Japon : la consommation des ménages et la production industrielle reculent en mars

Si le chômage reste bas, les dépenses de consommation ont nettement reculé en mars, de 1,6% sur un an, tandis que la production industrielle ressent les conséquences du ralentissement américain. La banque centrale confirme que la croissance ralentit.

Batterie d'indicateurs ce mercredi au Japon. Les dépenses de consommation moyennes d'un ménage ont diminué de 1,6% sur un an en mars, à 312.565 yens (environ 2.004 euros), a annoncé le ministère des Affaires intérieures. Les économistes s'attendaient, au contraire, à une hausse de 0,1%, selon un sondage réalisé par le quotidien Nikkei.

Ce recul, le premier en trois mois, est essentiellement attribuable à une forte diminution des dépenses en logement (-22% sur un an), alors qu'au contraire les dépenses en carburant, en eau et en électricité ont sensiblement augmenté (+6,2%). Les dépenses alimentaires ont légèrement diminué (-0,9%).

De leur côté, les dépenses de consommation des ménages salariés, qui comptent pour environ 60% du total, ont pour leur part augmenté de 1,1% sur un an à 342.868 yens. Le revenu moyen d'un ménage salarié a progressé de 0,6% à 453.482 yens.

Par ailleurs, le taux de chômage a reculé d'un dixième de point en mars, à 3,8% contre 3,9% en février, a annoncé aussi le ministère des Affaires intérieures. Fin mars, on comptait dans l'archipel 2,68 millions de chômeurs, soit 4,6% de moins qu'un an plus tôt, a précisé le ministère.

Enfin, la production industrielle a subi en mars son recul le plus marqué en plus de cinq ans, ralentie par la chute de la demande d'automobiles et d'autres produits japonais aux Etats-Unis. Elle a diminué en mars de 3,1% par rapport à février, soit la plus lourde chute depuis janvier 2003, a annoncé le ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti). Les économistes ne s'attendaient en moyenne qu'à un recul de 0,7%, selon le quotidien Nikkei, alors que le Meti tablait sur une hausse de cet indicateur.

"Nous ressentons peu à peu les effets du ralentissement des exportations vers les Etats-Unis", a expliqué la ministre de la Politique économique et budgétaire, Hiroko Ota, citée par l'AFP, l'agence France Presse. "Les revenus des entreprises sont actuellement pénalisés par des facteurs externes tels que l'économie américaine, l'appréciation du yen et les prix élevés du pétrole".

La baisse de la production en mars est essentiellement due à un recul de la production de voitures de tourisme (-7% pour celles équipées de moteurs de 1.000 à 2.000 cm3) et de machinerie générale (-5,5%), a précisé le Meti. La production industrielle avait augmenté de 1,6% en février après avoir diminué de 0,5% en janvier, selon des chiffres révisés. Sur un an, la production industrielle s'affiche en baisse de 0,4%.

Selon le ministère, les industriels s'attendent désormais à ce que la production diminue de 0,3% en avril et rebondisse de 3,4% en mai. "La production industrielle pourrait se contracter à nouveau au deuxième trimestre, mais nous ne nous attendons pas à un ralentissement brutal ni durable", a commenté Hiroshi Shiraishi, économiste chez Lehman Brothers, cité aussi par l'AFP. L'économie japonaise pourrait connaître "un passage à vide", mais contrairement à celle des Etats-Unis ses fondamentaux semblent suffisamment solides pour lui épargner la récession, a-t-il estimé.

Ce passage à vide prévisible est corroboré par la Banque du Japon (BoJ) qui a sensiblement abaissé mercredi ses prévisions de croissance pour l'économie en 2008-2009, tout en relevant fortement ses prévisions d'inflation. Dans son diagnostic semestriel sur l'économie, l'institut d'émission a estimé que "la croissance économique ralentit", et ne devrait atteindre que 1,5% en 2008-2009 (1er avril au 31 mars). Dans son précédent diagnostic, en octobre, la BoJ tablait encore sur une croissance économique de 2,1%.

La BoJ a en outre relevé ses prévisions d'inflation en raison de la hausse des prix des matières premières et de l'énergie. Selon elle, les prix à la consommation hors produits frais devraient ainsi progresser de 1,1% en 2008-2009, contre 0,4% initialement attendu.

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