François Fillon propose une augmentation du minimum vieillesse de 5% cette année

A l'occasion d'un vaste tour d'horizon politique, ce mercredi sur RMC et BFM-TV, le Premier ministre a commenté les dossiers chauds actuels. Il se déclare "pas favorable" à une mise sous conditions de revenus des allocations familiales comme le propose le rapport Attali.

Interrogé sur l'envie qu'il pourrait avoir de rester "longtemps" à Matignon, le Premier ministre a répondu ce mercredi matin, lors d'une interview diffusée sur RMC et BFM-TV, par une pirouette: "cela me donne envie de mettre en oeuvre le programme de Nicolas Sarkozy et ce programme de Nicolas Sarkozy, il faut cinq ans pour le mettre en oeuvre". "On n'a jamais dit qu'en huit mois, tout serait fait", a ajouté le chef du gouvernement, qui jouit actuellement d'une côte de popularité supérieure à celle du président de la république et qui a profité des micros qui lui étaient tendus pour commenter la situation politique et annoncer une certain nombre de mesures.

Ainsi, sur la réforme des institutions, François Fillon a rappelé qu'il était "plutôt favorable à un régime plus présidentiel". "Finalement, on a décidé de ne pas changer les équilibres de la Ve République et de rester sur un régime avec un président de la république et un Premier ministre responsable devant le parlement, et donc il faudra tenir compte de ce choix dans les semaines, dans les mois qui viennent", a-t-il également dit.

Sur le plan social, le Premier ministre a annoncé qu'il allait "proposer" une augmentation de 5% du minimum vieillesse en 2008. Il a souligné qu'il s'agissait d'une "proposition" qui "mérit(ait) d'être discutée avec les partenaires sociaux". Il a rappelé dans la foulée l'engagement de campagne du président Nicolas Sarkozy d'augmenter le minimum vieillesse de 25% durant son mandat, estimant que "5% par an" serait une bonne option.

Mi-janvier, le ministre du Travail, des relations sociales et de la solidarité, Xavier Bertrand, avait déjà annoncé "que le minimum vieillesse serait bien augmenté de 25% au cours de ce quinquennat".

Interrogé sur l'affaire de l'enseignant qui a giflé un élève irrespectueux, François Fillon a clairement choisi le parti du professeur, se déclarant "choqué" qu'il ait été gardé à vue. "Il n'est pas acceptable qu'un élève traite un enseignant de connard, c'est une faute qui mériterait, semble-t-il, une sanction plus sérieuse que celle qui a été prise (trois jours de suspension, ndlr), et donc oui, je soutiens cet enseignant", a-t-il dit. Interrogé sur les 48 heures de garde à vue infligées à l'enseignant, le chef du gouvernement a déclaré ne pas avoir "de jugement à porter sur la justice", ajoutant cependant aussitôt: "mais franchement, en tant que citoyen et en tant que parent d'élève, oui ça me choque". "Ce n'est jamais une bonne solution de gifler un élève, mais en même temps je soutiens les enseignants qui ont besoin d'un peu de discipline et d'un peu de respect pour faire fonctionner les classes", a ajouté le Premier ministre.

Par ailleurs, François Fillon a affirmé que la publication des décrets permettant le déblocage de la participation, qui figure dans la loi "sur le pouvoir d'achat" votée le 31 janvier, était "imminente". "Le texte est voté, c'est dans les jours qui viennent", a-t-il promis. La participation, obligatoire dans les entreprises employant au moins cinquante salariés, permet à ces derniers de percevoir une partie du bénéfice de l'entreprise.

Concernant l'usine ArcelorMittal de Gandrange, menacée de fermeture partielle, François Fillon a déclaré que la cession de l'usine était l'une des solutions envisageables pour sauver l'activité du site mosellan. Mais il a immédiatement souligné qu'une éventuelle intervention de l'Etat, évoquée lundi par Nicolas Sarkozy, serait de toutes les façons "temporaire". "On dit à M. Mittal : (...) on souhaite que vous investissiez dans cette usine et que vous modifiez votre plan industriel", a-t-il expliqué. "Si vraiment vous ne voulez pas le faire, alors il faut étudier d'autres solutions, et notamment la solution de cession de ce site, de reprise par d'autres industriels et le cas échéant, d'une intervention publique qui serait une intervention temporaire, de relais", a précisé François Fillon.

"Nous voulons garder une industrie stratégique", a-t-il insisté. "On essaie d'abord de construire une politique industrielle globale (...) mais en même temps, lorsqu'un secteur stratégique est menacé, on regarde si on peut empêcher qu'il disparaisse", a-t-il poursuivi. "On l'a fait avec Alstom, en investissant dans Alstom puis en revendant l'entreprise. Aujourd'hui avec Arcelor, la question se pose. On ne veut pas voir des capacités de production d'acier disparaître", a-t-il dit.

Enfin, François Fillon a déclaré qu'il n'était "pas favorable" à une mise sous conditions de revenus des allocations familiales comme le propose le rapport Attali. "C'est la majorité qui décide, c'est le parlement. Moi, je n'y suis pas favorable", a déclaré le Premier ministre. "Ce n'était pas dans les engagements de campagne que nous avions pris", a expliqué François Fillon, affirmant en outre qu'une grande partie de la majorité y est opposée. Le candidat Nicolas Sarkozy avait en revanche promis une allocation dès le premier enfant, un engagement aujourd'hui toujours resté lettre morte.

Quant au rapport Attali, il contient des idées "qui sont bonnes, il y en a qui sont moins bonnes. Il y en a qui sont réalisables, il y en a qui sont moins réalisables", a commenté le Premier ministre. Une pondération nouvelle de la part du chef du gouvernement. En effet, dans un entretien au Financial Times en date du 23 janvier, le chef du gouvernement avait paru plus enthousiaste, expliquant "être d'accord" avec "l'esprit" du rapport sur la libération de la croissance, tout en reconnaissant que certaines de ses propositions, telle que la disparition des départements, nécessitent d'abord un "débat politique". Mais entre-temps, les députés UMP ont très fraîchement accueilli le rapport de l'ancien "sherpa" de François Mitterrand, jugeant certaines de ses dispositions "totalement inacceptables".

Le chef du gouvernement a par ailleurs récapitulé les dispositions du rapport Attali qui seront incluses dans la loi sur la modernisation du marché du travail prévue pour le printemps, afin "d'obtenir très vite de la croissance supplémentaire" : diminution des délais de paiement et suppression des effets de seuil financier pour les entreprises, réforme du livret A, réforme de la gouvernance de la Caisse des dépôts, mesures d'aide aux PME pour l'exportation.

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