Salve de critiques françaises contre la BCE

Tant l'opposition, le monde syndical que le gouvernement dénoncent l'intransigeance de l'institution financière et son refus de réduire les taux d'intérêt dans la zone euro.

Pendant que la crise financière s'aggrave, c'est à un tir nourri de critiques que la Banque centrale européenne (BCE) doit faire face depuis la France. Jean-Claude Trichet, son président, a une nouvelle fois laissé entendre hier au Parlement européen qu'une baisse des taux n'était pas à l'ordre du jour, provoquant une rechute des Bourses européennes.

Dans une interview publiée ce matin dans le Financial Times, le Premier ministre François Fillon a salué la "réactivité" de la Réserve fédérale américaine face à la crise boursière. "La BCE a les mêmes inquiétudes que la Fed et voudra sans doute agir de façon efficace", a-t-il déclaré tout en réaffirmant prudemment son respect pour l'indépendance de l'institution de Francfort.

Plus direct, le ministre du Budget Eric Woerth a estimé que ne pas agir sur les taux n'était "pas bon pour l'économie". "Il faut bien regarder que cette crise financière ne débouche pas en crise économique, d'où la nécessité des banques centrales d'avoir une vision aussi économique et pas uniquement financière".

Les tirs fusent également depuis l'opposition ou le monde syndical. Laurent Fabius, ancien ministre socialiste des Finances, a accusé hier le président de la BCE d'avoir une attitude "irresponsable", en refusant d'abaisser ses taux. "Si la BCE continue la politique qu'elle fait, la crise financière américaine deviendra une crise financière européenne et ce sera la BCE qui en sera responsable", a-t-il martelé sur la chaîne de télévision i-Télé. "La BCE est indépendante, mais elle n'est pas irresponsable. On va avoir affaire à des irresponsables bientôt, c'est un comportement complètement négatif. Je demande à la BCE d'être pragmatique et de se comporter avec autant de bon sens que la Réserve fédérale américaine qui a pris une mesure juste"

Côté syndical, c'est Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, qui est monté au créneau. "Le rôle mené par la BCE est incompréhensible, il faudrait que la BCE sorte un peu de son bunker et regarde la vie. Ils ont une seule obsession, l'inflation. Ce qui inquiète aujourd'hui, c'est les revendications salariales dans toute l'Europe, c'est la chose qu'ils veulent combattre, c'est inacceptable".

De son côté, Jean-Claude Trichet a annulé une rencontre prévue demain à Davos avec la presse. Le président de la BCE doit néanmoins participer cet après-midi à un débat public sur le thème des risques financiers systémiques, au côté notamment du secrétaire américain adjoint au Trésor, Robert Kimmitt. Un sujet d'actualité le jour où la Société Générale a annoncé une fraude au sein de son activité de courtage de 4,9 milliards d'euros et 2 milliards d'euros de dépréciation liées au subprime.

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