L'irrésistible appel de la nature

Dans "Into the wild", Sean Penn filme avec maestria l'histoire vraie d'un jeune diplômé américain, promis à un grand avenir, qui largue les amarres et prend la route pour vivre en communion avec la nature. Le road-movie le conduit jusqu'en Alaska où il s'enivre de solitude.

A 22 ans, Christopher McCandless avait tout pour lui. Brillant diplômé de l'université d'Atlanta où il vivait dans une famille aisée, ce beau gosse était promis au plus bel avenir. Certes, ses parents ne s'entendaient pas à merveille et son irascible père (William Hurt) l'accablait de ses conseils mal venus. Mais pas au point de tout larguer comme le fit le jeune homme le jour même de la remise de son diplôme, soudain pris de nausée devant l'avalanche de cadeaux dont le comble sa famille.

A partir de quoi, Christopher va vivre un destin des plus singuliers, aimanté par le refus du confort matériel d'une vie toute tracée et par le désir d'aller toujours plus loin dans l'espace et dans le dénuement, de ne plus dépendre que de lui-même et des ressources que la nature voudra bien mettre à sa portée. Il ne s'agit pas d'un caprice d'adolescent attardé ni du challenge d'un futur yuppie qui veut tester ses limites mais d'une règle de vie, d'une ascèse toute de spiritualité et de communion avec la nature.

Cette histoire vraie remontant aux années 90 a été contée dans le livre de Jon Krakauer sous le titre de "Into the wild", un classique de la littérature américaine. Ce récit, l'enfant rebelle du cinéma américain, l'acteur et réalisateur Sean Penn, se l'est approprié pour son quatrième film, et l'a remarquablement mis en images, secondé par Eric Gautier, directeur de la photographie entre autres d'Alain Resnais.

Il convient aussi de saluer la performance de l'acteur Emile Hirsch (une vraie révélation) qui est de tous les plans de ce film au long cours (2h30) et qui s'est imposé les plus grands sacrifices au cours d'un tournage éprouvant (cure d'amaigrissement, températures extrêmes...).

Divisé en chapitres, le film retrace le périple de deux ans de Christopher, depuis la case départ à Atlanta jusqu'au but ultime, l'Alaska. Sans jamais donner de nouvelles à sa famille. C'est sa soeur, Carine, l'être dont il est le plus proche, qui commente le voyage en voix off d'après ce qu'elle a pu reconstituer de son itinéraire qui va d'Est en Ouest des Etats-Unis avant d'obliquer ver le Grand Nord.

Premier geste symbolique du jeune homme: brûler sa voiture. Après quoi, il prend la route en auto-stop avec pour seul viatique un livre de botanique qui lui indique comment se nourrir avec les fruits de la nature.

Au fil de la route, il rencontre des personnages hauts en couleur, choisis pour leurs qualités humaines: un couple de hippies endurcis au coeur tendre, un fermier du Middle West qui le prend quelque temps sous sa coupe, un vieux monsieur solitaire qui admire beaucoup la ténacité du jeune homme... Mais jamais Christopher ne s'attache, pas même avec la jeune chanteuse pour laquelle il éprouve manifestement une attraction réciproque. Jamais non plus le garçon n'oublie son objectif: l'Alaska, le seul endroit où il est sûr d'être enfin seul à seul avec la nature.

Lorsqu'il arrive enfin dans le grand Nord, on sent que l'ivresse des grands espaces est son carburant, sa seule subsistance quand les nourritures terrestres viendront à manquer. Ce sera le début d'un calvaire dont le jeune homme n'éludera aucune station.

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