Une semaine marquée par un cataclysme à la Société générale, une tempête boursière et les conclusions du rapport Attali

A la une de l'actualité cette semaine, la fraude colossale dont a été victime la Société générale. Le vent de panique qui a soufflé sur les marchés boursiers, les recommandations de la commission pour la libération de la croissance, le plan anti-effet de serre de Bruxelles et la grève des fonctionnaires ont aussi nourri les débats.

La Société Générale (SG) a révélé jeudi avoir été victime d'une fraude d'une ampleur inégalée : 4,9 milliards d'euros.

LA SOCIETE GENERALE PERD 5 MILLIARDS D'EUROS A CAUSE D'UNE FRAUDE ET DEUX MILLIARDS D'EUROS A CAUSE DU SUBPRIME

Selon la deuxième banque française, le responsable de cette malversation est un trader parisien qui aurait pris, à l'insu de tous, des positions de "plusieurs dizaines de milliards d'euros" sur les marchés de futures. Après avoir découvert la fraude le week-end dernier, la SG a dû solder les positions de son employé en début de semaine, en pleine tempête boursière.

Lors d'une conférence de presse, Daniel Bouton, le patron de la banque, s'est excusé auprès de ses actionnaires. Il a souligné "l'incroyable intelligence" de cet "opérateur de base" dont les "motivations sont totalement incompréhensibles". La Société générale, ainsi que des petits actionnaires, ont déposé plainte auprès du parquet de Paris.

Les comptes de la Société générale ont aussi été affectés par la crise des subprimes au 4e trimestre 2007. Les pertes dues à des dépréciations d'actifs s'élèvent à 2 milliards d'euros (contre 230 millions d'euros au trimestre précédent). Daniel Bouton a cependant rassuré en indiquant que le résultat net de 2007 serait positif (entre 600 et 800 millions d'euros). Pour reconstituer ses fonds propres, la banque a annoncé une augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros.

LES MARCHES FINANCIERS DANS LA TOURMENTE

Les places boursières européennes ont connu leurs pires chutes lundi depuis le 11 septembre 2001 (pendant cette séance, le CAC 40 avait perdu 7,39%). Un vent de panique a soufflé sur les marchés boursiers partout dans le monde lundi. A Paris, le CAC 40 a chuté de 6,83%, à 4.744 points ; le Footsie 100, à Londres, a reculé de 5,48% ; à Francfort, le Dax a plongé de 7,16%... Cette tempête n'a pas épargné les bourses asiatiques. Les places de Séoul et de Bombay ont même dû interrompre leurs séances pour éviter de trop fortes baisses.

Ce krach a été alimenté par une série de mauvaises nouvelles. La société parisienne de gestion de portefeuille Richelieu Finance a reconnu lundi devoir renoncer à son indépendance pour survivre à la crise. Les banques allemandes WestLB et Commerzbank ont dévoilé de nouvelles pertes liées à la crise des crédits immobiliers à risque aux Etats-Unis. Vendredi dernier, George Bush a présenté un plan de relance de l'économie américaine dont l'ampleur a inquiété les analystes... En outre, les marchés financiers n'ont pas pu suivre l'évolution de la situation aux Etats-Unis. Wall Street était en effet fermée pour cause de Martin Luther King's day.

En annonçant mardi une baisse exceptionnelle de 0,75 point de son principal taux directeur, à 3,50%, la Fed a donné une bouffée d'oxygène aux bourses mondiales. Le CAC 40 s'est notamment redressé de 2,07%. Le lendemain, Jean-Claude Trichet a refroidi les marchés. Le président de la Banque centrale européenne (BCE) a suggéré qu'il ne baisserait pas les taux directeurs de son institution. Malgré "une correction très significative", la mission prioritaire de la BCE est d' "ancrer les anticipations d'inflations" a-t-il soutenu. L'indice parisien a plongé de 4,25% ce mercredi.

Jeudi, les marchés financiers se sont ressaisis. Le CAC 40 a gagné plus de 6% malgré les déboires de la Société générale.

LA COMMISSION ATTALI PROPOSE 316 MESURES POUR LIBERER LA CROISSANCE

Libéraliser la grande distribution, réformer l'école primaire, garantir l'autonomie des universités, favoriser l'immigration professionnelle... Ces mesures figurent parmi les 316 propositions élaborées par la commission pour la "libération de la croissance". Jacques Attali, le responsable de ce groupe, a remis mercredi son rapport à Nicolas Sarkozy. Selon l'ancien conseiller de Mitterrand, l'application de toutes ces mesures permettrait au pays de gagner un point de croissance, de réduire le chômage à 5% de la population active ou de construire plus de 2 millions de logements d'ici à 2012. "D'accord pour l'essentiel" sur ces conclusions, le président de la République a toutefois indiqué qu'il était contre une suppression des départements. Nicolas Sarkozy a aussi refusé de revenir sur le principe de précaution de la Constitution. Le chef d'Etat s'est engagé à réunir ses ministres début février pour identifier les mesures prioritaires. Dans les rangs de l'UMP comme dans ceux de l'opposition, le rapport Attali a suscité des débats.

LA COMMISSION EUROPEENNE PROPOSE UN PLAN D'ACTION OFFENSIF POUR LUTTER CONTRE LE RECHAUFFEMEMT CLIMATIQUE

José Manuel Durao Barroso, le président de la Commission européenne, a dévoilé mercredi devant les eurodéputés son plan d'action contre l'effet de serre. L'ambition de ce projet est double : réduire de 20% les émissions de CO2 en Europe par rapport à leur niveau de 1990 et porter à 20% la part d'énergies renouvelables dans la consommation d'ici à 2020. Pour y parvenir, la Commission européenne propose notamment d'instaurer à partir de 2013 des "permis de polluer" payant pour les industries les plus polluantes. D'après José Manuel Durao Barroso, l'ensemble de ces mesures coûterait à chaque citoyen européen 3 euros par semaine. Le président de la Commission européenne espère que ce plan d'action sera ratifié par le parlement européen et les pays membres avant la fin de l'année.

MANIFESTATIONS CONTRE LA REFORME DES REGIMES SPECIAUX DE RETRAITE ET POUR LA DEFENSE DU POUVOIR D'ACHAT DES FONCTIONNAIRES

Entre 15.000 et 50.000 cheminots, électriciens, gaziers ou agents de la RATP ont manifesté mardi à Paris. L'objectif de ce mouvement : peser sur les négociations sur les régimes spéciaux de retraite. Les syndicats n'ont pas autant mobilisé jeudi lors de la manifestation pour la défense du pouvoir d'achat des fonctionnaires et contre les suppressions d'emplois. Dans la capitale, entre 17.000 et 40.000 grévistes ont défilés. Ils étaient environ 370.000 en province. Selon le gouvernement, 13,2% des fonctionnaires ont débrayé. Afin d'apaiser la situation, Eric Woerth, le ministre du Budget et de la Fonction publique, a proposé aux syndicats de les rencontrer le 18 février prochain. L'objectif de cette réunion est de négocier la hausse du point d'indice (ratio qui sert de base au calcul des salaires des fonctionnaires). Par ailleurs, syndicats patronaux et salariés se sont retrouvés pour la première fois jeudi pour discuter de la représentativité de leurs fédérations.

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