Une semaine marquée par la hausse des taux européens

A la une de l'actualité cette semaine, la hausse d'un quart de point du taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE) alors que l'inflation a atteint un nouveau sommet en juin. La baisse continue des places boursières, le nouveau record du pétrole, le début de la présidence française de l'Union européenne et l'abandon de l'offre de France Télécom sur TeliaSonera ont également fait les gros titres.

LA BCE AUGMENTE SON TAUX DIRECTEUR ALORS QUE L'INFLATION DE LA ZONE EURO ATTEINT DE NOUVEAU SOMMET

Fin du statu quo monétaire au sein de la zone euro. La Banque centrale européenne (BCE) a en effet décidé jeudi, à l'issue de son conseil des gouverneurs, d'augmenter d'un quart de point son principal taux directeur pour le porter à 4,25%. Un durcissement monétaire attendu alors que Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, avait évoqué le mois dernier une "possible" et "légère" hausse des taux. Et le taux d'inflation record affiché en juin au sein de la zone euro ne laissait guère planer le doute sur la décision des banquiers centraux européens.

Portés par la flambée des prix du pétrole, les prix à la consommation ont progressé de 4% le mois dernier sur un an, contre 3,7% en mai, selon les estimations provisoires publiés lundi par Eurostat. Un niveau record, deux fois supérieur à l'objectif de la BCE. Les quelques pressions politiques, notamment de Nicolas Sarkozy et du ministre des Finances allemand, Peer Steinbruck, étaient, dans ces conditions, condamnées à l'échec.

En revoyant leurs taux à la hausse, les banquiers centraux européens entendent contrer la surchauffe inflationniste et prémunir l'économie contre d'éventuels "effets de second rang", c'est-à-dire une augmentation des salaires pour suivre la hausse des prix. "Nous pensons que ce que nous avons fait aujourd'hui permettra d'assurer la stabilité des prix à moyen terme," a estimé Jean-Claude Trichet.

De quoi laisser augurer que la BCE attendra quelques temps avant de procéder à un nouveau resserrement de sa politique monétaire. Et ainsi rassurer les marchés, qui ont réagi favorablement aux propos modérés du président de la BCE. Le CAC 40 a gagné 1,1% jeudi après avoir perdu jusqu'à 1,68% dans la matinée.

LES MARCHES BOURSIERS POURSUIVENT LEUR CHUTE, LE PETROLE SON ENVOLEE

Les places boursières mondiales ne parviennent pas à redresser la barre. A Paris, le CAC 40 a encore perdu 2,99% cette semaine pour retomber en dessous des 4.300 points, à 4.266 points. L'indice parisien a atteint ainsi son plus bas niveau depuis près de trois ans. Même constat sur les autres places européennes: le Footsie a perdu 2,12% cette semaine, le DAX 2,33% et le Dow Jones EuroStoxx 50 1,89%. A Tokyo, le Nikkei a enregistré vendredi sa douzième séance consécutive de baisse, une première depuis 1954. L'indice nippon a encore cédé 2,54% cette semaine. Seul Wall Street a fait de la résistance, ne perdant que 0,51% cette semaine. Les valeurs bancaires et financières sont particulièrement affectées. Notamment en Europe alors que les analystes de Goldamn Sachs ont estimé vendredi que les banques européennes devront lever entre 60 et 90 milliards d'euros, ou ne pas verser de dividendes pendant un an pour restaurer leurs ratio financiers.

Les causes de ce pessimisme accru du marché sont toujours les mêmes : ralentissement de l'activité, crise du marché immobilier, difficultés du secteur financier... Sans oublier, bien sûr, la flambée des cours du pétrole. Le prix de l'or noir a atteint de nouveaux sommets historiques mercredi après la baisse surprise des stocks de brut américains. Le prix du Brent a ainsi dépassé pour la première fois la barre des 146 dollars, atteignant 146,69 dollars. A New York, le light sweet crude est monté à 145,43 dollars le baril. Et les marchés redoutent désormais que les résultats des grandes sociétés américaines ne soient durement affectés par la baisse du dollar, qui alourdit encore un peu plus la facture énergétique, et par le ralentissement de la demande. Début de réponse la semaine prochaine avec les résultats du conglomérat géant General Electric.

LA FRANCE PREND LA PRESIDENCE DE L'UNION EUROPEENE EN PLEINE CRISE INSTITUTIONNELLE

"Changer profondément notre façon de faire l'Europe". Même sur le plan européen aussi, Nicolas Sarkozy reste fidèle à la rupture. La France a pris ce mardi la présidence de l'Union européenne pour les six prochains mois, succédant à la Slovénie et avant de passer le flambeau à la République tchèque le 1er janvier prochain. Objectif fixé par le chef de l'Etat: une Europe protectrice. "Il faut tenter d'être au plus près des propositions, des préoccupations voire des angoisses des Européens," a-t-il expliqué.

Le chef de l'Etat souhaite ainsi que l'Europe prenne des mesures concrètes pour atténuer les effets de la flambée des prix du pétrole. Parmi les autres grands projets européens, la France veut instaurer "pacte pour l'immigration", réfléchir sur un "paquet énergie-climat", ou encore mettre en place l'Union pour la Méditerranée.

Mais le non irlandais au référendum sur le traité simplifié va modifier les priorités de la présidence française. D'autant plus que le président polonais, Lech Kaczynski, a déclaré mardi qu'il ne comptait pas ratifier le traité de Lisbonne qu'il a pourtant signé à deux reprises. Trouver des issues positives à ces deux impasses sera donc le gros chantier de la présidence française. Nicolas Sarkozy s'est engagé personnellement dans la réussite du traité simplifié pour sortir de l'impasse créée par les rejets français et néerlandais de la défunte Constitution européenne. Deuxième fausse note de ce début de présidence: les déclarations de Peter Mandelson. Le commissaire européen au commerce a accusé Nicolas Sarkozy d'affaiblir par ses critiques la position de l'Union dans les négociations commerciales. Avant de renoncer à participer à un diner organisé mardi soir par l'Elysée.

FRANCE TELECOM RENONCE A L'ACQUISITION DE TELIASONERA

France Télécom jette l'éponge et ne rachètera pas TeliaSonera. L'opérateur historique français a annoncé lundi qu'il avait décidé de "ne pas soumettre d'offre ferme". En cause: le refus par les administrateurs du groupe scandinave d'une seconde proposition d'achat, pourtant revue à la hausse après le rejet d'une première offre valorisant l'opérateur à 32 milliards d'euros. Les efforts financiers du groupe dirigé par Didier Lombard n'ont donc pas porté leurs fruits, le conseil d'administration de TeliaSonera estimant toujours que l'offre française "sous-évalue de manière substantielle l'entreprise".

Un échec salué par les investisseurs, qui avaient lourdement sanctionné France Télécom depuis l'annonce de son intérêt pour l'opérateur scandinave. Le titre a gagné 7,2% lundi et plus de 14% sur l'ensemble de la semaine.

Le rapprochement entre les deux groupes aurait créé le quatrième opérateur mondial de télécoms. Avec 237 millions de clients, (168 millions dans le mobile et 69 millions dans le haut-débit fixe), la nouvelle entité aurait alors occupé, "des positions de premier plan dans trente pays, dont vingt-et-un où il détiendrait une position de leader". Surtout TeliaSonera est "très présent sur les pays émergents, d'Eurasie notamment, qui connaissent une forte croissance avant même que l'Internet ait pu s'y développer", expliquait France Télécom le mois dernier pour justifier son offre. Mais "ce projet n'est pas indispensable" à la stratégie du groupe, rassure l'opérateur français. Reste à savoir si cet échec remettra en cause sa volonté de participer activement à la consolidation du secteur des télécoms.

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