BNP Paribas dit réfléchir à une offre sur la Société Générale

La première banque française confirme ce jeudi avoir entamé une réflexion sur l'opportunité de lancer une offre sur sa rivale, actuellement en grandes difficultés. Daniel Bouton, maintenu mercredi au poste de PDG de la "SocGen", assure toutefois que son groupe est en mesure de rester indépendant. L'Elysée réaffirme qu'un adossement de la Générale n'est pas nécessaire.

Cette fois c'est officiel: BNP Paribas confirme ce jeudi matin avoir entamé une réflexion sur l'opportunité de lancer une offre sur sa rivale la Société Générale. La rumeur d'une possible OPA courrait déjà depuis plusieurs jours sur les marchés. Du coup, à la Bourse de Paris, l'action Société générale s'affiche en hausse, terminant sur un gain de 1,71% à 83,20 euros.

"On y réfléchit simplement parce que toute l'Europe bancaire y réfléchit", a déclaré un porte-parole de la première banque française en termes de capitalisation boursière. Si une OPA de la banque fait partie des scénarios privilégiés par le marché, après l'échec de sa première tentative en 1999, plusieurs autres banques européennes pourraient aussi figurer parmi les acquéreurs potentiels de la Société générale: Unicredit, Santander, BBVA ou encore HSBC.

Mercredi soir, lors d'un entretien sur la plateau du JT de France 2, Daniel Bouton, tout juste maintenu au poste de PDG par son conseil d'administration, a toutefois assuré que la banque avait les moyens de rester indépendante. "Le fait qu'elle le puisse, il n'y a rigoureusement aucun problème puisque les capitaux sont là, puisqu'il n'y a jamais eu de problème véritable", a-t il affirmé. "Nous subissons cette perte gigantesque et l'entreprise est tellement forte que nous sommes restés bénéficiaires. Nous allons contrôler mieux la partie qui était en train d'aller un peu trop vite", a-t-il précisé, soulignant par la même occasion que "les rumeurs concernant l'avenir de la Société générale (...) existent depuis 12 ans".

Coup de bluff d'un patron qui a toujours adopté une ligne d'indépendance ferme pour sa banque? La réponse devrait intervenir dans les prochains jours voire semaines, après la recapitalisation du groupe, pas encore menée à terme. A la suite des pertes dues à la fraude, sans oublier les 2 milliards d'euros de pertes liées au "subprime" - un chiffre bien supérieur à ce qu'avait annoncé la banque fin 2007 - la Société Générale doit en effet se recapitaliser à hauteur de 5 milliards d'euros afin de renforcer ses fonds propres et d'éloigner ainsi toute menace d'OPA.

La banque peut en tout cas compter sur le soutien de l'Etat, au nom du "patriotisme économique" cher à Nicolas Sarkozy. Première réaction de l'Elysée après l'annonce de BNP Paribas, le porte-parole David Martinon a affirmé que la Société Générale n'était pas contrainte de "s'adosser" à une autres institution financière, ajoutant: "la question de son rachat éventuel ne se pose pas".

Auparavant, le conseiller de l'Elysée, Henri Guaino, a répété ce jeudi matin que l'Etat français ne laissera pas la Société générale tomber dans les mains d'un prédateur. "L'Etat ne restera pas les bras croisés. (...) On ne laissera pas (la Société générale) à la merci de n'importe quel prédateur". Sans préciser toutefois si la notion de "prédateur" s'appliquait aussi à BNP Paribas ou seulement à des groupes étrangers.

Interrogé sur une éventuelle aide de l'Etat français à la "SocGen", Henri Guaino a également indiqué qu'il ne voyait pas le besoin de fonds publics. "Il y aurait besoin de fonds publics si jamais la (banque) était menacée de faillite", a-t-il précisé.

Mais cette position de la France n'est pas du goût de tout le monde, et notamment du côté de l'Union Européenne, où le patriotisme économique à la française a souvent du mal à passer. Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a affirmé ce jeudi que la France ne devrait pas refuser une offre étrangère de rachat de la Société Générale, à condition qu'elle soit "amicale" et pas "hostile". "Si quelqu'un vient, d'amical, ayant un beau projet économique à proposer, pourquoi le refuser? Seulement parce qu'il n'est pas français?", s'est il interrogé, ajoutant que cette attitude "n'est plus de notre temps". Même réticences à l'égard du maintien de Daniel Bouton à la tête de la banque: "si dans un ministère un événement de ce type se produisait, on demanderait au ministre de quitter sa fonction".

Au delà de ces déclarations et du déferlement d'informations qui a suivi la révélation de la fraude au sein de la banque, l'"affaire de la Société Générale" va maintenant se dérouler dans la durée, avec le suivi des enquêtes du Parquet autant que de celles de la Commission bancaire et de l'AMF et celle effectuée en interne par le comité de crise crée mercredi à l'issue du conseil d'administration. Sans oublier les auditions des principaux responsables devant la Commission des Finances du Sénat.

En interne, ce sera au nouveau comité chargé de la gestion de crise de revenir sur les contrôles défaillants au sein de la Société Générale. Même si la banque affirme avoir déjà réformé ces procédures de contrôle dès le lundi 21 janvier, soit quelques jours après la découverte de la fraude, le comité formé de Jean-Martin Foltz (ex patron de PSA), Antoine Jeancourt-Galignani (ex patron des AGF) et de Jean Azéma (directeur général de Groupama, actionnaire à 2% de la banque) devra "s'assurer que les pertes ont été complètement identifiées", "éviter de nouveaux incidents de même nature" et examiner si la direction gère bien la situation "dans l'intérêt de l'entreprise, de ses actionnaires, de ses clients et de son personnel".

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