Mise en garde de Bruxelles contre le protectionnisme dans le secteur postal

La Commission européenne a mis en garde mardi contre le retour de pratiques protectionnistes cachées sur le marché postal européen, avec notamment un avertissement voilé à l'Allemagne.L'ouverture à la concurrence des services postaux dans l'UE doit être totale fin 2012, et même pour la majorité des pays dès fin 2010, ultime étape d'un processus de libéralisation amorcé depuis de longues années. Mais "dans le pire des cas, la période (de transition) est utilisée pour inventer des moyens créatifs pour bloquer l'entrée sur le marché", a dénoncé le commissaire au Marché intérieur Charlie McCreevy lors d'une conférence à Bruxelles."Introduire du protectionnisme par la porte de derrière n'est pas acceptable", a-t-il ajouté. "Nous observons attentivement ce qui se passe et nous n'hésiterons pas à utiliser tous les moyens à notre disposition" pour garantir la concurrence. M. McCreevy a jugé "particulièrement inacceptable que les Etats membres tentent de cacher le protectionnisme derrière des arguments justifiés par l'intérêt général" et dénoncé les pratiques de "l'un des marchés les plus importants de l'UE", sans l'identifier."Si tous les Etats membres imitaient cette approche, les marchés postaux deviendraient encore plus fermés au lieu de s'ouvrir. Je ne peux pas accepter cela", a-t-il averti.La commissaire à la Concurrence Neelie Kroes, qui intervenait lors de la même conférence, a été plus précise. "Il serait mal venu qu'un Etat membre abuse d'un système parfaitement justifié et raisonnable d'accords collectifs avec les syndicats, conçu pour améliorer les conditions de travail et de salaire, pour un but totalement différent, en vue de créer des barrières injustifiées à l'entrée sur le marché postal", a-t-elle dit lors de la même conférence.Une allusion à l'Allemagne, où un salaire minimum a été instauré en début d'année pour les postiers. Les concurrents de la Deutsche Post, qui payaient jusqu'ici leurs salariés à des niveaux inférieurs à ce salaire minimum, y ont vu un moyen de les écarter du marché.Lundi, une source européenne avait indiqué que la Commission avait en tout huit pays européens à l'oeil pour certaines "tentations protectionnistes".Outre l'Allemagne, M. McCreevy a signalé ses doutes par écrit en mars à la Belgique, aux Pays-Bas, à la Finlande, à l'Autriche, à la Slovaquie, à la République tchèque et à la Pologne, selon la même source. Tous ces pays sont "des cibles potentielles" pour action de la Commission, selon elle.En Autriche par exemple, seuls les facteurs de la poste nationale disposent des clés permettant d'accéder aux boîtes aux lettres privées dans les immeubles.Certains de ces pays obligent aussi les nouveaux entrants, au nom de l'intérêt général, à couvrir l'intégralité du territoire comme l'opérateur historique, ou à payer de lourdes indemnités.
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