Les attaques xénophobes prennent de l'ampleur en Afrique du Sud

Après Johannesbourg, les violences contre les étrangers s'étendent à d'autres provinces sud-africaines. La population pauvre des bidonvilles fait la chasse aux immigrés venus des pays voisins, accusés de prendre des emplois et d'être responsables de la criminalité.

Le président sud-africain Thabo Mbeki a autorisé mercredi le déploiement de l'armée en renfort de la police, pour tenter d'enrayer les violences xénophobes qui ensanglantent le pays. "Le bilan des morts est passé à 42, 400 personnes ont été arrêtées et 16.000 déplacées", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police pour le Gauteng (province englobant Pretoria et Johannesbourg), Govindsamy Mariemuthoo.

Les violences ont été largement concentrées dans et autour de Johannesbourg. Les attaques ont débuté le 11 mai dans le bidonville d'Alexandra, mitoyen du quartier financier de Sandton, avant de s'étendre à d'autres "townships" (bidonvilles). De nouvelles attaques ont été signalées mercredi dans la ville côtière de Durban (province du KwaZulu-Natal, sur l'Océan indien) et dans la province du Mpumalanga (Est), laissant peu d'espoirs de voir la violence rapidement contenue.

La police du KwaZulu-Natal a précisé que des commerces appartenant à des Nigérians avaient été visés par des habitants en furie à Umbilo, quartier pauvre de Durban. Selon un porte-parole de la police d'Umbilo, le capitaine John Lazarus, cité par le quotidien local The Mercury, les attaquants demandaient aux étrangers de "quitter le KwaZulu-Natal", province la plus peuplée du pays.

Des commerces tenus par des étrangers (Zimbabwéens ou Somaliens) ont également été attaqués, pillés, voire brûlés, dans les "townships" de Leslie et Embalenhle, près de la ville industrielle de Secunda, dans le Mpumalanga.

De nombreux Sud-Africains accusent les étrangers, dont quelque 3 millions de Zimbabwéens ayant fui le marasme politico-économique de leur pays, de prendre des emplois et d'être responsables de la criminalité. La présidente de la Commission des droits de l'homme, Jodi Kollapen, citée par l'AFP, a averti mercredi qu'il serait difficile de réintégrer ces immigrés, qui continueront "à se sentir en danger". Elle dénonce le fait que les agresseurs "auront atteint leur but de les pousser hors du pays".

"L'Afrique du Sud est le dernier pays qu'on aurait imaginé plonger dans la xénophobie", a déclaré de son côté le ministre kényan des Affaires étrangères, Moses Wetangula, rappelant que "pendant le chemin difficile vers l'indépendance, les Sud-Africains s'étaient expatriés sur tout le continent".

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