Malgré les révélations de fraudes, le cours de la Société Générale résiste

Malgré la révélation jeudi de pertes colossales dues à une fraude gigantesque à la Société Générale, le cours de la banque dirigée par Daniel Bouton a fini vendredi en baisse de 2,56% seulement.

Touchée par un scandale sans précédent dans son histoire, la Société Générale souffre aujourd'hui d'une image brouillée. "On n'a aucune connaissance des raisons de la fraude ni de la façon dont les positions du trader incriminé ont été débouclées. Le cours de la banque va sans doute payer cette défiance pendant un certain temps en affichant des performances inférieures au reste du secteur", estime un analyste. Ainsi, le titre du groupe bancaire dirigé par Daniel Bouton a fait le de yo-yo entre 79 euros et 73,14 euros, clôturant en baisse de 2,56% seulement à 73,87 euros.

Ce recul est certes plus important que la baisse de 0,76% du CAC 40, mais il est raisonnable au regard de la révélation de pertes colossales dues à une fraude gigantesque à la Société Générale.

Rien n'augurait d'une telle résistance hier. Dans la foulée de l'annonce par la Société Générale de pertes de près de 7 milliards d'euros, les agences de notation financières Moody's, Fitch et Standard and Poor's avaient ainsi toutes abaissé leurs notes de la banque de la Défense. A la clôture jeudi, le titre de la Société Générale était le seul à reculer de 3,60% alors même que la Bourse de Paris enregistrait un fort rebond de 6,04%.

En outre, les intermédiaires financiers ont, pour la plupart, dégradé l'action Société Générale. La Deutsche Bank a ainsi réduit sa recommandation d' "achat" à "conserver", avec un objectif de cours ramené de 128 à 100 euros. Natixis, de même, a revu son objectif de cours de 132 à 98 euros, tandis qu'Oddo Securities passait de 80 à 60 euros. UBS, pour sa part, ramène sa recommandation d' "achat" à "neutre", avec un objectif de cours fortement réduit, de 130 à 76 euros.

Deux exceptions, toutefois: CM-CIC et HSBC relèvent leurs recommandations sur le titre Société Générale, considérant que l'action est désormais sous-évaluée.

Si l'action a plutôt bien résisté aujourd'hui, c'est peut-être parce que "la bonne tenue du cours révèle un vote de confiance des investisseurs dans le management de la Société Générale. L'annonce d'une augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros de la banque pour respecter ses ratios de solvabilité est une bonne nouvelle", explique un analyste.

Les pouvoirs publics ne ménagent par ailleurs pas leurs efforts pour renforcer la confiance des marchés, soulignant le caractère exceptionnel de la fraude et son absence de lien avec la crise des crédits hypothécaires à risque américains. Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer a assuré ce matin que les comptes de la Société Générale étaient "nettoyés" et que la banque était "plus solide aujourd'hui". En visite en Inde, le président français Nicolas Sarkozy a quant à lui déclaré que cette fraude "interne" n'avait "pas touché la solidité ni la fiabilité du système financier français".

L'absence de dégringolade vertigineuse du titre tient aussi et surtout au fait qu'il avait déjà beaucoup baissé. Depuis le début de l'année il s'est ainsi replié de plus de 20%. Les investisseurs avaient déjà intégré les risques liés à l'exposition de la Société Générale aux rehausseurs de crédits américains dont la note avait été dégradée il y a quelques semaines, en raison de leur exposition aux crédits financiers adossés à la dette (CDO), dont certains liés à des crédits hypothécaires à risques "subprime".

Quant aux soubresauts à la hausse du titre de la banque dirigée par Daniel Bouton, ils tiennent sans doute à l'annonce d'une augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros à placement garanti par JP Morgan et Morgan Stanley. Pour les uns, cette opération est rassurante car "en donnant la préférence à ses actionnaires actuels, la Société Générale évite une dilution de leurs droits de vote et limite les risques d'OPA", souligne un spécialiste du secteur bancaire.

Pour les autres, elle signe surtout un affaiblissement profond du management de la Société Générale qui relance les spéculations sur un rapprochement avec un de ses concurrents. "Au cours de 160 euros (début mai 2007, NDLR), les hypothèses d'OPA existaient déjà. A 74 euros, elles prennent d'autant plus de poids et avec la quasi démission de Daniel Bouton, il ne peut plus être un garant de l'indépendance de la Société générale", observe un analyste. Avec une capitalisation de 34 milliards d'euros, la Société générale vaut de fait un tout petit peu plus que ses 29,1 milliards de fonds propres. De quoi aiguiser les appétits...

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