Retraites : allonger la durée de cotisation ne suffit pas, selon le président du COR

Cette réforme ne garantit pas que les salariés travailleront réellement plus longtemps et n'assurera pas, à elle seule, l'équilibre du système de retraites, explique le président du Conseil d'orientation des retraites, Raphaël Hadas-Lebel.

Le gouvernement maintient sa volonté d'allonger à nouveau la durée de cotisation, contre l'avis des syndicats qui ont appelé les salariés du public et du privé à manifester jeudi leur hostilité à cette réforme des retraites. Pourtant, plusieurs experts estiment qu'allonger à partir de 2009 la durée de cotisation d'un trimestre, pour parvenir à 41 ans en 2012, ne parviendra pas en soi à sauver le système de retraites.

Tel est notamment le point de vue de Raphaël Hadas-Lebel, président du Conseil d'orientation des retraites (COR). Le passage à 41 ans en 2012 et 41,5 ans en 2020 traduit "le principe selon lequel les gains d'espérance de vie qui lui feront atteindre 83 ans en 2012 doivent être équitablement répartis entre l'allongement de la durée de cotisation et celui de la durée de la retraite", explique-t-il dans Le Monde de vendredi.

Mais, poursuit le président du COR, ce nouvel allongement "ne permettra d'assurer le maintien du niveau des pensions que si les personnes sont en capacités de prolonger leur activité". Pour cela "des progrès substantiels" en matière d'emploi des seniors sont nécessaires. Avec un taux d'emploi des seniors de 38,1% en 2006, la France est très en-dessous de la moyenne de l'Union européenne (43,5%) et très loin de l'objectif qu'elle s'est fixé de 50% de plus de 55 ans en emploi en 2010.

En outre, poursuit Raphaël Hadas-Lebel, cet allongement "ne suffit pas à lui seul à assurer l'équilibre du système des retraites". Selon les projections du COR, explique son président, le système de retraites "devrait pouvoir être équilibré en 2020, dans un contexte de plein emploi (chômage à 4,5%) et de productivité suffisante (+1,8% par an) à condition que l'allongement de la durée de cotisation soit complété par des transferts financiers vers la Caisse nationale d'assurance vieillesse, notamment en provenance de l'Unedic".

La présidente de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav) Danièle Karniewicz estime pour sa part qu'en matière de retraites "il faut arrêter de croire que les seules solutions c'est d'allonger la durée d'activité ou baisser le niveau des retraites, c'est faux". Tout en se disant favorable sous conditions à l'allongement à 41 ans de cotisation, à l'instar de son syndicat la CGC, Danièle Karniewicz déplore qu'"on demande un effort aux salariés alors qu'on sait très bien qu'ils ne seront pas en mesure de le réaliser puisque 62% des seniors ne sont pas dans l'emploi".

Le problème du financement des retraites doit être réglé "par des financements supplémentaires, des assiettes différentes, des cotisations sur les profits ou les plus-values", explique-t-elle à l'AFP, estimant nécessaire de "responsabiliser les employeurs qui ne pourront pas toujours s'en sortir en disant qu'il faut repousser l'âge de la retraite".

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