle a atteint 8,8 centimes d'euro par litre d'essence et 9,5 centimes par litre de gazole, contre 8,3 et 7,2 centimes en novembre, et 7 centimes pour chaque carburant en octobre, relève l'UFC, citant les chiffres de l'Ufip.

L'association juge "pour le moins déplacé de la part du distributeur d'augmenter sa rémunération" à "l'heure où le prix des carburants bat des records", en rappelant que "la hausse des marges de distribution s'ajoute à l'océan des profits qui sont réalisés sur les activités d'exploration-production et de raffinage".

A ces critiques, le dirigeant de l'Ufip répond que la hausse de la marge des distributeurs de carburants en France en décembre était "conjoncturelle".

Admettant que la distribution des carburants est un secteur "globalement plus concurrentiel en France que dans les autres pays européens", et que "les marges de distribution (y) sont comparativement modérées", l'UFC-Que Choisir dénonce "la vacuité des réunions entre un ministre de l'Economie et les groupes pétroliers".

Se plaçant en arbitre du conflit, la ministre de l'Economie déclarait ce jeudi matin être "contente qu'on ait négocié avec les producteurs-distributeurs de pétrole au mois de novembre pour obtenir de leur part un engagement de répercuter les baisses immédiatement et de lisser les hausses. C'est ce qu'ils font actuellement". Elle affirme également que son ministère sera "extrêmement vigilant pour s'assurer que c'est bien le cas."

Le baril de brut a atteint mercredi le record des 100 dollars. Jeudi matin, dans les échanges électroniques en Asie, le baril de "light sweet crude" reculait de 43 cents à 99,19 dollars.

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