Une semaine marquée par les nouvelles turbulences sur la finance américaine

A la une de l'actualité cette semaine, les difficultés rencontrées par la finance américaine. Le vote des actionnaires sur la fusion entre GDF et Suez, l'inflation au plus haut depuis dix-sept dans l'Hexagone, les prévisions de croissance revues à la hausse par le FMI et la forte chute des cours du pétrole ont également fait les gros titres.

NOUVELLES TURBULENCES DANS LA FINANCE AMERICAINE

Semaine tourmentée pour le secteur de la finance américaine. Face à l'incendie allumé par les difficultés rencontrées par Fannie Mae et Freddie Mac, Henry Paulson, le secrétaire américain au Trésor, a présenté dimanche 13 juillet un plan de sauvetage des deux principaux établissements de refinancement hypothécaire. Ce plan prévoit d'augmenter temporairement la ligne de crédit des deux organismes au près du Trésor. Et ce dernier pourra entrer si besoin dans le capital de Fannie Mae ou de Freddie Mac, qui subissent de plein fouet les conséquences de la crise des subprimes. En Californie, la banque IndyMac a fait faillite et est passé sous la tutelle du Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), agence fédérale de garantie des dépôts bancaire,. Avec 32 milliards de dollars d'actifs et 200.000 clients, c'est le plus gros établissement bancaire à faire faillite aux Etats-Unis depuis 24 ans.

Mais la semaine a surtout été marquée par les déboires de Merrill Lynch. La troisième banque d'investissement du pays a publié jeudi une perte nette de 4,89 milliards de dollars au deuxième trimestre, plombée par 9,75 milliards de dépréciations supplémentaires. Un quatrième trimestre consécutif dans le rouge pour l'un des établissements les plus touchés par la crise financière. Pour y faire face, Merrill Lynch a cédé près de huit milliards de dollars d'actifs et de participations, notamment les 20% qu'elle détenait du groupe d'information financière Bloomberg. Elle aussi dans le rouge, Lehman Brothers, la quatrième banque d'affaires américaine, envisagerait pour sa part un retrait de la cote alors que son action a perdu plus de 80% de sa valeur depuis le début de l'année. La banque a publié au deuxième trimestre une perte nette de 2,8 milliards de dollars et a procédé depuis 2007 à 17 milliards de dollars de dépréciations d'actions. Tout n'a pas été noir pour la finance américaine cette semaine. JP Morgan Chase a en effet publié un bénéfice supérieur aux attentes à deux milliards de dollars. Quant à Citigroup, la première banque américaine a certes perdu de 2,5 milliards de dollars au deuxième trimestre mais a fait mieux que prévu et donc rassuré les marchés.

LA FUSION ENTRE GDF ET SUEZ ENTERINEE PAR LES ACTIONNAIRES

Après un feuilleton long de deux ans et demi, la fusion entre Gaz de France et Suez a été entérinée mercredi 16 juillet par les actionnaires des deux groupes, donnant ainsi naissance au nouveau poids lourd de l'énergie souhaité par Dominique de Villepin en février 2006. L'union entre le gazier public et le groupe privé d'énergie, d'eau et de déchets s'effectuera par échange d'actions, sur la base de 22 actions Suez contre 21 actions de GDF. Le nouveau groupe fera son entrée en Bourse le 22 juillet avec une capitalisation boursière proche de 90 milliards d'euros, soit la deuxième ou la troisième du CAC 40. L'Etat, qui détenait 80% de GDF, sera le premier actionnaire du nouveau groupe avec 35,6% du capital. Le même jour, 65% du capital de la filiale Suez Environnement, regroupant les activités eau et propreté de Suez, sera introduite en Bourse.

C'est l'actuel PDG de Suez, Gérard Mestrallet, qui prendra les commandes de GDF Suez. Il sera secondé par Jean-François Cirelli, son homologue chez GDF. Avec un chiffre d'affaires de près de 75 milliards d'euros et quelques 200.000 salariés, le nouvel ensemble est un nouveau géant européen du secteur de l'énergie, au même titre que d'EDF et de l'allemand E-ON. Il sera le premier acheteur de gaz en Europe, le leader mondial pour le gaz naturel liquéfié (GNL) et le premier opérateur européen de réseau de transport et de distribution de gaz. GDF Suez s'est fixé pour objectif d'investir 10 milliards d'euros sur trois ans et souhaite se renforcer dans le nucléaire. Il pourrait ainsi postuler pour la construction du deuxième réacteur EPR français. Et le nouveau groupe compte bien obtenir du gouvernement une nouvelle hausse du prix du gaz, toujours règlementé par l'Etat.

L'INFLATION RECORD DANS LA ZONE EURO, AU PLUS HAUT DEPUIS DIX-SEPT ANS EN FRANCE

L'inflation poursuit sa folle course en avant. En juin, les prix à la consommation ont encore progressé de 0,4% dans l'Hexagone. Sur un an, la hausse des prix a atteint 3,6%, son plus haut niveau depuis juillet 1991. Des chiffres qui s'expliquent encore et toujours par la flambée des prix des produits pétroliers (+5,4% en juin) et par le renchérissement des produits frais (+1,6%). De fait, l'inflation sous-jacente, qui ne prend pas en compte ces deux prix volatils, reste limitée et stable à 2%. Conséquence directe de cette nouvelle poussée inflationniste : le taux de rémunération du Livret A sera revalorisé au 1er août et porté à 4%. De quoi aiguiser encore un peu plus les appétits des grandes banques commercialisés qui pourront distribuer le placement préféré des Français dès le 1er janvier prochain.

Toutes les grandes économies mondiales sont touchées par ce regain d'inflation. Aux Etats-Unis, les prix ont progressé de 1,1% en juin, du jamais vu depuis vingt-six ans. Sur un an, la hausse se chiffre à 5%, au plus haut depuis 17 ans. Même constant dans la zone euro où l'inflation a atteint 4% sur un an. Un nouveau record depuis le lancement de la monnaie unique en 1999. En Allemagne, la hausse des prix s'établit à 3,3% sur un an, une première depuis quinze ans. Dans ce contexte de progression des prix, les tensions sociales pourraient se renforcer pour réclamer des hausses de salaires. Des "effets de second rang" que redoutent tant la Banque centrale européenne. Son président, Jean-Claude Trichet, s'est dit "préoccupé par les procédures d'indexation des salaires nominaux sur les prix à la consommation dans certains pays de la zone euro". Et de rassurer : "Nous sommes là pour dire aux ménages, aux entreprises et aux partenaires sociaux que nous maintiendrons la stabilité des prix moins de 2%, près de 2% à moyen terme".

LE FMI REVOIT SES PREVISIONS DE CROISSANCE LEGEREMENT À LA HAUSSE, LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS ABAISSE LES SIENNES

Le Fonds monétaire international a relevé jeudi 17 juillet ses prévisions de croissance mondiale pour 2008 et pour 2009. Alors que "le ralentissement du premier trimestre a été moins prononcé que ne le prévoyait l'édition d'avril 2008 des perspectives de l'économie mondiale," l'institution internationale table désormais sur une croissance mondiale de 4,1% cette année, contre une première estimation de 3,7%. Un fort recul par rapport aux 5% de croissance enregistrés en 2007. Car "la croissance de l'économie mondiale devrait accuser un net ralentissement au second semestre 2008, avant de se redresser peu à peu en 2009," poursuit le fonds, qui prévoit une croissance de 3,9% en 2009 (contre 3,8% en avril). "Subissant d'une part la forte contraction de la demande dans de nombreux pays avancés et d'autre part la montée généralisée de l'inflation, surtout dans les pays émergents et en développement, l'économie mondiale traverse une mauvaise passe", estime l'organisme présidé par Dominique Strauss-Kahn.

Le FMI a notamment revu à la hausse ses prévisions pour les Etats-Unis à 1,3% (+ 0,8 point). Le PIB de la zone euro devrait quant à lui progresser de 1,7% cette année (+0,3 point). Petite réévaluation pour la croissance française à 1,6% en 2008 (+0,2 point). Un niveau toujours inférieur aux prévisions d'un gouvernement français plus pessimiste qu'à son habitude. Christine Lagarde a en effet indiqué mardi que la croissance hexagonale devrait être "plus près de 1,7% que de 2%". "La situation sera certainement plus difficile à gérer cette année qu'elle ne l'a été l'année dernière (mais) nous tiendrons nos prévisions de croissance car nous avons introduit un certain nombre de réformes fondamentales (...) qui vont produire des effets dès l'année 2008", a ajouté la ministre de l'Economie.

LE PRIX DU BARIL DE PETROLE EN FORTE BAISSE

Un répit dans l'envolée des cours du pétrole. Après avoir touché un nouveau sommet vendredi dernier à 147,27 dollars, le baril d'or noir a fortement reculé cette semaine, repassant même temporairement sous la barre des 130 dollars sur le marché new yorkais. En trois jours, la prix du baril a perdu plus de 15 dollars, les marchés s'inquiétant de l'impact du ralentissement économique mondiale sur la demande. Le rebond inattendu des stocks américains de pétrole brut aux Etats-Unis a renforcé ces inquiétudes alors que les analystes tablaient au contraire sur un recul de ces stocks. La demande d'essence, toujours surveillée de près pendant l'été, a ainsi reculé de 2,1%. Autre explication: le changement de stratégie de l'administration Bush envers l'Iran, se traduisant à une reprise des contacts entre les deux pays. L'Iran, deuxième gros producteur au sein de l'Opep, avait menacé ces dernières semaines de fermer le détroit d'Ormuz, par où transitent environ 40% du pétrole mondial.

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