L'Europe n'exclut pas une récession aux Etats-Unis

Les ministres des Finances de la zone euro n'ont pas exclu lundi soir une récession aux Etats-Unis, tout en affirmant que l'économie européenne sera en mesure de résister grâce à des fondements plus solides. Ils en ont profité pour lancer un appel du pied à la Banque centrale européenne pour qu'elle ne relève pas ses taux d'intérêt.

"La situation aux Etats-Unis continue à se détériorer. Nous avions toujours exclu au cours des mois écoulés une récession aux Etats-Unis, mais on ne peut plus totalement l'exclure au jour d'aujourd'hui", a déclaré à la presse à Bruxelles le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. Il a reconnu que si cette récession "devait se matérialiser, elle ne resterait pas sans conséquence sur la croissance en zone euro".

D'ores et déjà, avec la crise financière et l'envolée des prix du pétrole, la croissance cette année dans les quinze pays de la zone sera inférieure à ce qui était prévu à l'origine. Jean-Claude Juncker a précisé qu'elle serait "inférieure à son potentiel", généralement évalué autour de 2%. Jusqu'ici, la Commission européenne tablait sur 2,2%.

Le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia a précisé que la croissance en zone euro ne serait "pas très loin" malgré tout de son potentiel et donc être assez proche de 2% en 2008.

Les Bourses européennes ont connu un véritable lundi noir, la quasi-totalité subissant leurs plus fortes baisses en une journée depuis le 11 septembre 2001, en raison des craintes renouvelées d'un ralentissement économique américain. Le plan de relance de plus de 140 milliards de dollars présenté vendredi par George W. Bush, sous forme d'allègements fiscaux, n'a guère convaincu.

Messieurs Almunia et Juncker ont rejeté lundi soir l'idée d'un plan de soutien à la conjoncture en Europe, comparable à celui des Etats-Unis, en arguant d'une situation économique à leurs yeux beaucoup moins préoccupante. "Ces mesures ne sont pas nécessaires en Europe", a dit le premier. Dans le même registre, la ministre française de l'Economie Christine Lagarde a jugé devant la presse qu'il y avait "une grande différence entre la situation des ménages américains et européens" et que les "fondamentaux économiques" européens étaient "solides". Toutefois, Jean-Claude Juncker a reconnu que les pays européens pourraient faire jouer un mécanisme prévu par le Pacte de Stabilité et de Croissance de l'Union européenne, lorsque la conjoncture se détériore, appelé "stabilisateurs automatiques". Il permet aux Etats de relâcher un peu la rigueur budgétaire, en ne compensant pas les baisses de recettes fiscales par des coupes équivalentes dans les dépenses.

Joaquim Almunia a toutefois précisé que les pays qui ont moins réduit leurs déficits que les autres disposeraient de moins de marge de manoeuvre. Une manière de viser la France et de l'Italie notamment, dans le collimateur de Bruxelles pour leurs comptes publics. S'il ne voit pas l'intérêt d'un plan de relance, Jean-Claude Junker n'en a pas moins aussi lancé un appel du pied à la Banque centrale européenne pour qu'elle ne relève pas ses taux d'intérêt malgré la poussée d'inflation observée en zone euro. "Nous considérons qu'un certain nombre de facteurs explicatifs de la hausse des prix (actuelle) vont être résorbés" et que la situation redeviendra "normale l'année prochaine", a dit le président de l'Eurogroupe. Christine Lagarde a adressé un message voisin. "Si d'aventure la croissance devait faiblir significativement en zone euro, la Banque centrale en tiendrait compte dans sa politique monétaire, je suppose".

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