Intervention surprise de la Fed qui baisse d'un quart de point son taux d'escompte

Sans même attendre sa réunion de mardi, la Fed a baissé en urgence dans la nuit son taux d'escompte d'un quart de point à 3,25%. Cette décision entraîne une nouvelle chute libre du dollar avec un nouveau record de l'euro (1,5905 dollar) et du pétrole (111,80 dollars).

Le malaise autour de la santé de l'économie américaine se fait de plus en plus grand chaque jour. Et ce n'est pas l'intervention en urgence décidée cette nuit par la banque centrale américaine (Fed) qui va réussir à calmer les esprits. Sans même attendre sa réunion de mardi, la Fed a en effet baissé en urgence dimanche son taux d'escompte - le taux de ses prêts aux grandes institutions financières - à 3,25% contre 3,5%. Elle a aussi annoncé la création d'une nouvelle facilité de crédit pour aider les grandes institutions à prêter aux autres acteurs financiers, spécifiquement ceux qui ont investi dans les titres adossés à de la dette et qui ont vu leurs sources de financement se tarir les unes après les autres. Elle a expliqué dans un communiqué vouloir "injecter davantage de liquidités dans les marchés et aider à leur bon fonctionnement".

Le marché du crédit s'assèche de plus en plus depuis quelques mois, sous l'effet de la crise des crédits hypothécaires, qui a entraîné dans sa dégringolade le reste des marchés financiers. La Fed accepte désormais d'aider les banques et les fonds qui ont spéculé sur les crédits immobiliers, après s'être longtemps refusé à le faire.

La nouvelle facilité de crédit sera en effet accordée avec largesse: il suffira aux institutions emprunteuses de les garantir par des titres notés comme "investissement", c'est-à-dire une large palette de titres, et non pas seulement les plus sûrs, ceux évalués "AAA" par les agences de notation. La nouvelle ligne de crédit sera disponible pour les grandes banques dès lundi "pour au moins six mois et pourra être prolongée", a annoncé la Fed.

Autre libéralité, ces prêts arriveront à échéance à 90 jours, au lieu de 30 jours actuellement.
La banque centrale américaine souligne que son taux d'escompte se rapproche ainsi de son principal taux directeur, le taux au jour le jour, qui est actuellement de 3%. C'est ce dernier taux, qui régit les prêts que les banques se font entre elles, que la Fed devrait décider de baisser nettement mardi.

Autre signe d'inquiétude pour les marchés: la chute libre du billet vert. L'euro a atteint un nouveau pic historique de 1,5905 dollar, faisant sauter successivement et en quelques heures les barres des 1,57, des 1,58 et des 1,59 dollar. Le précédent record (1,5668 dollar) datait de seulement vendredi soir. Dans le même temps, le prix du pétrole a atteint un nouveau record à 111,80 dollars dollars le baril lundi dans les échanges électroniques en Asie, après avoir atteint pour la première fois la barre des 111 dollars la semaine dernière à New York. Le Brent de la mer du Nord pour livraison en mai prenait 80 cents pour s'établir à 107 dollars. Le contrat pour livraison en avril avait expiré vendredi à 107,54 dollars. Depuis lundi dernier, le baril d'or noir a touché successivement les seuils symboliques et records des 107, 108, 109, 110 et 111 dollars. Le prix du pétrole a ainsi pris environ 6 dollars en une semaine, près de 10 dollars depuis le début du mois, et environ 15 dollars depuis le 1er janvier.

Plus grave crise financière depuis la Seconde Guerre mondiale selon Greenspan
La crise financière actuelle pourrait être jugée comme la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale, affirme l'ex-président de la banque centrale américaine (Fed) de 1987 à 2006 éditorial publié lundi dans le Financial Times.
"L'actuelle crise financière aux Etats-Unis va être vraisemblablement jugée comme la plus grave depuis la fin de la Seconde guerre mondiale", juge Alan Greenspan. Elle prendra fin quand le prix des biens immobiliers se stabilisera et avec eux le prix des produits financiers adossés à des prêts hypothécaires". "Cette crise laissera de nombreuses victimes. Le système d'évaluation des risques actuellement en place sera particulièrement touché", écrit Alan Greenspan. "Mais j'espère que l'une des victimes ne sera pas le système de surveillance mutuelle (par les acteurs du secteur financier) et plus généralement l'auto-régulation financière comme mécanisme fondamental d'équilibre du secteur financier mondial", ajoute-t-il. L'ex-président de la Fed -qui s'est vu reprocher d'être à l'origine de la bulle immobilière en raison de la politique de taux monétaire très bas suivie par la Fed de 2001 à 2004 - estime également qu'il n'y aura jamais de système parfait d'évaluation des risques.

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