Frères à la vie à la mort

Dans "Les liens du sang", Jacques Maillot tricote avec empathie un polar aux mailles très serrées qui suit la trajectoire divergente de deux frères on ne peut plus dissemblables: l'un flic, l'autre voyou. Un film dans la meilleure veine du cinéma français, servi par deux acteurs exceptionnels: François Cluzet dans le rôle de la petite frappe au grand coeur et Guillaume Canet dans celui du justicier inflexible.

Avec son précédent et premier long métrage, "Nos vies heureuses" (1999), Jacques Maillot avait fait bonne impression par une manière empathique de filmer les gens ordinaires. Comme son titre l'indique "Les liens du sang" traite d'une histoire familiale, d'une fratrie plus précisément, inspirée du livre "Deux frères, flic et truand", de Michel et Bruno Papet.

L'un a été bandit, l'autre commandant honoraire de police. Dans le livre, ils racontent leurs itinéraires divergents avant de se retrouver et de s'interroger sur cette bizarrerie de la consanguinité qui malgré des routes opposées les réunit toujours.

Après les avoir longuement consultés, Maillot est allé plus loin que le récit biographique de cette fratrie pas banale et a imaginé un polar basé sur cette relation d'amour-haine dont les deux frangins veulent tour à tour se libérer en vain. Plein d'émotion sans tomber dans le mélo, le film situé dans les années 70 reconstituées avec minutie (la coiffure, l'habillement, le design...) est servi par un scénario très dense et par un duo d'acteurs exceptionnels: Guillaume Canet qui joue François, le flic, et François Cluzet, Gabriel, le truand.

Loin d'être monolithiques, les deux personnages sont vus dans toute leur complexité, le flic se montrant plus sensible qu'il ne paraît de prime abord, le truand plus humain que ne le suppose la lourde condamnation qu'il vient de purger. Avec ce film Jacques Maillot retrouve la meilleure veine du cinéma français, celle des Melville, Verneuil, Corneau... et ses acteurs ne dépareraient pas face à Gabin, Ronet, Ventura.

Lorsqu'ils se retrouvent, les deux frangins ont tous les deux atteint la maturité: Gabriel sort de dix ans de tôle accomplis sans que son frère cadet ne s'intéresse à son sort. Mais le plaisir des retrouvailles est le plus fort et passant outre la honte que son aîné, qui fut son idole et l'a cruellement déçu, lui inspire, le flic se met en quatre pour favoriser la réinsertion de son frère qui peine à trouver un travail et à mener une vie normale. Autant l'un est solitaire, taciturne, introverti, sans vie affective, autant le truand est expansif et joli coeur, il trouve d'ailleurs chaussure à son pied dès le premier pas hors de la prison.

Chassez le naturel il revient au galop, le truand, après avoir tout tenté pour se réinsérer et résisté aux avances faites par ses anciens amis, finit par reprendre contact avec le milieu qui a été la cause de sa perte et qui lui fournit des occasions d'argent facile. Le flic, de son côté, entrevoit immédiatement le danger de cette rechute et, exaspéré, coupe les ponts.

Les choses n'en resteront pas là. Car de péripéties en rebondissements, de trahisons en reniements, les trajectoires des deux frères vont à nouveau se croiser. Et le plus fragile ne sera pas celui que l'on croit.

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