L'UMP salue le plan Sarkozy, la gauche et les syndicats le pilonnent

Dans la majorité et à la CGPME, on salue les mesures d'économie annoncées par Nicolas Sarkozy. Sans surprise, les syndicats et partis de gauche sont assez critiques.

L'UMP a estimé ce vendredi après-midi qu'"efficacité et justice sous-tendent les réformes" annoncées par Nicolas Sarkozy dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP). Cela "répond ainsi à l'attente des Français qui sont près de 80% à réclamer des économies du train de vie de l'Etat", ont déclaré dans un communiqué les trois porte-parole du parti, Chantal Brunel, Frédéric Lefebvre et Dominique Paillé.

"Réduire les déficits, c'est défendre le pouvoir d'achat des Français. Si notre pays dépensait au même rythme que notre voisine l'Allemagne, c'est 150 milliards d'euros que l'on pourrait rendre aux Français", ont-ils fait valoir. "Pour éviter la rigueur, la président a choisi la réforme", ont-il ajouté. "Si les socialistes veulent être en phase avec nos concitoyens, nous les invitons à cesser leur rengaine sur la rigueur, à choisir d'être constructifs plutôt qu'agressifs. Ils ne seront plus ainsi les seuls socialistes d'Europe à ne pas comprendre qu'un pays moderne n'a pas d'autre choix que de se réformer", ont-ils affirmé.

Le patron des députés UMP, Jean-François Copé, a de son côté salué "la démarche" de la RGPP, soulignant que les députés de la majorité devaient "jouer un rôle éminent dans la pédagogie de la réforme et dans sa mise en oeuvre". "Alors que le poids des dépenses publiques constitue actuellement un frein à la croissance de notre pays, il est indispensable de rechercher des économies, en particulier au niveau de l'Etat, pour parvenir à l'équilibre des comptes publics en 2012", déclare-t-il dans un communiqué.

"Les députés UMP saluent la volonté du président de la république de conduire l'ensemble de ces réformes en tenant compte des nécessités de l'aménagement du territoire", ajoute-t-il après le discours de Nicolas Sarkozy. "Préparant l'association étroite du parlement à la conduite de la réforme de l'Etat, réaffirmée" par le chef de l'Etat, le groupe UMP organisera le 17 avril, dans le cadre de sa "niche" parlementaire, "un débat" sur la RGPP.

En revanche, les Jeunes Centristes (Nouveau Centre) se sont déclarés "quelque peu perplexes" quant à l'impact sur l'endettement public des mesures annoncées par Nicolas Sarkozy pour réformer l'Etat. Il faut "avoir le courage de prendre des initiatives fortes en matière de réduction de la dette et déficits publics, qui doivent être à la hauteur des attentes de notre jeunesse, de nos partenaires européens et de l'ensemble de nos concitoyens", affirme dans un communiqué le président de ce mouvement, Damien Abad.

Les Jeunes Centristes en appellent à "la mise en place d'un Grenelle de la dépense publique", ajoutant que devant "une telle dégradation de nos comptes publics, nous ne pouvons nous contenter de mesurettes".

La CGPME (confédération syndicale des PME) s'est dite "favorable" aux mesures d'économie présentées par Nicolas Sarkozy pour réduire les déficits publics, soulignant notamment que le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux allait "dans le bon sens". La CGPME "est favorable aux mesures d'économie annoncées" et "souligne la nécessité impérative de parvenir a minima à l'équilibre budgétaire, ce qui est loin d'être le cas", indique-t-elle dans un communiqué.

"La réorganisation générale de l'Etat et le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux vont donc dans le bon sens, les dépenses de fonctionnement étant avec le service de la dette, le premier poste de dépenses de l'Etat", ajoute-elle. En revanche, la CGPME "insiste sur l'absolue nécessité de la baisse des prélèvements obligatoires, condition sine qua non de la compétitivité des entreprises françaises et condition indispensable au retour de la croissance".

L'ancien ministre Jean Arthuis, président de la commission des Finances du Sénat, a estimé que les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy allaient dans le bon sens mais qu'il fallait aller plus loin dans les économies pour parvenir à l'équilibre budgétaire en 2012. "Nous sommes dans la bonne direction, mais ça ne peut être qu'une étape et il faudra aller plus loin", a déclaré l'ancien ministre des Finances sur LCI.

"Pour aller à l'équilibre en 2012, il va falloir aller beaucoup plus loin dans la réduction d'un certain nombre de dépenses", a-t-il ajouté. "Il faut aussi se préoccuper de la compétitivité (des entreprises). Or, la France a perdu de la compétitivité. Il ne va pas falloir non plus tarder à prendre des décisions fortes pour contribuer à la compétitivité", a dit encore Jean Arthuis.

A gauche, le ton est évidemment différent, nettement plus critique.

La méthode utilisée pour mettre en place de la RGPP "méconnaît les principes du dialogue social", a regretté le syndicat Unsa-Fonctionnaires, condamnant les "mesures brutales qui en découlent". Le syndicat estime que la RGPP est "une mauvaise réponse au défi de la modernisation". "Le président et le gouvernement se sont engagés dans une méthode qui méconnaît les principes même du dialogue social fondé sur une réelle concertation avec les organisations syndicales représentatives", déplore le syndicat.

"Les mesures brutales qui en découlent, assises sur une approche essentiellement budgétaire", n'apparaissent pas "de nature à répondre de façon satisfaisante au défi que représente l'offre d'un service public de qualité à l'ensemble des citoyens sur la totalité du territoire", ajoute l'Unsa. De plus, elles méconnaissent "les personnels en les plaçant dans des situations dégradées au regard de l'exécution de leurs missions et de leurs conditions de travail", et risquent "in fine de nuire à la qualité du service rendu aux usagers".

Les économies annoncées vendredi dans le cadre de la RGPP vont se faire au détriment des administrations et des services publics, a affirmé pour sa part Solidaires. Ces économies "vont compromettre un peu plus le fonctionnement de nombre d'administrations et de services publics et désertifier encore plus certaines zones de toute présence administrative ou sociale", a déploré le syndicat dans un communiqué. De plus, elles vont "aggraver le chômage, en particulier chez les jeunes", car "ne pas remplacer un départ en retraite sur deux dans les administrations, c'est laisser autant de jeunes sans emploi", soutient Solidaires.

Pour le syndicat, ces nouvelles "mesures de rigueur" sont à mettre "en parallèle avec les cadeaux fiscaux contenus dans le paquet fiscal (15 milliards d'euros) et en relation avec les exonérations de cotisations sociales consenties aux entreprises (plus de 20 milliards d'euros)". "Il n'y a pas d'argent pour certaines dépenses sociales et collectives, mais il y en a toujours pour réduire les contributions des plus riches", s'étonne le syndicat, qui affirme qu'"en réalité, la France n'a jamais été aussi riche, mais ses richesses ont rarement été aussi injustement et inefficacement réparties".

De son côté, la CGT a estimé que le gouvernement imposait une "politique d'austérité" et une "régression des politiques publiques". "On ne peut pas récuser l'idée de mieux utiliser les moyens publics (...) mais ici nous sommes sur un autre registre, c'est une amputation de pratiquement 7 milliards des moyens de fonctionnement dans un certain nombre de secteurs essentiels", a déclaré Jean-Christophe Le Duigou, un des secrétaires confédéraux de l'organisation.

"Le gouvernement impose une politique d'austérité", selon Jean-Christophe Le Duigou, qui s'est dit "préoccupé pour les usagers des services publics et les politiques publiques". "Ce qui est programmé, bien au-delà du débat sur l'austérité, c'est une véritable régression de politiques publiques dans un certain nombre de domaines", a-t-il ajouté. Jean-Christophe Le Duigou a par ailleurs déploré que "ni les usagers, ni les citoyens, ni les fonctionnaires, ni les organisations syndicales n'aient été associés à l'élaboration de ces réformes", a-t-il souligné.

"C'est finalement une approche technocratique par le mauvais bout, on commence par les économies, on discutera peut-être ensuite des missions publiques", a déclaré le leader syndical. "Je crois qu'en réalité il y a fort à parier qu'une politique de ce type débouche demain sur plus de déficits et non sur une réduction, comme le souhaite le président de la république", a-t-il conclu.

"Nicolas Sarkozy annonce une série de mesures d'économies budgétaires dans le cadre du conseil de modernisation des politiques publiques. Sans surprise un mot les caractérise: celui de la rigueur", a déclaré le PC dans un communiqué. Selon le parti communiste, "ces annonces vont, à coup sûr, aggraver la situation de la très grande majorité des Français, et particulièrement celle des plus fragiles, qui sont les premières victimes de la crise économique et sociale et que vit le pays en ce moment". "Cette semaine, George W. Bush a comparé Nicolas Sarkozy à la dernière apparition d'Elvis Presley, il s'agirait plutôt aujourd'hui de la version 1976 de Raymond Barre, celle du "Père la rigueur", conclut-il.

Le parti socialiste a estimé que Nicolas Sarkozy "a confirmé la rigueur présente et à venir" dans son discours sur la modernisation des politiques publiques et a accusé le chef de l'Etat d'avoir davantage "dissimulé" les prochaines mesures d'économies qu'il n'en a annoncé. "La conférence de presse du président, c'était une confirmation de la rigueur présente et de la rigueur à venir", a affirmé à la presse le secrétaire aux élections, Bruno Le Roux, s'exprimant au nom du PS.

"Il s'agit d'une "confirmation d'une méthode dangereuse et inefficace pour la réforme de l'Etat", a-t-il ajouté. "Il semble que la fonction publique devienne la principale variable d'ajustement des erreurs de gestion de l'Etat" à travers "une formule aberrante et bornée qui est le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux", a-t-il dénoncé. Selon le député de Seine-Saint-Denis, le président "n'a pas fait le choix d'un Etat plus efficace, mais d'un Etat moins présent, moins acteur des politiques".

Le député PS, Jean-Christophe Cambadélis, a affirmé que les mesures d'économies annoncées par Nicolas Sarkozy dans le cadre de la modernisation des politiques publiques faisaient entrer la France dans "l'austérité rampante". "Le premier volet de l'austérité touche tous les aspects de la vie quotidienne des Français" et "a pour but de faire patienter nos partenaires européens", a estimé le député de Paris dans un communiqué.

Selon lui, "le gouvernement Fillon, confronté à la baisse de la croissance et aux cadeaux fiscaux, devra trouver de nouveaux prélèvements tout en faisant supporter aux collectivités locales une part de ses erreurs". "Chacun le sait, nous sommes dans l'austérité rampante", a-t-il ajouté.

Nicolas Sarkozy a dissimulé les décisions négatives pour les Français sous "les beaux habits de la réforme" lors du conseil de modernisation des politiques publiques, a estimé l'ancien ministre de l'Economie, Michel Sapin. "Il y aura 7 milliards d'annulation de crédits dès cette année et pour le reste il faut trouver 10 milliards d'économies supplémentaires", a affirmé sur LCI le secrétaire national du PS chargé de l'économie.

"On est là dans des choses pas du tout mineures mais qui n'ont aucun effet important en termes de rééquilibrage de comptes publics", a-t-il ajouté, estimant que les partenaires européens avaient dû écouter le chef de l'Etat "un peu atterrés". "On voit bien que c'est une forme d'échappatoire (...) Parler de 2011-2012 sans dire par ailleurs ce qu'ils vont faire dès cette année, c'est une sorte de dissimulation, derrière le discours de la réforme, d'un certain nombre de décisions qui sont aujourd'hui programmées et qui vont nous tomber dessus", a-t-il accusé.

Enfin, l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius a estimé que le président confondait "réforme de l'Etat" et "régression de l'Etat" avec le plan de rationalisation, assorti d'économies, annoncé. Laurent Fabius a accusé sur RTL Nicolas Sarkozy d'avoir "une espèce de vision ultralibérale" qui "n'a plus cours nulle part".

"Le gouvernement a contribué à créer les difficultés" avec le "boulet fiscal, le paquet fiscal" et "maintenant il écope en fermant partout les services de l'Etat" : "on va avoir des professeurs en moins, des infirmières en moins, des policiers en moins, plus de difficultés pour les collectivités locales. Je pense que cela va se traduire par un tour de vis supplémentaire très durement vécu et probablement pas efficace", a reproché le député de Seine-Maritime.

Il a comparé cette attitude à celle du "sapeur Camember" qui "creusait des trous pour combler les trous qui avaient déjà été faits". "Le gouvernement creuse un trou de 15 milliards d'euros par an et, après, dit: comment est-ce que je pourrais combler ce trou ? La logique voudrait qu'on évitât de creuser ce trou", a insisté l'ancien chef du gouvernement. Selon lui, "il faut revenir sur une partie importante" du paquet fiscal, y compris sur la détaxation des heures supplémentaires qui "ne sont pas efficaces".

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