Le dalaï-lama en visite en France ne reçoit pas la bénédiction de l'Elysée

La visite du chef spirituel tibétain en France "a une vocation essentiellement pastorale" apprend-on de l'entourage du Dalaï lama. Le prix nobel de la paix ne rencontrera pas Nicolas Sarkozy alors que les relations franco-chinoises sont en voie de normalisation.

Le chef spirituel tibétain entame ce mardi une visite de douze jours en France au cours de laquelle il ira à la rencontre de la communauté de fidèles estimée à un million de personnes dans l'hexagone. Alors que la venue de Nicolas Sarkozy à Pékin pour la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques (J.O.) était officiellement conditionnée à la reprise du dialogue entre les autorités chinoises et les émissaires du dalaï lama, les deux hommes ne se verront pas lors du passage de ce dernier à Paris.

Le dalaï lama sera reçu mercredi 13 août dans un bureau au Sénat par les membres du groupe d'études sur le Tibet (anciennement groupe d'amitié franco-tibétaine) du Sénat et de l'Assemblée. Et il présidera une cérémonie le 22 à Lodève (Hérault) à laquelle devrait assister l'épouse du chef de l'Etat.

L'Elysée a de son côté déclaré "comprendre les raisons qui incitent le dalaï lama à ne pas solliciter d'entretien". Nicolas Sarkozy était à Pékin vendredi pour la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques accompagné du président de l'Assemblée Nationale Bernard Accoyer. Celui-ci a estimé, dans un entretien au Figaro paru lundi que "l'ampleur du malaise entre la France et la Chine a été préoccupante" à la suite des déclarations de la France à propos du Tibet en Mars et des troubles observés lors du passage de la flamme à Paris.

En effet le Dalaï lama est aux yeux des chinois le chef terroriste d'une région séparatiste dissimulé sous des habits de paix. "Un loup à tête d'homme" d'après les autorités. Cela dit le chef spirituel des tibétains n'a pas appelé au boycott des jeux et a même souhaité publiquement leur bon déroulement. Il a déclaré vouloir limiter sa visite en France à sa dimension spirituelle "par respect de la trêve olympique".

En France il partagera son temps entre inaugurations de pagodes et rencontres avec les fidèles. Il est ce mardi à la pagode vietnamienne Khan-Anh d'Evry dans l'Essonne, il rendra visite jeudi à deux congrégations dans l'Orne et dans le Morbihan et se fixe à Nantes dès vendredi pour un cycle d'enseignements boudhiques portant sur l'oeuvre d'un sage indien du IIe siècle.

De son côté l'interprête du dalaï lama, le moine boudhiste français Matthieu Ricard a estimé qu' une rencontre entre le chef spirituel du Tibet et le président de la République pendant les J.O. serait apparue comme "une provocation" avec pour résultat "un durcissement du gouvernement chinois". Et il ajoute que "le dalaï lama ne mélange pas ses casquettes". Il a été investi des pleins pouvoirs par son peuple en 1950 lorsque le Tibet a été annexé par la Chine et vit en exil depuis 1959 dans les confins de l'Himalaya à Dharamsala d'où il plaide non pour l'indépendance du Tibet mais pour que lui soit reconnue une certaine "autonomie culturelle".

Selon l'Elysée, Nicolas Sarkozy est convenu avec son homologue chinois Hu Jintao de ne plus faire de déclaration publique sur le Tibet d'ici la prochaine session de discussions entre Pékin et des émissaires du dalaï-lama, en octobre. En outre le Chef de l'Etat s'est réjoui dimanche de l'accord conclu la veille entre EDF et le groupe électricien chinois Guangdong Nuclear Power Group pour la construction de deux réacteurs EPR.

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