BCE : hausse des taux en perspective en juillet, le dollar plonge face à l'euro , le pétrole grimpe

La Banque centrale européenne a laissé ses taux directeurs inchangés face aux tensions inflationnistes. En revanche, elle pourrait remonter légèrement ses taux lors de sa réunion de juillet, a déclaré Jean-Claude Trichet, ce qui a fait plonger le dollar et grimper le pétrole. La banque a revu à la hausse sa prévision de croissance pour la zone euro.

Alors qu'elle fête ses dix ans, la Banque centrale européenne (BCE) a gardé ce jeudi son principal taux directeur inchangé à 4%, niveau auquel il plafonne depuis exactement un an. La décision d'un nouveau statu quo était chose acquise pour les marchés face aux tensions inflationnistes nourries par le pétrole cher et la croissance appelée à ralentir en zone euro.

De fait, contrairement à la Réserve fédérale américaine puis à la Banque d'Angleterre, la BCE aura traversé jusqu'ici la crise financière sans toucher à ses taux. En revanche, la BCE pourrait remonter légèrement ses taux directeurs lors de sa prochaine réunion en juillet, a déclaré son président Jean-Claude Trichet.

"Il n'est pas exclu que nous décidions de bouger sur nos taux lors de la prochaine réunion", a dit le banquier central lors d'une conférence de presse. Une "légère" hausse de taux, visant à contrer les risques croissants de surchauffe inflationniste, est "possible" mais "pas certaine", a-t-il précisé.

"Nous avons noté que les risques pour la stabilité des prix sur le moyen terme avaient encore augmenté. Les taux d'inflation ont augmenté de manière significative depuis l'automne dernier, en raison notamment de fortes hausses des prix de l'énergie et des produits alimentaires", a poursuivi Jean-Claude Trichet. "L'inflation mesurée par l'IPCH devrait maintenant rester élevée pendant une période plus prolongée qu'on le pensait jusqu'ici. Des risques à la hausse pèsent sur la stabilité des prix à moyen terme dans un contexte de croissance toujours très vigoureuse de la monnaie et du crédit et en l'absence de contraintes significatives sur les prêts bancaires à ce jour. En même temps les fondamentaux économiques de la zone euro sont sains".

"Nous devons rester très vigilants dans ce domaine. Notre message est clair. Nous devons être très conscients du fait que les effets de second tour sont notre ennemi dans des situations comme celle-ci", a encore commenté le banquier.

La réaction des marchés ne s'est pas fait attendre, la Bourse de Paris accusant un net recul juste après ces déclarations. Ces dernières ont aussi pesé sur la parité euro/dollar. Le billet vert a plongé (un euro qui valait la veille 1,5440 est monté à 1,5570 ce jeudi) et par contre-coup, puisque le pétrole est libellé en billet vert, le prix du baril a compensé en grimpant, gagnant presque 6 dollars d'un coup soit 4,85% à 128,2 dollars. Du jamais vu dans les données de l'agence Reuters.

Par ailleurs, la BCE a très légèrement relevé jeudi sa prévision de croissance pour la zone euro pour cette année, mais l'a revue en baisse pour 2009, lors de la publication de ses projections trimestrielles actualisées. Elle prévoit une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1,8% en 2008 et de 1,5% en 2009, a indiqué Jean-Claude Trichet lors de sa conférence de presse à Francfort. En mars, l'institution tablait sur une croissance de 1,7% cette année et de 1,8% l'an prochain.

La zone euro a mieux résisté que prévu à la crise financière au premier trimestre et a affiché une croissance de 0,8% comparée au quatrième trimestre, mais selon Jean-Claude Trichet, elle a profité de facteurs temporaires.

La Banque d'Angleterre laisse son taux à 5%
La Banque d'Angleterre (BoE, Bank of England) a voté elle aussi ce jeudi un statu quo sur son taux directeur principal, qui reste à 5%, à l'issue d'une réunion de deux jours. Le gouverneur de la BoE, Mervyn King, a, à plusieurs reprises, souligné les risques de voir l'inflation déraper. "Le dernier changement de taux était une réduction de 0,25 point de pourcentage (ramenant le taux, ndlr) à 5% le 10 avril", s'est contentée de rappeler la BoE dans le communiqué annonçant sa décision. Dans son rapport trimestriel sur l'inflation publié en mai, la BoE avait estimé que l'inflation pourrait atteindre 4% à l'automne 2008, dépassant largement son objectif de 2%, encouragée par la hausse des prix des matières premières et la flambée du pétrole. Ces derniers mois, la Banque d'Angleterre a opéré trois baisses d'un quart de point, en décembre 2007, puis février et avril face à la crise financière et au ralentissement économique.

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