Xavier Bertrand a annoncé ce mercredi 12 mars le lancement d'une enquête nationale pour mesurer le stress au travail et identifier les secteurs touchés. Le ministre du Travail a aussi annoncé qu'une "veille épidémiologique" sur les suicides au travail serait lancée en 2009 et confiée à l'Institut national de veille sanitaire (Invs), en liaison avec les services de santé au travail et la Cnam (assurance maladie). De même, le ministre indique que les partenaires sociaux doivent se réunir prochainement pour transposer en droit français un accord-cadre européen sur le stress, signé en 2004.

Ces trois annonces font suite à la remise au ministre, ce mercredi, du rapport sur les conditions de travail commandé à deux experts, Philippe Nasse, statisticien et économiste, et Patrick Légeron, médecin psychiatre. Ce rapport, qui présente huit propositions, est "une première étape, qui marque une prise de conscience et une dynamique d'action", déclare le ministre. Celui-ci se fixe l'objectif que "d'ici deux ou trois an la France soit au niveau des pays européens qui apportent les meilleures réponses" en matière de lutte contre le stress. Selon le ministre, le stress est "évalué par le Bureau international du travail à "3 à 4% du PIB" et un quart des arrêts de travail de 2 à 4 mois sont dus à des problèmes psycho-sociaux.

La mise en place d'un indicateur est une des mesures préconisées par les auteurs du rapport. De même, ces auteurs souhaitent, pour lutter contre le stress, combiner les approches managériales et personnelles. Dans une interview à latribune.fr, Patrick Légeron soulignait que les solutions passaient par une remise en cause des processus manégériaux et le développement d'aptitudes mentales.

Les huit mesures du rapport Legeron-Nasse
- Etablir une statistique nationale annuelle, avec la construction, par l'Insee, d'un indicateur "global" d'observation des risques psychosociaux, à partir d'une enquête psychosociale qui évaluera à la fois les conditions sociales de travail et l'état psychologique du sujet.
- Utiliser comme indicateurs spécifiques pour repérer les risques psychosociaux les enquêtes nationales existantes et développer des indicateurs spécifiques supplémentaire - Lancer des expériences pilotes dans la Fonction publique - Analyser le rôle des incitations à la préventions des risques psychosociaux dans le fonctionnement de la branche Accidents du travail et maladies professionnelles de l'assurance maladie (CNAM-TS)
- Recenser les suicides de salariés au travail et procéder à une analyse psychosociale de ces suicides, par des "autopsies psychologiques"
- Lancer une campagne publique d'information sur le stress au travail, à l'initiative des pouvoirs publics, avec la participation des partenaires sociaux
- Former les institutions représentatives du personnel, les DRH et les médécins du travail et renforcer leur rôle. Renforcer les pouvoirs de saisine du CHSCT
- Créer un portail internet pour l'information des chefs d'entreprises et des salariés, notamment pour les aider à développer des actions préventives du stress